
seul est muni d’une substance immatérielle, douée de volonté et de
raison. C’est l’ame qui donne exclusivement à l’homme le caractère
de l’humanité. Toute recherche ultérieure est interdite, et tendroit à
ravaler la dignité de notre espèce.
On tranche la difficulté de la même manière, lorsqu’on accorde aux
brutes de la conscience, des penchans, de la mémoire, du jugement,
etc.; mais on prétend que toutes leurs qualités et toutes leurs
facultés sont des forces matérielles , tandis que les mêmes forces chez
l ’homme émanent d’une substance spirituelle.
Ceux, au contraire, qui scrutent les choses à fond, et qui désirent
opposer la vérité à l’erreur et à la superstition , trouvent le problème sur
le caractère distinctif de l’homme entouré de plus grandes difficultés. Plus
on a suivi les animaux dans l’exercice de leurs instincts , de leurs penchans
et de leurs facultés, plus l ’embarras de déterminer les bornes de
leur intelligence augmente. Combien de fois bétonnante perfectibilité
et les actes muets du chien, de l’éléphant, de l’orang-outang, ne
présentent-ils pas les images les plus illusoires de l’intelligence et de
la moralité de l’homme! Plusieurs naturalistes philosophes n’ont pas
craint de soutenir que l’espèce humaine ne diffère des autres espèces
d’animaux, que par sa capacité de connoître. et d’adorer un
Dieu.
Pour arrêter une opinion raisonnable dans cette incertitude, il faut
encore avoir recours à l’anatomie et à la physiologie comparées du
cerveau. Nous avons déjà vu combien le cerveau de l’homme est plus
volumineux dans sa partie antérieure-inférieure , que celui des animaux;
nous avons vu aussi combien les fonctions de ces parties cérébrales
sont plus étendues et plus parfaites dans l ’homme, que ne le
sont les fonctions de la même région cérébrale chez les brutes. Que l’on
compare maintenant la partie antérieure - supérieure du front de
l ’homme avec les têtes des animaux. Tandis que les parties antérieures-
inférieures du cerveau ne pèchent chez les animaux que par le défaut
d’un développement favorable, les parties antérieures-supérieures leur
manquent tout-à-fait. Quel avis frappant pour ceux qui sont convaincus
du rapport intime qui existe entre lé physique et le moral, entre l’organisation
cérébrale et ses fonctions !
C’est cette région du cerveau que nous allons analyser; c’est-là où
nous découvrirons la cause matérielle du caractère distinctif de l’espèce
humaine. Apres avoir étudié, lun après l’autre, chacun des fragmens,
dont 1 ensemble du caractère moral et intellectuel de l’homme se compose,
nous pourrons dire avec la satisfaction de la plus haute probabilité
: voici la barrière entre l’homme et l’animal ; voici où l’animalité
finit, et ou l’humanité commence ! Et j’aurai prouvé que la méthode
la plus féconde et la plus sûre d’étudier l’homme, est l’étude successive
des organes du cerveau.
Nous avons dit ailleurs que l ’os frontal se divise en sa partie antérieure,
en sa partie supérieure, et en ses parties latérales. Les organes
places dans la partie anterieure-inférieure, et antérieure-inférieure-
latérale, ont été exposés dans la section première. Il nous reste à examiner
quels sont les organes placés dans la partie antérieure-supé-
rieure, et antérieure-supérieure-latérale de l’os frontal. Je commence
par l’examen de celui qui occupe la ligne médiane, et auquel, par
conséquent, la nature paroît avoir attaché le plus d’importance.
XX. Sagacité comparative.
Historique.
Je m’entretenois souvent d’objets philosophiques avec un savant
doué d’une grande vivacité d’esprit. Toutes les fois qu’il étoit embarrassé
pour prouver rigoureusement la vérité de ses assertions, il avoit
recours à une comparaison. Par ce moyen, il peignoit en quelque
façon ses idées, et ses interlocuteurs étoient souvent déroutés et entraînés
; effet qu’il ne lui étoit guère possible de produire par ses argu-
mens.
Dès que je me fus aperçu que cette méthode étoit chez lui un trait
caractéristique, j’examinai la forme de sa tête. Je savois déjà qu’il ne