
* en segment de cône tronqué, comme le signe caractéristique du talent
de la musique. 11 ne m’étoit pas difficile, à Vienne, dobserver un
grand nombre de musiciens, parmi lesquels il s’en trouvoit quelques-
uns du premier mérite. Je moulai la tête de plusieurs d’entre eux,
pour pouvoir faire plus facilement des comparaisons. Je réussis enfin à
découvrir une région dans laquelle tous les musiciens doués d'un génie
créateur, ont une proéminence bombée, produite par la masse cérébrale
subjacente.
Pour constater d’autant mieux ma découverte , je m’appliquai à en
faire la contre-épreuve. J’observai des enfans et des adultes qui n’avoient
aucune disposition pour la musique, dont quelques-uns même lais-
soient apercevoir de l’antipathie pour cet art. Chez tous ces individus,
je trouvai la même région du cerveau absolument plane. Enfin, je me
procurai des crânes de grands musiciens , et leur examen acheva de me
convaincre que ma découverte relative au sens des rapports des tons
étoit parfaitement exacte. Rien alors ne m’empêcha plus de professer
publiquement cette vérité. Je vais exposer à mes lecteurs l’histoire naturelle
du sens des rapports des tons, tant chez les animaux que dans
l ’homme; après quoi, j’exposerai en détail les preuves de l’existence de
cette faculté fondamentale et de sou organe.
Histoire naturelle du sens des rapports des tons chez
l ’homme.
Les forces innées de l’homme se sont manifestées dans tous les temps;
aussi le chant a-t-il été dans tous les temps l ’un des amusemens favoris
de notre espèce- La musiique et le chant ne sont pas des inventions de
l ’homme; le créateur les lui a révélés à l’aide d’une organisation particulière.
Par le moyen de son organisation, l ’homme est mis en rapport avec
les lois des vibrations des corps, de même que le pe intre 1 est avec les lois
des couleurs.il existe hors de nous certaines lois, suivant lesquelles les vibrations
sonores naissent et se propagent. Les expériences de M. Chladni
ont rendu sensibles aux yeux quelques-unes des lois de ces vibrations. Si
l ’on couvre de sable fin un disque de verre ou de métal, que l’on soutient
dans tel de ses points, et qu’on le fasse frémira l’aide d’un coup
d’archet appliqué à tel ou tel autre de ses points; l’on pourra annoncer
d’avance que le sable se rangeant d’une manière prévue, formera
telle figure déterminée ou telle autre. La vibration des molécules du
disque donne naissance à telle figure régulière, ou à telle autre, suivant
que le point auquel l ’on applique le coup d’archet et celui que l’on
soutient varient. Le lecteur pourra voir les expériences ultérieures, à
l’aide desquelles ce physicien démontre les lois des vibrations des corps
dans le traité d’acoustique qu’il a publié. C’est sur ces lois des vibrations
que se fondent les tons qui sont eux-mêmes subordonnés et coordonnés
entre eux d’après des lois fixes. Supposé que l ’homme dût être
sensible à la musique, il falloit qu’il fût doué d’une organisation en
vertu de laquelle il se trouvât en rapport avec toutes ses lois, qu’il
possédât un organe qui fût empreint de ces lois, qui en renfermât en
quelque façon le type. Là où cet organe manque , il n’y a pas de point
de contact entre l’animal et les tons. Toutes les fois que cet organe
existe, l’animal et l’homme sont agréablement affectés par la mélodie et
par l’harmonie, et désagréablement par la discordance des tons. Lorsque
cet organe a acquis une certaine perfection, l'animal ou l’homme, non-
seulement perçoit et juge bien les rapports des tons, mais il crée encore
dans son intérieur des rapports et des suites de tons qui plaisent d’autant
plus généralement, qu’ils sont plus conformes aux lois extérieures
desvibrations , et à l’organisation des autres individus.
Les observations qui suivent convaincront le lecteur que le sens des
tons est une faculté propre et indépendante, et que par conséquent il
suppose un organe particulier.
Il y a de fréquens exemples que cette faculté a exist^ dans un haut
degré d’activité et de perfection dès l’âge le plus tendre. A peine Haendel
eût-il commencé à parler, qu’il essaya de composer de la musique; son
père éloigna delà maison tous les instrumens, mais il trouva bientôt
moyen de s’exercer; à 1 âge de dix ans, il composa uue suite de sonates