
2 18 PHYSIOLOGIE
médiane, des parties cérébrales jumelles des deux hémisphères, et ces
parties, lorsqu’elles sont très-développées, forment une protubérance
allongée dans la partie antérieure, et une protubérance semblable dans
la partie postérieure. Si, au contraire, les organes places sous cette
région ne sont que très-médiocrement développes, au lieu de s élever,
soit dans sa moitié antérieure, soit dans sa moitié postérieure, elle reste
applatie jusqu’au sommet de la tête, où elle rencontre les bords anté-
rieurs-supérieurs des deux pariétaux , PI. L IV , fig. 2.
Or, j’ai trouvé que toutes les personnes éminemment bienveillantes,
toutes celles qui se distinguent par une très-grande philanthropie, ont
la partie supérieure-antérieure-moyenne du front, ou la partie moyenne
de la partie supérieure-antérieure de l’os frontal proéminente en une
protubérance allongée, et que par conséquent la partie cérébrale xiv,
PI. IX, PI. X I , PI. XII, est l’organe dont l ’action énergique constitue
la bonté , la bienveillance, le caractère doux.
Depuis que j’ai découvert cet organe, il ne s est pas passe de jour ou
je n’aie trouvé de confirmations, soit positives, soit négatives de cette
vérité.
Tôt ou tard, et quelquefois dans les occasions les moins importantes,
on découvrira dans les personnes chez lesquelles ces parties cérébrales
n’ont acquis qu’un très-foible développement, de la méchanceté, un
caractère haineux, vindicatif, dur et ingrat, et un esprit médisant. Que
l’on admette qu’il en est ainsi, parce que dans ce cas il n’existe pas
d’organe dont l’activité tienne la balance à celle des autres organes, et
que de cette manière l’égoïsme devient prédominant, ou que l’on imagine
que le foible développement de cette partie cérébrale emporte en
lui-même ces dispositions haineuses ; toujours est-il certain que des personnes
ainsi organisées, lorsque des motifs d’un ordre relevé ne viennent
point à leur secours, ne seront jamais capables d’une bienveillance
durable. Ce que j’ai dit plus haut des qualités négatives, est encore
applicable ici. Tout comme l’appétit peut dégénérer en dégoût pour
les alimens, le penchant à l’amour physique en antipathie pour le
sexe, le sens des tons en aversion pour la musique; de même la bienveillance,
la bonté, doivent pouvoir dégénérer en méchanceté, en
penchant à se réjouir du mal qui arrive aux autres.
Que l ’on compare maintenant tous les personnages, anciens et modernes,
qui se sont distingués soit par leur caractère bienveillant, soit
parla dureté et laméchanceté, et l’on trouvera entre elles une différence
marquée dans la conformation de la partie supérieure-antérieure-
moyenne du frontal. Je me contente de citer un petit nombre d’exemples.
Que l’on compare Tibère, Caligula, Caracalla, Néron, Catherine de
Médicis, le Néron du Nord, Christian le cruel, parjure et perfide;
Danton,PI.LXIX, fig. 3; Robespierre,fig. 4 ; avecTrajan,Marc-Aurèle,
Antonin le pieux, PI. XCIII, fig. 1 St.-Vincent de Paule, PI. XCIII,
fig. 2*; Henri IV , l’Hôpital, Camille-des-Moulins, Jean-Baptiste
Cloots, madame de Geoffrin , Dupont de Nemours3. Qu’on observe, en
général, tous les philantropes, tous les hommes d’un caractère bien-
‘ Adrien disoit : « Je sais qu’Antonin est de tous ceux que je connois, celui qui
désire le moins l’empire; mais je sais aussi qu’il en est plus digne que personne»*
Aussi a-t-il la partie supérieure de la tête très-haute , les organes de l’ambition et de
l’orgueil, au contraire, très-peu développés.
a St.-Vincent de Paule, fondateur des établissemens pour les enfans trouvés, des
filles de la Charité, pour le service des pauvres malades; et à qui les hôpitaux de
Bicêtre, de la Salpêtrière, de la Pitié ; ceux de Marseille pour les forçats, du St.-
Nom de Jésus pour les vieillards, doivent la plus grande partie de ce qu’ils sont
devenus.
3 Je cite un seul passage de ce philosophe bienveillant naturaliste. En parlant des
hirondelles de fenêtre, il dit : g Et quand un des époux meurt, il est rare que l’autre
ne le suive pas en peu de jours. Le doux caquetage est cessé; plus de chasse, plus de
travail. Un sombre repos, un morne silence, sont les signes de la douleur à laquelle
le survivant succombe.
« J’en avertis les jeunes gens , d’ailleurs bons et honnêtes, qui s’amusent quelquefois
à leur tirer des coups de fusil, parce qu’elles sont difficiles à toucher. Mes amis,
tirez des noix en l’air; cela est plus difficile encore; et respectez ces aimables oiseaux.
Songez que chaque coup qui porte tue deux hirondelles ; la dernière par un supplice
affreux ».