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presque toujours de l’état que nous embrassons? Tel fait des vers, qui
eût été peintre, si son père lui avoit donné un maître de dessin. 11 y a
dans les bureaux des milliers de commis qui auroientpu êLre peintres,
poètes, avocats ou militaires. Telle famille de paysans, qui donnera
des paysans jusqu’à la vingtième génération, auroit produit des gens
de robe, des savans, des messieurs et des petits-maîtres, si elle avoit
fait fortune, et si elle étoit venue à Paris ». Sans doute , les pères et le
hasard peuvent destiner les fils à une profession quelconque ; les souverains
fabriquent des conseillers, des généraux, des ministres;mais qui
est-ce qui fait les Homère, les Hippocrate, les Annibal, les Raphaël, les
Sully, les Newton, les Voltaire, les Mozart, etc.? Qu’on prouve qu’une
série de deux ou de sept facultés générales, qu’une institution quelconque
puisse produire un génie; qu’on prouve que le développement
des parties cérébrales est le même dans un individu doué de qualités
ou de facultés éminentes, et dans un individu frappé de médiocrité ;
qu’on prouve qu’une qualité ou une faculté particulière très-énergique
n’est point le résultat de l’activité ou du développement extraordinaire
d’une partie cérébrale particulière, et je me rangerai sous le drapeau
d’Aristote, de Bacon, de Descartes, d’Hobbes, de Locke, de Bonnet, de
Condillac et de M. Laromiguière. Je jugerai comme eux, qu’avec une,
deux ou sept facultés de l’ame on explique chez l’homme et chez les
animaux tous les instincts, tous les penchans, toutes les qualités et
toutes les facultés, malgré la différence et l’opposition qui les caractérisent;
je croirai, comme eux, que la seule spéculation suffit pour
pénétrer le mystère de tout sentiment et de toute intelligence, et qu’il
est superflu de faire de longues et pénibles recherches d’anatomie et de
physiologie comparées, d’accumuler observation sur observation, pour
arriver lentement et par fragmens à la connoissance de l’homme moral
et intellectuel,
PHYSIOLOGIE
DU C E R V EA U EN P A R T IC U L IE R .
S E C T I O N Ire.
Détermination des forces fondamentales, des qualités et
facultés primitives, et du siège de leurs organes.
Continuation.
L es organes des qualités que j’ai exposées dans le troisième volume,
ont leur siège dans les parties inférieures-postérieures-latérales et
supérieures-postérieures-latérales du cerveau ou de la tête. Comme
toutes ces qualités sont communes aux animaux, il en résulte que le
cerveau humain, s’il étoit composé de ces seuls organes, et abstraction
faite des organes des facultés supérieures, présenteroit une grande
ressemblance avec la forme du cerveau de plusieurs espèces d’animaux.
Maintenant, nous allons examiner quelles sont les qualités et les
facultés des parties cérébrales situées dans la région antérieure-infé-
rieure et supérieure-antérieure du cerveau. Ce sont les parties cérébrales,
qui donnent à la tête de l’homme sa forme caractéristique et essentiellement
différente de celle de tous les autres animaux.
Je commence par les organes placés sous l ’os frontal, et je divise cet
os en quatre grandes régions. La région antérieure-inférieure, la région
antérieure-supérieure, la région supérieure-antérieure et la région supérieure
postérieure qui s’engrène dans les bords antérieurs des os
pariétaux.
Conformément à l’ordre naturel, je traiterai en premier lieu des
organes qui siègent dans la région antérieure-inférieure, et en partie