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d’habitude, beaucoup de patience, et beaucoup de persévérance. Les
adversaires de lorganologie trouvent bien plus commode de trancher
la question, que de s’astreindre à faire de nombreuses observations
dont le résultat les exposeroit au danger d’étre convaincus, par la force
des faits, de la vérité de ma doctrine.
Certaines personnes , avec toute la bonne volonté possible , ne
peuvent découvrir aucune de ces différences délicates. Que ces personnes
là veuillent se souvenir qu’en tout genre de recherches il faut,
avant toutes choses, apprendre par une longue habitude, à tirer de ses
Sens un parti sûr. 11 faut apprendre à entendre la musique, et à voir
les tableaux. Il est des individus qui ne parviennent jamais à exercer
leurs doigts à tâter, ni leurs yeux à voir. Puisque le docteur Garden ,
dans un article du journal sur le Physionomical System de M. Spurz-
heim, a avancé que, même dans le crâne humain, il n’existe pas une
seule de toutes ces proéminences que nous attribuons à un développement
considérable du cerveau, j’aurois mauvaise grâce de me plaindre
de ceux qui ne peuvent pas distinguer des différences si minutieuses
des têtes d’oiseaux !
Je puis garantir à ceux qui veulent observer, et qui sont capables de
faire des observations, qu’ils trouveront confirmées toutes celles que je
rapporte, et que l’examen de la tête des oiseaux les convaincra également
de l’existence d’un organe de la musique.
XVIII. Sens des rapports des nombres
Il n’y a pas de faculté que l ’on se croye plus autorisé à déduire des
forces intellectuelles prises collectivement, que les dispositions pour 1
1 Je sais parfaitement que Varithmétique vulgaire y qui elle-même n’est qu’une
petite partie de la science du calcul, ne constitue pas toutes les mathématiques y et
que la méthode synthétique que les anciens géomètres employoient exclusivement,
n’a rien de commun avec le calcul. Je n’ignore pas que des mathématiciens distingués
ont quelquefois très-peu l’habitude du calcul numérique. Mais comme je
l’arithmétique et pour les mathématiques en général. On croit que
l ’étude la plus capable d’exercer le jugement est celle des mathématiques.
Rien i dit-on, dans cette science ne nous vient du dehors, tout y
estl’ouvrage de l’entendement humain, tout y est une véritable création
de 1 attention et de la faculté de tirer des conséquences. Donc, il ne
peut pas exister d’organe particulier pour la faculté en vertu de laquelle
un homme a une grande facilité pour l’arithmétique et pour les mathématiques
en général.
Ce que je vais dire décidera jusqu’à quel point ces prétentions sont
vraies ou fausses.
Historique.
A Vienne on me parla d’un écolier de St.-Pôlten, qui étoit connu dans
toute la contrée par son talent pour le calcul. C’étoit le fils d’un forgeron
et il n’avoit pas reçu plus d’instruction que ses camarades d’école; pour
tout autre objet, il étoit à peu près de la même force qu’eux. Je le fis
venir à Vienne, et je le présentai à mon auditoire; à cette époque, il
étoit âgé de 9 ans. Si l’on lui donnoit, je suppose , trois nombres exprimés
chacun par dix à douze chiffres, en lui demandant de les additionner,
puis de les soustraire deux à deux, de les multiplier et de
les diviser chacun par un nombre de trois chiffres; il regardoit une
seule fois les nombres, puis il levoit le nez et les yeux en l’air, et il
indiquoit le résultat de son calcul mental avant que mes auditeurs
n’eussent eu le temps de faire le calcul la plume à la main. Il avoil créé
lui-même sa méthode.
trouve la même partie ce'rébrale très-de'veloppe'ë, tant chez toutes personnes qui
ont une grande facilité naturelle de calcul que chez les hommes qui ont enrichi les
sciences mathe'matiques des plus sublimes découvertes, je me crois autorisé à admettre
que c’est le même organe qui donne au jeune Colborn la facilité de calculer
de tête ; à Pjtliagore celle de prouver que le carré de l’hypothénuse égale celui des
deux autres côtés du triangle rectangle, et qui met Laplace en état d’écrire la mécanique
céleste.