
été très-religieux dès son enfance. Depuis quelques années, il se
livroit de plus eu plus au fanatisme religieux, et finit par éprouver
des angoisses terribles. L ’idée le poursuivoit qu’il ne pourroit pas
être sauvé,parce qu'il étoit possédé du diable. Quelque résistance qu’il
opposât aux idées funestes qui l’obsédoient, il succomba enfin au
penchant pour le suicide; la première tentative quil fit pour se détruire,
fut infructueuse , mais il finit par se couper le cou. Cet homme
étoit raisonnable sous tout autre rapport. En examinant sa tête, je
trouvai l’organe de la dévotion et celui de la circonspection extrêmement
développés.
Un hussard, dont j’ai parlé, à l’occasion de la bienveillance, qui
avoit toujours été d’un caractère très-bon et très-compatissant, tomba
dans la manie. Dans cet état, il témoignoit Je désir défaire le bonheur
de tout le genre humain, et dans tout ce qu’il disoit, et dans
tout ce qu’il faisoit, il prenoit constamment à témoin la Sainte-
Trinité.
Très-fréquemment la lésion de l’organe de la dévotion est accompagnée
de la lésion de l’organe de la hauteur. La femme d’un tailleur
passoit une partie de la journée dans les églises avec des en-
fans bien parés, traitoit un mari fort complaisant avec le plus
grand dédain, et finit par exiger de sa part de la servir à genoux,
et de voir en elle une âme privilégiée et comblée de grâces surnaturelles.
Une autre femme bien née, et dont le mari étoit tombé
dans l’infortune, crut trouver des consolations assurées, d’abord
dans de longues méditations et des prières très - ferventes, puis dans
des ravissemens extatiques, où elle croyoit s’élever jusqu’au sein de
la divinité, et qui furent le prélude d’une aliénation décidée.
C’est de ces aliénés que M. Pinel dit : « On ne peut se dissimuler certaines
difficultés de dissiper cette sorte de prestige qui tient à une
dévotion très-exaltée ou au fanatisme. Comment ramènera des idees
saines un aliéné bouffi d’orgueil, qui ne pense quà ses hautes destinées,
qui se croit un être privilégié, un envoyé du Très-Haut, un
prophète ou même une divinité? Quels propos peuvent contrebalancer
e îet des visions mystiques et des révélations sur la vérité desquelles
1 aliéné s’indigne qu’on puisse former le moindre doute? » .
■ 1 est donc démontré, par l’état de maladie aussi bien que par
1 état de santé , que- le sentiment de l’existence d’un être Supérieur
et le penchant a un culte religieux , sont une qualité fondamentale
de 1 espèce humaine et que, par conséquent, ils doivent être affectés
a un organe cérébral particulier.
Ajoutons encore quelques preuves sur L’apparence extérieure de ce
nome organe.
Apparence extérieure de l’organe du sentiment de
l ’existence de Dieu, et du penchant à un culte
religieux. Continuation.
Que l’on considère les bustes et les portraits des hommes qui
dans tous les temps et dans toutes les sectes , ont été attachés avec
le plus d’ardeur aux idées religieuses : l ’on remarque dans tous l ’organisation
que j’ai indiquée dans l’historique de la découverte de
cet organe. L ’on trouve constamment chez eux que le grand développement
des parties cérébrales xxvn , PI. V IH , pp jx pj x i
PI. XII, fait bomber considérablement la partie postérieure moyenne’
de la moitié supérieure du frontal. Du grand nombre d’exemples
qui sont connus, je ne citerai que les suivans r Constantin PI XCIV
%. i ; Antonin le Pieux, PI. X C II I, fig. , ; Marc-Aurèle, Saint Jean
Chiysostôme, Saint Ambroise, Saint Athanase, Saint Etienne I.- roi
e ongne, PI. XCIV, fig. 2 ; Saint Bruno, Saint Bernard, Saint
lJominique, Aubusson, Saint Ignace de Loyola , PI. XCIII fig 6-
Charron , Saint François de Sales, PL LX X X V I I, fig. 5- Gustave-
Ibidem, p. 43 et 44.