
02 PHYSIOLOGIE
nourrit au Jardin du I\oi, et dont nous avons constamment deviné les
dispositions bonnes ou mauvaises à cet égard. L ’un de mes auditeurs
apporta deux têtes de bécasses , dont l’une étoit devenue extrêmement
privée bientôt après avoir eu une aile blessée. La dame, propriétaire
du domaine où ces animaux avoient vécu, ayant déjà plusieurs fois
donné des soins à d’autres bécasses mutilées de la même manière, fut
frappée de cette particularité. Tous mes auditeurs reconnurent sur le
champ’la tête de la bécasse, qui fut apprivoisée par cette dame bienveillante.
C’est ainsique depuis long-temps je choisis dansun grand nombre
de serins, d’étourneaux, de bouvreuils, ceux qui marqueront par leur
docilité et parla facilité de s’apprivoiser.
Dans les espèces domestiques, les individus qui ont le plus beau front,
surpasseront les autres en intelligence. 11 n’est pas possible de se tromper
dans le choix des boeufs, des chiens , des chevaux, pour peu que l’on
soit familiarisé avec le siège et l’apparence extérieure de cet organe
dans les différentes espèces de ces animaux. La PL L X IY , fig. i , offreja
tête d’un cheval méchant et indocile. Le front recule en arrière , un
pouce et demi au-dessus des yeux. La fig. 2 est la tête d’un cheval doux
et docile. A la même hauteur, c’est à-dire un pouce et demi au-dessus
des yeux, le front, ou continue dans une direction perpendiculaire , ou
est même un peu bombé en avant. La même différence existe dans les
deux chiens dessinés PL LX X : la fig. 3 , représente la tête d’un chien
méchant, et moins docile que celui fig. 4> qui réunit à une grande
docilité la douceur du caractère '.
Il résulte de toutes ces observations faites sur les classes d’animaux
les plus différentes, que l’éducabilité ou la perfectibilité des bêtes doit
être considérée comme une faculté propre, fondamentale, et que son
organe est placé dans la partie moyenne antérieure-inférieure du cer-
yeau et de la tête.
* Quand je traiterai plus tard de l’organe de la bonté, je montrerai comment il
faut distinguer l’organe de la docilité de celui de la bonté.
b u c e r v e a u . 3
Mémoire des choses, éducahilité, perfectihilité de l ’espece
humaine.
On reproche à la doctrine des fonctions du cerveau, d’être en opposition
avec la perfectibilité de l’homme, et avec les effets de l’éducation.
Si vous entendez par éducation, la création dés qualités ou des
facultés primitives, dout le germe n’auroit pas été donné par l’organisation
, dans ce sens, je nie enté rement la possibilité d’une éducation
quelconque. Mais si par éducation, vous entendez que les dispositions,
les qualités et les facultés innées puissent être cultivées, négligées
comprimées, dirigées, je suis le premier partisan de l’éduCation. Dans
plusieurs passages de cet ouvrage, j’ai déjà démontré combien je suis
pénétré de sa nécessité. Tout ce que je viens de dire sur la perfectibilité
des animaux, servira de nouvelle preuve au lecteur, que je dois
avoir la plus haule idée de la perfectibilité de l’homme, et par conséquent
de l’efficacité de la bonne ou mauvaise influence de l’éducation.
Dans l’état le plus brut, le cas d’idiotisme excepté,l’homme est encore
fort au-dessus des animaux, et dans ses diverses dégradations , il n’est
jamais ravalé à leur niveau. Il est l’homme, l’être le plus heureusement
organisé, dans quelque situation que ce soit. Qu’il existe en France au
Cap de Bonne-Espérance ou au détroit de Magellan, Européen ou
Hottentot : partout il opère sur les objets qui l’environnent, avec la
masse de ses qualités et de ses facultés naturelles.
L ’homme étoit destiné à vivre sous les influences les plus variées. L'état
sauvage, la barbarie, la civilisation sont, tour à tour, sous mille formes
différentes, son héritage. Aucune stabilité, et souvent contradiction
directe dans les gouvernemens , dans les lois, dans les religions qui
ont toujours pour but de diriger ses pensées et ses actions. Tantôt il est
maître, tantôt il est esclave; là il use ses facultés dans les jouissances
ici il est condamné aux privations de toute espèce, etc., etc. Il devoit
donc avoir reçu de la nature l’aptitude de se conformer à toutes les