
réflexion en réflexion, il ne seroit pas difficile d’arriver à la preuve , que
même le langage parlé est un produit du langage d’action. Celui-ci n’est
pas borné aux gestes. Il n’est pas moins naturel à l ’homme de produire
des sons, des cris, des exclamations dès qu’il est affecté vivement, que
de produire certains mouvemens des membres. Et c est dans cette source
que tout langage parlé a puisé ses premiers élémens.
On voit par tout ce que je viens de dire, combien 1 étude de la mimique,
du langage d’action, offre d’intérêt et d’avantage; et que, si
iamais il est question d’une langue universelle , elle ne sauroit être réalisée
que parla connoissance la plus détaillée de l’influence de l’homme
intérieur sur l ’homme extérieur.
C o n s i d é ra ti o ns p hi lo s op hi q ue s s u r les q u a l i t é s m o r a l e s e t les f a c u l t é s
INTELLECTUELLES DE L’HOMME.
Philosophie de Vhomme.
J’ai dit plusieurs fois, dans le courant de cet ouvrage, que mes devanciers
n’ont pas pu faire de découvertes sur les fonctions ni du cerveau
en général, ni d’aucune de ses parties en particulier, parce qu’ils
se laissoientguider par une fausse philosophie relativement aux qualités
et aux facultés de l’homme. Ce reproche ne s’applique pas seulement à là
doctrine de tel ou tel philosophe, il les atteint tous également. J’ai
promis de justifier l’inculpation que je leur fais et je l’ai déjà justifiée
sur plusieurs points. Maintenant que le lecteur s’est familiarisé avec les
véritables forces fondamentales, je le crois suffisamment préparé pour
me suivre pas à pas dans les considérations suivantes.
Je ne rapporterai pas les systèmes de mes devanciers pour les réfuter,
en les comparant avec le mien. Il est inutile de combattre contre les
ténèbres. 11 suffira de faire naître la lumière. Je vais rassembler ici les
idées qui se trouvent éparses dans cet ouvrage, et je ferai voir au
lecteur les conséquences qui en découlent nécessairement, et qu’il en
a peut être déjà tirées lui-même.
De la différence qui existe entrelesforces fondamentales
et leurs attributs généraux.
La dénomination, qualité ou facultéfondamentale, exprime ce que
les forces ont de propre, de particulier, ce qui constitue leur essence
, leur nature. La dénomination, attribut général, au contraire,
exprime ce qu’il y a de commun dans les qualités et les facultés fondamentales.
J’ai prouvé que toutes les qualités et toutes les facultés dont j ’ai traité,
et pour lesquelles j ’ai découvert les organes, sont des forces fondamentales
primitives. Or, aucun de mes devanciers n’a connu ces forces
qui seules sont les fonctions d’organes cérébraux particuliers. Aucun
n’a cherché un organe pour l’instinct de la propagation et de l’amour
de la progéniture, pour l’instinct carnassier, pour la bienveillance,
pour la musique, pour le calcul, etc., par conséquent aucun ne pouvoit
découvrir un organe quelconque. Us s’en sont tenus à ce qu’il y a de
commun dans les forces fondamentales, c’est-à-dire à des attributs généraux.
Ils cherchoientdes organes pour l’attention, la faculté aperceptive,
la mémoire, le jugement, l’imagination et la faculté appétitive; pour
l ’instinct, pourles affections,les passions.La raison et la volonté étoient
leurs forces pures de l’ame, indépendantes de toute condition organique.
Je vais prouver maintenant que l’attention, la mémoire, le jugement,
l’imagination, ne sont que des attributs communs aux qualités et aux
facultés fondamentales, etnullement les qualités ou les facultés fondamentales
elles-mêmes.
Pour mieux rattacher la philosophie de l’homme à l’histoire naturelle
en général, jetons d’abord un coup-d’ceil sur la nature, et examinons
le procédé que les naturalistes ont de tout temps observé pour l’étudier
dans ses détails.
Ils ont commencé par chercher, à connoître les attributs généraux de
tous les corps. Ils ont reconnu que l’étendue, l’impénétrabilité, la force