des pinsons, des verdiers, des fauvettes à tête noire , des merles, etc,,
qu’on ne rencontre que très-rarement dans les lieux où ils ont des persécutions
à craindre. Ce n’est que l’expérience*d’une parfaite sécurité qui
ait pu leur inspirer cette confiance. Même plusieurs espèces d oiseaux
de proie, que la nature à le plus éloignées delà contrainte, acquièrent
en fort peu de temps une docilité qui étonné. On les voit au plqs haut
des airs écouter la voix du chasseur, se laisser guider par ses mouve-
mens, lorsqu’une expérience répétée leur a appris que la docilité les
conduit sûrement à-la proie.
Si les animaux obéissoient aux lois d’une aveugle nécessité, s’ils
étoient privés de toute perfectibilité, leurs ouvrages offriroient une
uniformité absolue; ils travailleroient toujours de la même manière;
toujours ils commenceroient comme ils ont toujours commence, et ils
finiroient toujours de même. Mais les abeilles adaptent la foime de
leurs rayons à celle de l ’espace dans lequel elles travaillent. On peut
les déterminer à construire des cellules royales, ou à détruire celles qui
sont déjà prêtes. Lorsqu’on fait un trou à la toile d une araignée, elle
refait la partie déchirée. Plus d’une fois j ai fait plusieurs trous au nid
de la penduline, suspendu à une branche mince ; jamais elle n a manqué
de le réparer dans tous les endroits où il a ete entame. Ce n est
qu’après ce travail que ce petit oiseau a continué de bâtir son nid.
Leux hirondelles venoient nicher tous les ans dans la maison de mon
ami Streicher à Vienne. Pendant leur absence, on posa une sonnette
dont le fil passoit précisément dans l ’endroit où étoit leur nid ; à leur
retour au printemps, elles firent leur nid à la place accoutumée; mais
elles eurent soiu de ménager une ouverture pour le fil, pratiquée de
manière qu’il pouvoit jouer librement sans toucher à leurs oeufs ou à
leurs petits.On ne peutpas observer, avec quelque attention etquelque
suite, les nids des oiseaux sans s’apercevoir que ceux des jeunes sont
la plupart mal façonnés et mal placés ; souvent meme les jeunes
femelles pondent partout sans avoir rien prévu. Les défauts de ces
premiers ouvrages sont rectifiés dans la suite, lorsque ces animaux ont
été instruits par le sentiment des incommodités qu’ils ont éprouvées.
Nous voyons donc clairement que l’expérience instruit les bêtes ; que
leurs actions se modifient en raison des diflérentes épreuves qu’elles ont
été dans le cas de subir; nous voyons que, relativement à leurs besoins,
aux circonstances qui les environnent, aux dangers qu’ellës ont à éviter,
elles agissent comme les êtres les plus intelligens doivent agir. Ce qu’il
y a de volontaire dans les actions de certains animaux a tellement frappé
plusieurs naturalistes , qu’ils ont cru pouvoir nier toute disposition
innée, et qu’ils ont imaginé à tort que tout ce que font les bêtes n’est
qu’un résultat de leur expérience et de l’instruction reçue de leurs semblables.
La mémoire des choses, l ’éducabilité ou la perfectibilité des
animaux ne,peut donc plus être révoquée en doute.
Il est également constant que les animaux sont susceptibles d’un
degré de perfectibilité différent, selon que l’espèce , l’individu et lâge
sont différens. Le chien est plus remarquable par sa docilité que le loup
et le chat; le cheval est plus docile que le boeuf; le lion l’est plus que
le tigre; la loutre, les phoques, le renard, reçoivent une instruction
dont le blaireau et le lièvre sont incapables. Certaines espèces de singes
se prêtent avec une souplesse admirable aux caprices de leurs maîtres ,
tandis que d’autres espèces repoussent l’ombre deducation avec la plus
sauvage indocilité. Qui n’a pas admiré l’éducabilité presque humaine
de l’éléphant? Le perroquet gris, ordinaire, apprend avec beaucoup
de facilité, tandis que la plupart des autres espèces de perroquets lassent
la patience de leurs instituteurs.
Les diverses espèces d’oiseaux de proie ne sont pas douées non plus
d’une égale docilité. Les vautours sont stupides en comparaison des
faucons. Et parmi eeux-ci, le faucon ordinaire (falco commuais) , le
faucon d’Islande (falco islandicus), le gerfault (falco candicans) , l’éme-
rillon (falco oesalon), la cresserelle (falco tinnunculus, falco gyrfalco,
falcolanarius), l’autour ordinaire (falcopalumbarius) l’épervier, ^falco
nisus ) se laissent sans peine dresser à la chasse. Le falco lithofalco et le
falco sacer, au contraire, comme plusieurs autres espèces, sont complètement
indociles. Les Tartares de la Sibérie savent si bien instruire