
dans la région inférieure-latérale. Les organes des qualités ou des facultés
les plus indispensables étant toujours rapprochés vers la ligne
médiane, il est encore naturel que ceux-ci occupent la première place
dans cette exposition. Je finirai par ceux qui sont les plus éloignés de
la ligne médiane et même relégués dans la région temporale.
XI. Mémoire des choses, mémoire des fa its , sens des
choses, éducahdité, perfectibilité.
Historique de la découverte.
J’avois découvert un signe extérieur, à l’aide duquel j’étois en état de
connoître les individus qui avoient une grande facilité pour apprendre
par coeur. Mais je ne tardai pas à m’apercevoir que ce signe n’indiquoit
pas à beaucoup près chaque espèce de mémoire. Au nombre de mes
condisciples, il y en avoit quelques-uns qui retenoient sans peine
même les choses qu'ils ne comprenoient point ; d’autres, qui n’avoient
pas cette facilité de réciter par coeur, retenoient particulièrement les
faits, les événemens. D’autres se distinguoient par une grande facilité
à se rappeler les lieux, à s’orienter et à nous conduire par des chemins
inconnus ; quelques-uns repetoient sans faute un morceau de musique
quils avoient entendu une ou deux fois5 d’autres enfin se souvenoient
surtout desuombres, des dates, etc.
Mais il n’y en avoit aucun qui réunit à lui seul toutes ces différentes
especes de mémoire, J ai appris plus tard que déjà avant moi l’on avoit
fait la meme observation, et qu’on avoit distingué trois espèces de
mémoire : La mémoire des mots, la mémoire des lieux et la mémoire
des choses. On appeloit mémoire des choses, memoria realis, la faculté
de retenir les choses, les faits ; mémoire des mots, memoria ver-
balis, la faculté de retenir les mots, les noms, et d’apprendre par
coeur indistinctement de longs passages, qu’on en ait pénétré le sens ou
non; mémoire des lieux , memoria localis, la faculté de se rappeler les
lieux , de retrouver les chemins, de s’orienter. On avoit très-bien remarqué
que chacune de ces mémoires peut subsister sans l’autre.
Cependant, presque tous les philosophes ont continué à considérer la
mémoire comme une faculté unique, indivisible de l’ame.
Il y a plus de trente ans que j’enseigne cette diversité des mémoires ; il
s’en est écoulé presque autant depuis que j’ai prouvé que la mémoire ne
doit pas être regardée comme une faculté primitive de l’ame; qu’elle n’est
autre chose qu’un attribut général de toute faculté fondamentale ;
qu’il doit y avoir autant de mémoires qu’il y a de facultés essentiellement
différentes; et que par conséquent il ne peut y avoir un organe
seul et particulier pour la mémoire. La mémoire de la musique a son
organe dans l’organe de la musique; la mémoire des chiffres dans l’organe
du calcul; la mémoire des lieux dans l’organe du sens de localité
ou des rapports des espaces, et ainsi de suite; ou, pour modifier ces
expressions, la mémoire de la musique est un attribut du sens des
rapports des tons ; la mémoire des chiffres est un attribut du sens du
calcul, et la mémoire des lieux est un attribut du sens des rapports des
espaces, etc.
Quoique cette doctrine soit assez ancienne, répandue par mes cours, par
ceux de M. Spurzheim et par les écrits de mes auditeurs, il existe encore
des philosophes et même des médecins dont les idées sur cet objet sont
enveloppées dans une obscurité complète. Ce sont pourtant les mêmes
hommes, ignorant jusqu’aux premiers élémens de la physiologie du
cerveau, qui ont la présomption de sJarroger le droit de la juger en dernier
ressort. Dans son Essai sur les maladies de la mémoire, M. Viller-
may, en adoptant toutes les erreurs des physiologistes, s’exprime ainsi :
« On remarque chezles hommes à tempérament mélancolique et bilieux
une mémoire très - prononcée : les sujets pituiteux , lymphatiques,
mous, hébétés ont, au contraire, très-peu de mémoire. L ’empereur
Claude, qui fut un des hommes les plus stupides, étoit remarquable
par une mémoire excessivement bornée. Ainsi, les personnes dont le