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« une particulière communication avec le Saint-Esprit. Il n’est pas si
« foible que de se laisser prendre par des flatteries. Je sais qu’il s’en
» est moqué avec l’ambassadeur de Portugal. » Thurloes State Papers,
vol. I , p. 256.
M. Villemain dit, dans une note du livre n*. de son histoire de
Cromwell :
« On trouve dans une lettre écrite après la mort de Cromwell, par
un homme qui l’avoit approché, quelques details sur son caractère
et sur sa personne , utiles pour faire connoître ce qu’il étoit ou ce qu’il
paroissoit. Ee trait le plus curieux de cette peinture a pour objet
cette facilité de s’attendrir, souvent remarquée dans la vie de Cromwell
, et qui fait dire à Wliitelocke dans ses Mémoires, que le protecteur
étoit un homme très-bon ; espèce de sensibilité quelquefois
toute physique qui ne passe point jusqu’à l’ame, et qui s’accorde ,''
dans certains hommes, avec la froide méditation des plus grandes
cruautés. Voici les termes de cette lettre : « Le protecteur étoit d’une
« constitution puissante et robuste, sa taille étoit au-dessous de six
« pieds ( de deux pouces, je crois) sa tête si forte que vous auriez
« cru quelle renfermoit un vaste trésor de facultés intellectuelles,
« son humeur excessivement inflammable : mais ce feu tomboit en
« partie de lui-même , ou étoit bientôt appaisé par les qualités mo-
« raies du protecteur : il étoit, par nature, compatissant pour les
« objets en souffrance, même jusqu’à un degré de foiblesse ( even
» to an effeminate measure. ) Quoique Dieu lui eût fait un coeur dans
« lequel il y avoit peu de place pour l’idée de la crainte, excepté
« celle qu’il inspiroit lui-même ; cependant il poussoit jusqu’à l ’excès
« la tendresse pour ceux qui souffroient. . ...................................... ... .
« il a vécu et il est mort dans une parfaite union avec Dieu, comme
« l’ont observé des personnes judicieuses qui étoient près de lui. »
Thurloes State Papers, v. I , p. 766.
En effet, la forme de la tête de cet homme extraordinaire, PI. XCV,
fig. 4 j prouve, d’une manière irrécusable , que sa dévotion aussi bien
que les autres qualités, sont en harmonie avec son organisation. En
DU CERVEAU. 2Qg
général, je ne pense pas que les souverains^ surtout lorsqu’ils sont
puissans, fassent de grands frais pour paroitre autres qu’ils ne sont
réellement, et on ne manquera jamais de trouver l'explication de leurs
contrastes les plus singuliers et de leur hypocrisie apparente dans un
concours particulier d organes développés simultanément à un haut
degré d’activité.
On voit combien il est essentiel que les artistes renoncent à leurs
caprices de maniérer les portraits des hommes qu’ils veulent transmettre
à la postérité, à laquelle ils procurent par-là le moyen de juger
les véritables motifs de leurs actions.
Preuves de l'existence de Dieu prises de ïorganologie.
s Après tout ce que je viens dé dire, on ne peut plus douter que
1 espèce humaine ne soit douée d’un organe au moyen duquel elle re-
connoit et adore un auteur de l’univers. C’est là la plus belle prérogative
que l’homme possède sur les animaux. La seule créature moralement
libre de la terre devoit être 1 homme : par conséquent
l’homme seul devoit être susceptible des motifs d’action d’un ordre
élevé ; lui seul devoit avoir la faculté de peser et d’apprécier des motifs
moraux avant de se déterminer à des actes que ses penchans provoquent;
pour lui seul le bien moral et le mal moral ont une existence;
et comme ses propres forces ne sont pas toujours suffisantes pour comprimer
l ’élan désordonné de ses désirs ; comme il trouve trop facilement
le moyen d’éluder les lois de la société, et enfin, comme if
n existe pas de frein pour ceux que leur pouvoir ou même la convention
sociale a mis hors de toute responsabilité, il étoit nécessaire
que l ’éternelle Providence plaçât une autre loi puissante dans l’homme
lui-même; c’est un besoin pour le genre humain que chaque individu
trouve et redoute en lui-même, un censeur secret, un censeur
qui suppose un juge suprême auquel il est impossible de se soustraire.
Appliquons l’organologie à ce sentiment inné, et emparons-nous-en
comme d’une preuve nouvelle de l’existence de Dieu.