conséquence?Le chien, en vertu de son imagination, reve qu il est à la
chasse, ou qu’il s’est égaré, et qu’il parcourt toutes les rues de la ville,
cherchant la maison de son maître. Mais croyez-vous qu’il rêve mécaniques,
tableaux, calculs, architectures , combinaisons d’idées philosophiques?
Le jugement et l’imagination ne sont donc pas non plus
des forces fondamentales, ce ne sont que des attributs communs à toutes
les facultés fondamentales. 11 ne faut donc pas s etonner si c est en vain
que l’on a cherché leurs organes?
Je ne conçois pas comment il a pu venir dans l'espritde certains philosophes
de soutenir que l ’attention est la source de toutes nos facultés
et de tousnos penchans. J’accorde pour un moment, qu’il y ait attention
dans tout ce que font l’animal et l’homme. Cette attention proviendra
bien d’une force fondamentale, mais jamais elle ne pourra être
elle-même la source d’aucune force fondamentale quelconque. Telle
personne, incomplètement imbécile, donne l’attention la plus soutenue
à tout ce qui a rapporta la mimique, à 1 esprit d ordre, aux fonctions
sexuelles, et n’en a aucune pour les sentimens etlesidées d'un ordre différent.
L ’homme cultivé et pensant même se fatigue au boutde très-peu de
temps, lorsqu'il fixeson attention sur des objets qui sont horsde sa sphère,
tandis que ce n’est qu’un jeu pour lui de donner l ’attention la plus soutenue
à des objets qui en font partie. Celui qui est doué à un haut degré
du sens des localités, porte sans effort son attention sur les rapports de
l ’espace, et si en lui le sens des tons n’est que foiblement développé,
à peine s’aperçoit-il que l’on exécute une musique enchanteresse. Vau-
canson, encore enfant, porte son attention sur les rouages d’une horloge
, sur lesquels tel musicien , tel poète à cheveux blancs n a
jamais daigné jeter un regard; telle coquette, dont la boutique dune
marchande de modes captive l’attention toute entière, passe avec indifférence
devant la collection d’histoire naturelle la plus curieuse ou
laplus riche bibliothèque. L’attention n’est donc encore qu’un attribut
de chaque faculté fondamentale, et lorsque telle faculté fondamentale
manque, l’attention pour les objets de cette faculté est impossible.
Essayez de fixer sur des nombres, sur des couleurs, sur un poème,
l ’attention du faucon , qui ne perd pas de vue l ’alouette; du cheval, qui
a l’oreille dressée pour suivre les ordres de son conducteur; de mon
sansonnet, qui oublie de manger les vers , son repas favori, lorsque
je lui siffle un air.
Le lecteur sera, je pense, convaincu, parce que je viens de dire,
que la faculté intellectuelle et toutes ses sous-divisions , telles que
la perception, le souvenir, la mémoire, le jugement, l ’imagination, ne
sont pas des facultés fondamentales, mais seulement leurs attributs
généraux. Comme l’on ne connoissoit pas les facultés fondamentales,
comme on ne cherchoit d’organes que pour leurs attributs, fai eu bien’
raison de dire que c’est une fausse philosophie qui a empêché de faire
des découvertes sur les fonctions du cerveau et sur celles de ses parties
intégrantes. 1
Eésumùns-nous :
Toutes les fois donc qu’il existe une faculté fondamentale, une force
intellectuelle particulière et déterminée, il existe nécessairement aussi
une faculté aperceptive pour les objets relatifs à'cette faculté. Toutes
les fois que cette faculté réagit activement sur les objets de son domaine,
il y a attention. Toutes les fois que les idées ou les traces, que
les impressions de ces objets ontlaissées dans le cerveau, serenouvellent
dans l’absence de ces mêmes objets et par la seule action des organes
intérieurs, il y a souvenir, réminiscence, mémoire passive. Si ce même
renouvellement des impressions reçues se fait par un acte réfléchi, vo-
lontaire des organes, il y a mémoire, mémoire active. Toutes les'fois
qu’un organe, ou une faculté fondamentale compare et juge les rapports
d’idées analogues et disparates, il y a comparaison, il y a jugement
Une suite de comparaison et de jugemens constitue le raisonnement'
Toutes les fois qu’un organe, ou une force fondamentale, crée par
sa propre énergie inhérente, sans concours du monde extérieur, les
objets relatifs à sa fonction; que l’organe découvre, par sa propre activité,
les lois des objets mis en rapport avec lui dans le monde extérieur
il y a imagination, invention, génie. ’
Considérez à présent la perception, l’attention, le souvenir, la ré