
amours. Le rouge-gorge, le roitelet, le serin et le chardonneret, au
contraire, chantent pendant tout l’hiver. Tous les physiologistes, au
reste , connoissent le rapport qui exisLe entre le gosier et les parties
sexuelles aussi bien chez les animaux que dans l’homme.
Willis déduisoit l’aptitude à la musique de la mollesse du cervelet.
Mais il n’a pu appuyer cette opinion, ni par des faits, ni par le raisonnement.
Il ne reste donc pas d’autre parti à prendre que d'admettre qu’il
existe aussi dans le cerveau un organe particulier pour la musique.
Historique de la découverte de cet organe.
On me fit voir une jeune demoiselle (nommée Bianchi) âgée d’à-
peu près cinq ans, et l’on demanda que je décidasse quel étoit le talent
le plus distingué de cet enfant. Je ne découvris rien en elle qui indiquât
une mémoire extraordinaire , et l ’idée ne s’éloit pas présentée encore à
mon esprit que l’on pût reconnoître le talent pour la musique par la
conformation de la tête, et même je ne connoissois pas encore à cette
époque les differentes espèces de mémoire; mes amis, cependant, sou-
tenoient que la jeune Bianchi avoit une mémoire extraordinaire pour
la mu-ique, et ils en inférèrent que les idées que je professois,relativement
aux signes extérieurs de la mémoire, étoient fausses. Cette enfant
r épétoit tout ce qu’elle avoit entendu chanter ou exécuter sur le piano j
elle retenoitpar coeur des concertos entiers qu’elle avoit entendu tout
au plus deux fois. Je m’informai si cette jeune fille apprenoit tout indistinctement
par coeur avec la même facilité. Ses parens m’assurèrent
qu’elle n’étoit douée de celte mémoire étonnante que pour la musique.
Que pouvois-je conclure de cette déclaration? Qu’il existe une différence
bien marquée, entre la mémoire pour la musique, et les autres
espèces de mémoire que je connoissois à cette époque; et que
chaque espèce de mémoire doit avoir son organe distinct.
Depuis ce moment, je me livrai à des recherches plus suivies surles
différentes espèces de mémoire. En très peu de temps, j’eus connois-
sance d’un nombre considérable de personnes qui avoient unemémoire
excellentepour certains objets, et une mémoire très-foible pour d’autres.
Ces observations me firent augmenter le nombre de mes dénominations
pour la mémoire, et j’admis une mémoire particulière des tons.
En m’occupant de ces recherches;, je ne manquai pas de m’apercevoir
que les individus doues d une excellente mémoire des tons étoient ordinairement
bons musiciens et quelquefois créateurs dans cet art. Cette
observation me fit conclure que la dénomination mémoire des tons étoit
trop restreinte , quelle n’exprime pas tout ce qui constitue le talent du
musicien, que la sphère de ce talent s’étend bien au-delà de la mémoire,
quelle comprend tout ce qui a trait aux rapports des tons. J’adoptai
donc 1 expression sens des rapports des tons, expression qui rattache la
manière dontl intellect du musicien met en oeuvre les rapports des tons
à la manière d’agir des sens en général.
Je tenois beaucoup a m assurer que le talent pour la musique n’est
point dépendant de la somme des facultés intellectuelles en gépéral ;
mais qu il tient à une faculté fondamentale propre, et qu’il a par conséquent
un organe particulier. Je dus donc réfléchir aux moyens de découvrir
cet organe : car ce n’est que lorsque le siège d’un organe est déterminé,
de manière à ne plus laisser aucun doute, que je puis me croire
à l’abri de tous les raisonnemens spécieux par lesquels on voudroit
combattre son existence.
Je m’appliquai à observer les têtes des musiciens. Le hasard voulut
que j’en rencontrasse plusieurs chez lesquels la partie supérieure latérale
du front étoit très-étroite , et la partie temporale au contraire très-
large ; d’où il résul toit que leur front formoit un segmen t de cône tronqué.
A. cette époque, je n’étois pas assez avancé dans mes observations pour
chercher la marque extérieure de chaque faculté particulière dans une
région déterminée de la tête. Je crus donc, pendant quelque temps.,
qu’un front en forme de segment de cône tronqué étoit le signe extérieur
du talent musical.
Mais bientôt j’eus occasion de voir de grands musiciens, Bethofen,
Mozart fils, Rreibig, etc. , etc., qui avoient la partie supérieure du
front large et bombée, ce qui dut me faire renoncer à regarder un front
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