
sur le trône. Tous les partis s’unirent pour le proclamer unique
successeur du feu roi, en dépit des prétentions d Obeyd dont
l’humeur sanguinaire excitait la crainte et la hame.
Télal possède toutes les qualités qui, en Arabie, assurent un
bon gouvernement et gagnent le coeur du peuple. Affable envers
les classes-pauvres, froid e t1 hautain avec l’aristocratie, courageux
et habile à la -guerre, protecteur du commerce en temps de
paix, libéral à Fextrême et cependant soigneux de maintenir et
d’augmenter Jes-revenus de l’État, gardant d’une manière impénétrable
le secret de ses desseins, mais ne manquant jamais à la
foi jurée, sévère à l’égard de l’administration, mais ayant horreur
de !Deffusion du sang, il offre le type le plus accompli du prince
arabe. J’ajouterai même que, parmi les monarques et les hommes
d'État avec lesquels je me suis trouvé en rapport, il en est peu
qui ¡puissent lui être comparés.
Son premier soin fut d’embellir la capitale et de civiliser le
pays.-Par ses ordres, le nouveau palais s’acheva rapidement; il
y ajouta, chose que son père aurait probablement négligée, une
longue rangée de magasins, puis il construisit un marché composé
de vingt-huit-boutiques ; et enfin-il fit bâtir une grande mosquée
pour les prières officielles du vendredi. Autour du palais et
dans plusieurs autres parties de la ville, il perça des*rues, creusa
des puits, créa de vastes jardins, sans parler-de*ses grands tra vaux
pour réparer les anciennes fortifications de la place ou en
créer de nouvelles. En même temps, il sut éloigner son onôle et
•s’assurer de sa fidélité en le mettant à la tête d’expéditions qui
donnent un utile emploi à son énergie surabondante. La première
de ces guerres fut dirigée, ¿je ne sais sous quel prétexte, contre
Rheybar. Mais comme Télal avait plutôt l’intention de réduire
le pays, à l’obéissance que de le ruiner, il adjoignit à Obeyd, afin
de mettre un frein !à -sa férocité, son propre frère Métaab.
Rheybar fut conquis,‘e t le roi du Djebel-Shomer y envoya, pour
gouverner en son nom, un jeune homme d Hayel, prudentetsym-
pathique, que je rencontrai plus tard, quand je visitai cetteville.
Beu-de temps -après, les habitants du Kasim, fatigués de la
tyrannie 'wahabite, tournèrent leurs regards vers Télal, qui
avait déjà donné un généreux asile aux nombreux exilés politiques
de Bereydah. Des négociations secrètes furent-entamées, et
quand le momentparut favorable, tout le hautKasim,d’après un
LES NEEOUD E T LE. DJEBEL SHOMER. '119
procédé.qui n’est ;pas à l’usage - exclusif de l’Arabie centrale,
■s’annexa de lui-même au Djebel-Shomer. Télal, du reste,prodigua
les. excuses-etles protestations. au-monarque.nedjéen, qu’il
dépossédait-.de cette riche province. «. Le- suffrage universel -des
habitants du Kasim s’était prononcé en sa faveur; après piètre
longtemps défendu,-il avait dû céder-à la volonté du peuple,.etc. »
Leroi des Wahabites comprit q u ’il ne pouvait,-sans imprudence,
rompre, avec le pouvoir déjà redoutable .dont il avait été le fondateur,
il accepta le fait accompli. Pendant oe.temps, Télal, qui
savait combien la. renommée militaire est .utile à un souverain,
marcha en personne contre la viHe deiTeyma; ses armes furent
partout victorieuses, .et sa modération; lui assura l’attachement
des vaincus eux-mêmes.
¡J’ai déjàiparlé de .la conquête du Djowf; dîautres .opérations
d’une .moindre importance, mais toujours couronnées de succès,
furent entreprises ,par l’habile souverain. Cas expéditions,- ordinairement
peu meurtrières,, étaient pour la plupart dirigées-centra
le s Bédouins, qui occupaient une-grande partie.des ¡États: de
Télal et dont ce prince avait surtout à coeur de réprimer les déprédations.
Il rencontra peu de résistance chez: les nomades ides
districts éloignés,:mais il eut beaucoupde peine ^so um ettre les
: Arabes du Shomer, ses -voisins.et ses alliés par le ¡sang.
; II. avait conçu le ;dessein‘d’enrichir Je pays en ,1e dotant, d’un
commerce libre et - régulier ; po u r, cela, il é ta it indispensable de
rendre les routes.sûres-.et defa-ire cesser le brigandage. La tribu
des .Djaafar,- fière.du rôle qu’elle avaitjoué sous le règne d’Ab-
dallah,-était devenue d’une-extrême insolence. Télal, rquin’avait
pas ,pour la ménager les mêmes raisons-que:son père, suivit
une politique ¡tout apposée à la sienne;-, il se-servit, pour dompter
ces Bédouins, des habitants des ¡villes, autrefois opprimés par
-eux, « t dès lors avides .de vengeance. Les querelles des dans
entre eux lui. fournissaient, au reste, de fréquentes oecasions.de
les opposer, les uns aux autres jusqu’à ce que,¡affaiblis:par,leurs
propres discordes, ils vinssent ;se ranger sous sa- domination.
« Diviser pour régner » est urne maxime connue des Hommes
d’État ren Arabie non , moins qu’en Europe. Aujourd’hui, .aucun
Bédouins n’oserait, dans font l’étendue des.-États de-Télal, attaquer
un, voyageur ;q u un. ¡paysan.
- Cettei tâche achevée, le roi m it-à exécution des projets, plus