
les qualités, quelles sont les facultés les plus actives chez un individu,
il ne peut plus être question de la masse ou du volume du cerveau
en général ; il faut savoir quelles sont les parties cérébrales qui,
dans cet individu, ont acquis le plus grand développement. Déjà,
sect. III du même volume, j’avois indiqué les différens résultats, selon
que diverses régions du cerveau sont plus favorablement développées
que les autres. J’ai montré également que le rétrécissement plus ou
moins général du cerveau, entraîne 1 engourdissement de toutes les
qualités et de toutes les facultés, l’idiotisme plus ou moins complet.
Un développement prépondérant des organes qui sont affectes aux
fonctions communes à l ’homme et à l’animal, soumet l’homme a
l’empire des qualités animales. Le libre arbitre est d’autant plus restreint,
que les facultés propres à l’homme sont moins actives. Les
penchans ne sont que très-foiblement contre-balancés. Si un homme
avec une pareille organisation, se distingue, c’est par des qualités
d’un ordre inférieur, par une sensualité brutale, par l’ambition , par
bamour des conquêtes, par l’instinct de la destruction, par la rage des
combats, etc., etc.
Mais peu d’hommes ont été destinés à jouer un grand rôle, soit
sous le rapport des qualités animales, soit sous le rapport des facultés
intellectuelles. Chez la plupart, les forces morales et intellectuelles
sont confinées dans une sphère d’activité assez étroite. Procréer,
donner les premiers soins aux enfans, gagner sa vie par un travail quelconque,
labourer la terre, pécher et chasser, obéir au plus fort, défendre
sa propriété et la patrie, se livrer aux jouissances grossières,
voilà les occupations du plus grand nombre, et qui exigent un très-
foible emploi des facultés caractéristiques de notre espèce. Aussi est-il
démontré, par l’observation la plus constante, que la région frontale
où nous avons vu le siège des facultés distinctives de l’homme, ne
surpasse que rarement un degré très-médiocre de développement. D’où
arriveroient à ces individus les pensées élevées, les vues profondes , les
attraits pour les arts et pour les sciences ? Les penchans et les sentimens
seuls sont vivement sentis, parce que, dordinaire, leurs organes sont
beaucoup plus volumineux que ceux des facultés intellectuelles. Ce
n’est point le raisonnement, ce sont les penchans et les sentimens qui
influent sur leurs jugemens, et qui déterminent leurs actions. Il est
aussi facile de les entraîner, qu’il est difficile de les convaincre. Le
développement trop foible des parties cérébrales antérieures-supérieures
les abandonnent aux faux jugemens, à la crédulité, aux préjugés et à
la superstition. Delà, une aveugle confiance dans le pouvoir imaginaire
des choses les plus frivoles, dans les talismans, les amulettes,
les gris-gris , les scapulaires, les songes , les oracles, les présages heureux
ou funestes attachés à des rencontres de certains objets présentés
par le hasard : delà la confiance dans les cris des oiseaux nocturnes,
dans le vol d’un corbeau, dans les entrailles d’un animal, dans les
augures de diseurs de bonne aventure, dans le pouvoir du sortilège et
de l’exorcisme ; etc., etc.
Et si de pareilles faiblesses sont plutôt l ’apanage du sexe, de fefnmes
d’ailleurs très-instruites et très-spirituelles, la raison en est, qu’ordi-
nairement les parties cérébrales antérieures-supérieures acquièrent un
développement beaucoup moindre chez les femmes que chez les
hommes; et que, par conséquent, elles se doutent à peine qu’il ne
peut y avoir aucun effet, aucun événement sans cause.
A proportion que les parties cérébrales placées à la région anté-
rieure-supérieure du front sont plus développées , les facultés caractéristiques
de l’esprit humain se prononcent davantage. L’homme s’élève
de plus en plus, non-seulement au-dessus de la brute, mais aussi au-
dessus de la foule de ses semblables.
Nous venons d’exposer les résultats du développement très-favorable,
mais isolé des diverses parties cérébrales de cette région. Ces
développemens partiels n’embrassent pas encore toute l ’étendue de
l’intelligence humaine. Les vues, quoique profondes, sont également
encore partielles; toujours encore , certains rapports des choses échappent
à ces génies intellectuels incomplets. Ce sont les Pythagore, les
Héraclite, les Anaxagore, les Pyrrhon, les Démocrite, les Porta, les
Spinosa , les Loke , les Malebranche, les Berkley, les Helvétius , etc. ;
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