
que le clieval est vicieux, mal sûr, et disposé à mordre et à ruer,
PL LX IV , fi“, i. Les chevaux doux, dociles, bons, au contraire, ont
cette région aussi élevée que les yeux, ou même bombée, fig. 2. J’ai fait
des milliers d’observations à ce sujet, et jamais je n’ai trouvé d’exception.
Les maquignons ont une autre marque à laquelle ils distinguent le
caractère du cheval. Un cheval doux et docile se pose plein de confiance
, quelque vif qu’il soit d’ailleurs, les pieds de devant placés perpendiculairement,
et l’ceil dirigé de manière que l’on ne voit pas le
blanc du bulbe. Un cheval méchant, au contraire, prend une pose qui
dénote de la méfiance ; il place ses pieds de devant un peu obliquement
en avant; lorsque sa conformation le permet, il tient la tête levée et un
peu retirée en arrière; la direction de ses yeux est constamment telle,
qu’une partie du blanc est visible. Ces signes sont justes, mais ils
ne sont pas la cause organique du caractère bon ou méchant de 1 animal
; ils ne constituent que sa mimique.
Je priai M. le colonel Henry, directeur des écuries de l’Ecole militaire,
de meprocurer deux têtes; l'une d’un cheval éminemment docile
et bon l’autre d’un cheval éminemment indocile et méchant. La complaisance
de M. le colonel trouva bientôt l’occasion de satisfaire mon
désir. Ni M. Henry, ni l’artiste vétérinaire en second, ne virent une
différence bien marquée entre ces deux têtes ; cependant elles me servent,
dans mes leçons, à démontrer le caractère des deux organisations
opposées. Dans celle du cheval docile , la région indiquée est voûtée
de près d’un pouce plus haut que dans celle du cheval méchant.
Un conducteur de cabriolet de Neuilly acheta à vil prix un cheval
dont personne ne pouvoit se servir à cause de son extrême méchanceté ;
mais c’étoitun excellent coureur. Dès la première semaine, il emporta
à son conducteur, en le mordant, deux doigts et une oreille. Cet homme
espéra de le corriger en le frappant à coups redoublés, mais les chàti-
mens ne firent que le rendre plus méchant encore; il résolut donc de
le traiter avec douceur; ce moyen réussit jusqu à un certain point. La
Tégion indiquée est très-déprimée chez- ce cheval, et l’on trouvera la
même conformation chez tous ceux à qui l’on est obligé de faire porter
des muselières, pour les empêcher de mordre.
Si au caractère que je viens de décrire, se joignent encore des
oreilles très-rapprochées; les chevaux sont à la fois peureux et médians,
PI. LX IV , fig. 1 ; ce sont ceux contre lesquels il faut surtout se tenir en
garde, ceux qui sont peureux mais bons, nous exposent à moins de
dangers.
L ’excellente princesse de Schwarzenberg, qui trouva une mort si tragique
à Paris, me mena un jour dans ses écuries, à Vienne, et me pria
de lui indiquer, d’après mes découvertes organologiques, lequel des
trente chevaux qui s’y trouvoient, étoit le plus doux. Celui que j’indiquai
se trouva être le cheval de selle de la princesse elle-même : on le
réservoit à ce service à cause de son extrême douceur.
A Berlin , M. Spurzheim et moi nous distinguâmes, entre quarante
vaches qui se trouvoient dans les étables du ministre d’état, M. de
Beyme , la plus méchante de toutes.
M. le marquis de Boisgelin me fit cadeau de la tête d’un loup privé,
qui, dès sa plus tendre.jeunesse, s’étoit distingué par sa douceur. Encore
au moment où on le mit aux abois, en le relançant avec la meute il
lécha la main de son maître, comme pour implorer sa pitié. Sa tête est
beaucoup plus bombée dans la région ci-dessus décrite, que ne l’est
d’ordinaire la tête du loup.
Les têtes des deux chiens dont j ’ai parlé se distinguent par le même
caractère que les têtes des deux chevaux dont j’ai également fait mention.
L’une est bombée dans la partie antérieure ; dans l ’autre, il y a
au contraire une gouttière dans la même région. On peut distinguer à ce
signe, d’une manière infaillible, un chien hargneux d’avec un chien
doux et carressant. Les chiens méchans, surtout lorsqu’ils ont plus d’un
an, offrent toujours un enfoncement allongé dans le milieu de la partie
antérieure-supérieure de la tête, qui du reste est plate, PI. LX X .
fig. 4- Les chiens bons, au contraire, ont cette région bombée, et la
partie antérieure-supérieure de leur tête surtout est bien plus ronde,
fig. 3.