
l’éxbortoient à traiter avec rigueur quelques places de la ligue : « La
satisfaction qu’on tire de la vengeance ne dure quun moment 5 mais
celle qu’on tire de la clcmence est éternelle » î Le modeste et genereux
Turenne, lorsqu'ils contenta de chasser de son armée un scélérat qui
avoit passé dans son camp avec le dessein de l ’empoisonner, peut-il etre
accusé de foiblesse? L ’élite des grands hommes se lève en masse pour
réfuter ce paradoxe inventé et approuve par le méprisable geme de la
vengeance.
Mettons enfin la bienveillance sur le trône : bientôt ce ne sera plus
que la stricte nécessité qui dictera les impôts ; les villes et les villages
affligés par des calamités seront consolés; le patrimoine du prince sera
consommé en oeuvres de bienfaisance, comme s il avoit renonce au droit
de propriété ; les actes de rigueur seront réservés pour le scélérat incorrigible;
l ’amour et le bonheur du peuple seront le but principal du
gouvernement ; les délateurs seront méprisés et bannis ; les conspirations
étouffées dans leur naissance, avant quelles n’aient eu le temps d’entraîner
desimprudens a leur perte; la guerre, presque toujours un fléau
public, sera évitée, et la vie d’un bon citoyen sera préférée à lamort de
mille ennemis; l ’homme n’étant à rien si fortement attaché qu’au culte,
que dès la mamelle on lui a dit être le plus agréable à son Créateur, il
y aura non-seulement tolérance, mais entière liberté des consciences.
La crédulité, la superstition, l’erreur, l ’imposture, le charlatanisme,
l ’esclavage, la chicane, la déprédation des biens des orphelins et des
pupilles seront les seuls objets de réforme et de persécutions. Pour ralentir
les passions brutales, et pour disposer le peuple à des jouissances
honnêtes, l’instruction morale, religieuse et civile sera commandée à
toutes les classes; le malfaiteur même sera jugé digne de la compassion.
Partout on verra se multiplier les institutions de bienfaisance ; les hospices
pour les malades, pour les aliénés, pour les sourds-muets, les
aveugles , les incurables, les vieillards, les invalides, etc. Les frères et
les soeurs de miséricorde auront les premiers titres à l’estime publique.
On verra se former les asiles pour les femmes enceintes, pour
les enfans trouvés, pour les orphelins. Partout les écoles, les académies ,
les universités,les musées, les bibliothèques, feront fleurir les arts, les
sciences, etc.; capables d’augmenter le bonheur, et d’annoblir les jouissances
des hommes.
Voilà les résultats précieux de la bonté, de la bienveillance, de la
sensibilité. Qui osera encore douter que cette belle qualité ne soit une
qualité inhérente à la nature humaine. Dès-lors, n’ai-je pas raison, lorsque,
à l’exemple de Marc-Aurèle, je lui bâtis un temple dans l’organisation
la plus parfaite qui existe sur la terre ? Mais, est-elle la qualité
primitive fondamentale? La bienveillance, telle que je viens de la
peindre jusqu’ici, n’est elle pas plutôt l’action énergique d’une autre
qualité, qui seroit la destination primitive et à la laquelle l’organe,
dans un développement ordinaire, seroit affecté comme cela a lieu poutf
la propre défense, pour l ’instinct carnassier, et pour le sens de propriété?
Sens moral, sentiment du juste et de l ’injuste.
Le lecteur se souviendra que je n’ai pu déterminer les organes, que
dans leur développement extraordinaire, lequel a pour résultat une
disposition très-énergique. Cette disposition, quand elle devient active,
revêt quelquefois un caractère, en apparence, tout à-fait différent de
sa manifestation ordinaire. Le penchant au libertinage résulte d’une
activité démesurée de l’organe de la propagation; une activité trop
grande du sentiment de propriété entraîne le penchant au vol.
Il en est de même de la bienveillance. Les individus qui s’étoient
fait remarquer par une bonté, une bienveillance particulière, offrirent
aussi un très-grand développement de la partie cérébrale indiquée dans
l’historique. Par conséquent, la bonté, la bienveillance, la sensibilité
ne sont point la destination primitive ou la fonction ordinaire de cet
organe, mais la manifestation de sa fonction exaltée. La bienveillance
est donc quelque chose de plus que la fonction primitive de l ’organe
dont elle émane? Quelle est cette fonction primitive?.
Les observations positives étant trop difficiles à faire sur la destina