
enfin, il étoit indispensable de distinguer les qualite's et les facultés
fondamentales, primitives, d avec leurs attributs généraux.
Dès-lors, jepouvois introduire mes lecteurs dans le sanctuaire de
l ’ame et du cerveau, et donner, de chaque force primitive morale
ou intellectuelle, l’historique de la découverte, l’histoire naturelle
dans l’état de santé, ainsi que dans l’état de maladie, et des observations
nombreuses à l’appui du siège de son organe.
Un examen des formes de têtes de diverses nations, une démonstration
delà nullité de la physiognomonie, une théorie du langage d’action
ou de la pathognomique, ajoutent un nouveau poids aux vérités
précédentes.
Le développement détaillé delà physiologie du cerveau a dévoilé
les défectuosités des hypothèses des philosophes sur les forces morales
et intellectuelles de l’homme , et a fait éclore spontanément
une philosophie de l'homme , fondée sur son organisation, par conséquent
la seule en harmonie avec la nature.
En dernier lieu, j’ai discuté quatre propositions également intéressantes
pour l’histoire et pour la philosophie, concernant les motifs
de nos actions, l’origine des arts et des sciences, la perfectibilité de
l’espèce humaine et l’étendue du monde de chaque être vivant, et
j’ai fait voir que la solution de toutes ces questions, restées jusqu’à
présent problématiques, découle immédiatement de la physiologie du
cerveau.
Plusieurs personnes, même très-instruites, mais ne connoissant l’organologie
que par ouï-dire, me demandent avec une naïveté singulièrement
confiante, si je crois moi-même de bonne foi à ma doctrine.
On a l’air de supposer que je dois être le premier convaincu
de sa fausseté, mais que je voulois ou jouir de la réputation de fondateur
d’un système ingénieux, ou soutenir des opinions émises d’abord
avec précipitation.
Si j’étois homme à me repaître de fumée , il y a plus de vingt ans
que j ’aurois cédé à la démangeaispn de publier les premiers aperçus
d’une physiologie du cerveau. Je suis plus glorieux de la découverte
de la plus mince vérité que de l’invention du plus brillant système.
Toute la physiologie du cerveau est fondée sur des observations
des expériences , des recherches mille et mille fois repétées sur l ’homme
et sur les animaux. Le raisonnement n’a fait que saisir les résultats et
fixer les principes qui découlent des faits. C’est pour cette raison que les
nombreuses propositions, quoique si souvent subversives des propositions
reçues, ne sont nulle part opposées entre elles. Tout s’accorde,
tout s’enchaîne, tout s’éclaircit, tout se confirme réciproquement;
l ’explication des phénomènes les plus abstrus de la vie morale et intellectuelle
de l ’homme et des animaux n’est plus un jeu de suppositions
gratuites; les causesles plus cachées delà différence du caractère
des espèces, des nations, des sexes, des âges, depuis la naissan ce jusqu’à
la décrépitude , sont mises en évidence ; les aliénations des fonctions de
lame ne sont plus subordonnées à un spiritualisme que rien ne sauroit
atteindre; l’homme enfin, cet être inextricable est connu ; l ’organologie
compose et décompose ses penchans et ses talens de fragment en fragment;
elle a fixé nos idées sur sa destination et sur la sphère de son
activité ; elle est devenue une source féconde d’applications des plus
importantes à la médecine, à la philosophie, à la jurisprudence, à la
morale, à l’éducation , à l’histoire, etc.; certes, ce sont autant de garanties
de la vérité de la physiologie du cerveau , autant 3e titres de
reconnoissance envers celui qui me l’a fait connoître !
FIN DU QUATRIÈME ET DERNIER VOLUME.