
ment, de semblables yeux à fleur de tête ne peuvent pas coïncider avec
une mémoire excellente.
En second lieu-, de telles personnes peuvent avoir perdu déjà la faculté
dont elles étoient originairement douées. Des excès de tout genre,
une contention d’esprit trop long-temps soutenue , des maladies graves
et de longue durée, des malheurs, des accouchemens très-fréquens ,
affoiblissent singulièrement la mémoire. Chez des sujets qui ont couru
ces chances, on ne peut déterminer que ce qui existoit autrefois et nullement
ce qui existe maintenant.
Lorsquetant étranger à l’organologie, on demande à certaines
personneswsi elles ont une bonne mémoire, on en recevra une réponse
qui pourra facilement induire en erreur. Je demandai à une
jeune personne à qui je vis des yeux très-sains, à fleur de tête: avez-
vous une bonne mémoire? Non, me dit-elle , je ne puis rien retenir du
tout. — Vous avez pourtant été à l’école? — Certainement;-'^ Et comment
faisiez-vous pour apprendre votre catéchisme? — En moins de
rien, je l’ai su d’un bout à l ’autre; aucune de mes camarades ne pou-
voil m’égaler à cet égard ; je vous le réciterais encore tout entier
et même à rebours. — Mais vous venez de me dire à l’instant même
que vous ne pouviez rien retenirit.ï^Eb ! mon Dieu, cela n’ést que
trop vrai : j’oublie toutes les commissions que me donne ma maîtresse.
Ceci m’expliqua l ’énigme. Le cas que cite M. Hufeland fut peut-être de
la même nature.
Il me reste aussi à examiner jusqu’à quel point les masses de graisse
placées derrière le bulbe, peuvent devenir des causes d’erreur. Un
homme de ma connoissance éprouvapendantlong-temps de violens maux
de tête. La céphalalgie affectant d’abord exclusivement le côté droit, l’oeil
droit se renfonça dans l’orbite; les douleurs ayant ehsuile gagné aussi le
côté gauche, l’oeil gauche éprouva le même changement. Jen’oserois décider
si ce renfoncement des yeux a été occasionné parla seule absorption
de la graisse placée derrière le bulbe, ou s’il y a eu diminution de la masse
cérébrale située derrière les yeux. On sait que par un amaigrissement
de tout le corps les yeux se renfoncent également, et que par de fortes
congestions du sang à la tête ils paroissent plus à fleur de tête : mais
ce sont là des circonstances qui ne pourront pas induire en erreur un
médecin.
Il seroit possible que les dimensions plus ou moins considérables du
bulbe lui-même entrassent ici en ligne de compte; mais il ne faut pas
oublier que les dimensions du bulbe sont en proportion avec celles de
1 orbite , et que la forme et la grandeur de 1 orbite sont déterminées en
grande partie paT le cerveau.
J ai dit que la masse cérébrale affectée au sens des mots pouvoit agir
dans tous les sens. Je desirerois connoitre des cas plus précis, pour être
à meme de déterminer dans quelle circonstance le développement
considérable de ces parties cérébrales a agi dans une direction ou dans
une autre. Le diamètre plus grand ou plus petit de la tête d’une têmpe
à l’autre, doit nécessairement servir d’un grand indice. Un grand diamètre,
dans ce sens, est toujours d un augure favorable pour la mémoire
des mots. Aussi les yeux sont-ils tantôt plus, tantôt moins distans;
de façon que la racine du nez est tantôt plus large, tantôt plus
étroite ; ce qui indique également qu'il existe dans cette région une
masse cérébrale plus ou moins considérable. J’ai vu des personnes
qui avec une conformation ordinaire des yeux, apprenoient cependant
par coeur avec une grande facilité. Mais dans ces Cas, le
diamètre dune tempe à l ’autre est ordinairement très - considérable
; et quelquefois meme la partie inferieure des tempes est
bombée; ce qui atteste un grand développement des parties cérébrales
adjacentes.
On me parle souvent d’yeux creux, là où je vois de grands yeux à
fleur de tête. Ceci se rencontre lorsque la partie inférieure du front est
très-saillante; une telle saillie faitparoître les yeux enfoncés, quoiqu’ils
soient placés dans des orbites qui n’ont pas une grande profondeur
dans le crâne. Un front qui avance dans sa partie inférieure, indique
un grand prolongement de la partie cérébrale placée sur le plancher
orbitaire. Les yeux dont j’entends parler, sont bien fendus, bien
ouverts; et le bulbe avance en demi-sphère hors de la partie infé