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l’attention, la comparaison et le raisonnement , nous pouvons nous
élever à la connoissance des lois de l’univers, et par conséquent à celle
de son auteur: par le désir, la préférence, par une volonté libre, nous
sommes en quelque sorte les arbitres de notre destinée ».
« Six facultés suffisent donc à tous les besoins de notre nature. Trois
nous ont été données pour nous former une intelligence ; nous les appelons
facultés intellectuelles; trois pour remplir les voeux de notre
coeur, ce sont nos facultés morales ' ».
Voilà donc tous ces philosophes qui planent dans les nues, montrant
à leurs élèves des plaines, des montagnes, des vallees, des eaux
et des champs, et prétendant que ce sont les seules choses qui existent
sur la terre, parce que d’un point aussi eleve ce sont les seules que
leur vue distingue. S’ils vouloient descendre de leur hauteur, ils aper-
cevroient une variété infinie çle plantes et d animaux, et ils se verroient
bientôt forcés de rejeter une classification qui n embrasse que des
généralités.
Jusqu’à présent, j ’ai exposé dix qualités morales, toutes indépendantes
l’une de l’autre, et chacune affeetee a un organe particulier;
par conséquent autant de qualités fondamentales de 1 ame. Dans ce
quatrième volume, je prouverai encore avec la meme rigueur, 1 existence
au moins de seize qualités et facultés primitives.
Or, ce n’est point un raisonnement spécieux et illusoire qui m’a
fait admettre ces vingt-six à vingt-sept forces fondamentales de lame.
J’ai suivi les préceptes que donne M. Laromiguière pour fonder une
doctrine. Les faits et les phénomènes, que l’histoire naturelle de
l’homme et des animaux offre à nos yeux, ont d’abord occupé toute
mon attention. J’ai observé , j’ai épié leurs aptitudes industrielles, leurs
instincts, leurs penchans, leurs facultés. Après avoir accumulé une
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immense multitude d’observations, j’ai employé tout mon esprit à les
comparer, à chercher les lois qui existent dans tous ces faits, à saisir
les principes et les résultats qui en découlent. Enfin, je les ai raison-
nés; je n’ai jamais discontinué de chercher la liaison entre le caractère
moral et intellectuel et l’organisation. C’est ainsi que ma doctrine sur
la nature et sur l’origine des facultés de l’ame a pris naissance.
Que les philosophes qui s’enfoncent dans la voie du raisonnement
admettent une, deux', trois, quatre, cinq, six ou sept facultés de
lame, l’erreur est essentiellement la même, tant que ces facultés ne
sont que des abstractions, des attributs généraux. Aucune des facultés
mentionnées ne désigne ni un instinct, ni un penchant, ni un talent,
ni une faculté intellectuelle déterminés. Comment expliquer par le
sentiment ou la sensation en général, par l’attention, la comparaison
et le raisonnement, par le désir, la préférence et la liberté, l’instinct
de la propagation, de l’amour de la progéniture, l’instinct carnassier,
le talent de la musique, delà mécanique, etc., etc.?
Est-il juste, qu’en examinant la nature et l’origine des facultés morales
et intellectuelles de l’homme, on ne tienne aucun compte des
mêmes facultés chez les animaux ? L ’homme , tant qu’il est animal,
seroit-il un être isolé du reste de la nature vivante? seroit-il gouverné
par des lois organiques opposées à celles qui président aux qualités et
aux facultés du cheval, du chien, du singe? Les animaux voient-ils
entendent-ils, aperçoivent-ils les saveurs et les odeurs, se propagent-
ils, aiment-ils leurs petits au;rement que l’homme?
Est-il permis que des savans, tout en se glorifiant de pénétrer jusque
dans l’essence de lame, dépècent l’homme, et se bornent à faire de
longs traités sur l’ame comme sur une substance détachée r exerçant
scs fonctions par elle-même, se servant du corps.tout au plus comme
d’un moyen de communication entre elle et le monde, tandis que
toutes ses fonctions sont évidemment d’une nature mixte T que la réu