
Nicolas Gabrino , ( Rienzi ) , est cité, ainsi que Cromwel, comme un
imposteur hypocrite, faisant servir la religion à ses desseins, mettant
en oeuvre les révélations et les visions pour s’en autoriser. J’entends
tous les jours faire de semblables inculpations par des personnes qui
ne font pas réflexion que d’autres peuvent, de la meilleure foi du
monde, avoir d’autres sensations, d’autres impressions, dautres senti'
mens, et par conséquent croire autre chose qu’eux.
Jeanne d’Arc étoit encore à la fleur de son âge , quand dans une disposition
d’esprit déjà exaltee par des circonstances anteccdentes, elle
s’imagina voir à sa droite et du cote de 1 eglise du hameau, une grande
clarté, d’où sortit une voix inconnue. Quelque temps après, la même
voix se fit entendre , et des êtres célestes s’offrirent à ses regards.
St. - Michel lui dit que Dieu avoit pitié de la France, et lui ordonna
d’aller faire lever le siège d'Orléans , de faire sacrer ensuite à Reims
le roi Charles Vil. Ses visions engagèrent ses parens à la représenter à
Baudricourt de Vaucouleurs......
Les pères Jésuites Maffey et Bouhours avoient certainement raison
d’attribuer des visions à St.-Jgnace.
Le Tasse prétendit un jour avoir été guéri par le secours de la Vierge
et de Sainte-Scholastique, qui lui apparurent’ durant un violent accès
de fièvre. Dans les notes historiques qui accompagnent la vie du Tasse,
on lit l’anecdote suivante tirée, des mémoires de Manso, marquis de
.Villa, publiés après la mort du Tasse, son ami.
« Le Tasse, dans son délire, croyoit converser avec des esprits familiers.
Un jour, que le marquis son ami tâchoit de lui ôter ces idées de
la tête , le Tasse lui dit :
« Puisque je ne peux pas vous convaincre par le raisonnement, je
« vous convaincrai par l’expérience; je vous ferai voir à vous-même
« l’esprit auquel vous-ne voulez pas croire ». :
« J’acceptai l’offre ; et le lendemain, pendant que nous étions assis à
causer auprès du feu, il tourna les yeux vers la fenêtre; et regardant
fixement, il parut si absorbé que, quand je l ’appelai, il ne me répondit
pas. Le voilà, s’écria-t-il ensuite, mon esprit familier, qui me
fait la politesse de venir causer avec moi. Je regardai de tous mes yeux
et je ne vis rien qui pénétrât dans la chambre. Pendant ce temps là le
Tasse entra en conversation avec'cet être mystérieux. Je ne voyois
et n’entendois que lui. Tantôt il questionnoit, tantôt il répondoit ; et
par le sens de sa réponse, je comprenois ce qu’il avoit entendu. Ses
discours étoient d’une nature si relevée pour le sujet, et si sublime pour
les expressions , que je me sentis une sorte d’extase. Je n’osois pas interrompre
Torquato , ni lui faire des questions sur ce que je ne voyois
pas, et il se passa beaucoup de temps avant que l’esprit disparût. J’en
fus averti par Torquato , qui se tournant de mon côté , me dit : « A
« l’avenir vous n’aurez plus aucun doute. » C’est-à-dire lui, répondis-je,
que j’en aurai d’avantage ; car, quoique j ’aie entendu des choses merveilleuses,
je n’ai rien v u ...................Il repartit, en souriant : « Vous
« avez peut-être plus entendu et vu que . . . . . , Il s’arrêta là et
craignant de l ’importuner par mes questions, je laissai tomber la
conversation .
Swedenborg se crut miraculeusement appelé à révéler au monde
les mystères les plus cachés. En i 743 ,. dit-il, il a plu au Seigneur de
_se manifester à moi , et de m apparoitre personnellement pour me
donner la connoissance du monde spirituel, et me mettre en relation
avec les anges et les esprits, et ce pouvoir m’a été continué jusqu’à ce
soir. Swedenborg , disent les auteurs de la Biographie anglaise, étoit,
de la meilleure foi du monde, le plus extravagant des enthousiastes
jugement auquel je souscris en entier.
Le docteur Jung Stilling, que nous avons vu très-souvent chez le
grand-duc de Bade , dernier mort, fut dans sa jeunesse tailleur, puis
instituteur, plus tard docteur en médecine, moraliste, écrivain religieux,
journaliste, illuministe, visionnaire. Il croyoit fermement aux
revenans, et il écrivit un ouvrage où il expose sérieusement sa doctrine.
Nou sverrons, relativement à cet homme, que toute sa vie porte aussi
l’empreinte de son organisation.
1 Vie du Tasse y publiée à Londres en 1810.