
miniscence, la mémoire, la comparaison, le jugement, le raisonnement,
l’imagination, l’invention, le génie, ou comme des gradations des
degrés divers d’une même faculté, ou comme des manières d’être particulières
de cette même faculté, il demeure toujours certain, que toutes
les facultés fondamentales, démontrées comme telles dans les sections
I et II,sont douées ou peuvent être douées de la faculté perceptive, d’attention
, de souvenir, de mémoire, de j ugement, d’imagination, et que
ce sont ellespar conséquent qui doivent être reconnues comme facultés
intellectuelles et fondamentales , et que les prétendues facultés de
l’ame de mes prédécesseurs, ne sont que des attributs communs. Voilà
donc, pour les facultés intellectuelles, une philosophie toute nouvelle,
fondée sur l’histoire naturelle détaillée des divers modes de l’intelligence
humaine. Faisons la même opération pour les facultés ou plutôt
pour les qualités appétitives.
Des qualités morales, de la faculté appétitive, des
appétits, des penchans, des passions.
On regarde la faculté appétitive et ses sous-divisions comme des facultés
propres, tout comme on fait a 1 egard de la faculté intellectuelle
et de ses sous-divisions, et l’on a cru pouvoir chercher également des organes
pour elles. Mais comme on n’a jamais réussi à en découvrir, on
a conclu, de toutes ces recherches infructueuses, que les opérations
de l’ame sont beaucoup trop secrètes pour qu’il soit possible de suivre
leurs traces. La découverte de ces organes étoit en effet impossible;
car un désir, un penchant, une passion ne sont dans le fait que dif—
férens degrés d’activité d’une force fondamentale quelconque, soit
intellectuelle, soit appétitive. Le désir, le penchant, la passion supposent
donc une qualité ou une faculté fondamentale , et 1 on ne peut
avoir un désir, un penchant, une passion que pour un objet pour lequel
on est doué de la force primitive ou fondamentale.
Je m’explique : lorsqu'une personne est douée du sens des tons, du
sens de la poésie, du sens des constructions, du sens des localités, etc.,
à un foible degré seulement; elle n’aura pas un penchant bien prononcé
pour ces objets. Lorsqu’au contraire les organes de ces forces fondamentales
agissent avec plus d'énergie, la personne trouve du plaisir à
l ’exercice des fonctions qui y sont relatives; elle a du penchant pour
ces objets. Lorsque l ’action de ces organes est plus énergique encore,
la personne sent un besoin de s’occuper de ces objets; elle a le désir
de s’en occuper. Enfin, si l’action de ces organes est prépondérante,
elle est entraînée vers ces objets; elle y trouve son bonheur ; elle se sent
contrariée, malheureuse, lorsqu’elle ne peut passuivre son penchant, elle
a la passion de ces objets. C’est de cette manière que certains individus
ont la passion de la musique, de la poésie, de l’architecture, des
voyages, etc.
Comme dans chaque individu les forces fondamentales sont développées
dans des proportions différentes, une personne peut avoir
une violente passion pour certaines choses, par exemple, pour la musique,
et être très-indifférente pour d’autres, par exemple, pour les
mathématiques.
S’il existoit un organe des passions, ceux qui seroient doués de cet
organe devroient être également passionnés pour tous les objets.
La même chose devroit avoir lieu pour les désirs et les penchans, si
les désirs et les penchans étoient des facultés ou des appétits propres.
Il en est de même pour les facultés intellectuelles les plus relevées.
Les personnes chez lesquelles l’organe de la sagacité comparative est
très-actif, ont du goût, de la passion pourles comparaisons et pour les
apologues, Une grande activité de l’organe de la méthaphysique jette
le penseur dans le monde des idées, il ne voit la vérité, il ne trouve
du plaisir que dans les objets qui ne tombent point sous les sens, dans
la spéculation, dans l’abstraction ; c’est parla seule force de la pensée qu’il
veut deviner ou plutôt construire les lois du monde. Où est celui qui
n’ait été quelquefois victime d’un ami doué d’un esprit épigrammatique ?
Qui ne sait combien il en eût coûté à un Boileau, à un Piron pour
contenir l’essor de leur humeur caustique? Empêchez Bacon ou Leibnitz
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