
qui ne soit doué en même temps de l’organe du sens des rapports des
tons et de celui du calcul.
D’ordinaire, cet organe est moins développé chez les femmes que
chez les hommes. Cependant, il existe des exemples de femmes qui
avoient une grande facilité pour le calcul, et qui se sont distinguées
dans les mathématiques. Les Nègres ont rarement des dispositions-lrès-
fortes pour le calcul et pour les mathématiques; aussi leurs têtes sont-
elles presque toujours étroites, comprimées dans la région de l’organe
du calcul. M.le docteur Spurzheim croit que l’organe des nombres est
assez généralement développé chez les Anglois. Ce développement est-
il une suite d’un exercice habituel, ou bien le goût pour les spéculations
commerciales tient-il au développement de cet organe ?
11 existe à Paris un homme , dont l’intelligence, il est vrai, est en
général assez bornée, mais qui se trouve tellement dépourvu de la
faculté de combiner les nombres, qu’il a toujours été impossible de lui
faire comprendre que 2 et 2 font 4 , que 2 et 1 font 3. J’ai fait mouler
le crâne de cet bomme qui est remarquable par le développement
presque nul de l’organe du sens des nombres.
Les animaux sont-ils doués du sens des nombres.
Je ne déciderai pas si les animaux comptent; s’ils ont une idée déterminée
des nombres.
« Les bêtes comptent, cela est certain, dit Leroy; et quoique jusqua
présent leur arithmétique paroisse assez bornée, peut-être pourroit-on
lui donner plus d’étendue. Dans les pays où l ’on conserve avec soin
le gibier, on fait la guerre aux pies, parce qu’elles enlèvent les oeufs
et détruisent l’espérance de la ponte. On remarque donc assiduement
les nids de ces oiseaux destructeurs; et, pour anéantir d'un coup la
famille carnassière, on tâche de tuer la mère pendant quelle couve.
Entre ces mères, il en est d’inquiètes, qui désertent leur nid dès qu’on
approche. Alors, on est contraint de faire un affût bien couvert au pied
de 1 arbre sur lequel est le nid, et un homme se place dans l’affût pour
attendre le retour de la couveuse ; mais il attend en vain , si la pie qu’il
veut surprendre a été quelquefois manquée en pareil cas. Elle sait que
la foudre va sortir de cet antre où elle a vu entrer un homme. Pendant
que la tendresse maternelle lui tient la vue attachée sur son nid la
frayeur l’en éloigne , jusqu’à ce que la nuit puisse la dérober au chasseur.
Pour tromper cet oiseau inquiet, on s’est avisé d’envoyer à l ’affût
deux hommes, dont 1 un s y plaçoit et l’autre paroissoit; mais la pie
compte et se tient toujours éloignée. Le lendemain, trois y vont, et
elle voit encore que deux seulement se retirent. Enfin, il est nécessaire
que cinq ou six hommes, en allant à l’afTût, mettent son calcul en défaut.
La pie, qui croit que cette collection d’hommes n’a fait que passer
ne tarde pas à revenir. Ce phénomène, renouvelé toutes les fois qu’il
est tenté, doit être mis au rang des phénomènes les plus ordinaires de
la sagacité des animaux ' ».
Dupont de Nemours assure même que la pie compte jusqu a neuf.
L ’on croit que la poule compte ses oeufs et la chienne ses petits. Il
est certain que la chienne s’aperçoit lorsqu’on lui a enlevé l’un de ses
petits. Mais je ne crois pas que pour cela elle ait absolument besoin de
les compter. Lorsque nous nous trouvons dans une société peu nombreuse,
et que quelqu’un s’est retiré, nous nous apercevons de son
absence sans que nous ayons compté le nombre des personnes- la
chienne pourroit de même s’apercevoir de l’absence de l’un denses
petits par la seule raison quelle connoît chacun d’eux individuellement.
Sur le sens du temps.
Il est des personnes qui ont une grande facilité pour retenir toutes
les époques. Elles savent le jour de toutes les naissances, de tous les
mariages, de tous les décès, l’époque de tous les événemens,même les
’ Lettres philosophiques sur l’intelligence et la perfectibilité des animaux. ( Edi-
lion de 1802 ). Page 149 et i 5o.