
faulx, sont affectées à cette fonction. Ainsi, ce n est que la partie correspondante
du crâne ou de la tête qui doit fixer notre attention dans
les observations suivantes.
Les animaux les moins capables d’éducation ont les parties cérébrales
mentionnées les plus petites. Delà, l ’aplatissement absolu de
leur tête. Les poissons, les grenouilles, les serpens, les crocodiles, etc.,
se rangent dans cette classe.
Pour rendre l’observation plus facile , je ne veux point m appesantir
sur un grand nombre d’animaux intermediaires. Comparons de suite
ceux d’un ordre assez élevé : les têtes du blaireau, de la loutre, du
castor, du chien-marin, du loup, du renard, du chien lévrier et du chien
couchant ou du chien barbet. On voit, PL LXVI, que la tete du blaireau,
fig. i , est la plus basse, immédiatement derrière les sinus frontaux,
où le cerveau commence. La ligne la plus élevée ne dénote pas
encore la position du cerveau; elle marque seulement la crête osseuse
qui se trouve sur les vieilles têtes du blaireau, comme sur celles de
plusieurs autres carnassiers. La seconde indique la direction du cerveau.
Elle va en descendant, à partir des sinus frontaux, et forme avec
les os de la face un segment de cercle.
Dans la loutre , fig. 2, le cerveau est déjà sensiblement plus élevé.
Il l’est encore davantage dans le renard, fig. 3.
Dans la tête d’un grand lévrier, fig. 4 , l’élévation de la partie antérieure
du cerveau commence à former un front, dont il n’existe encore
aucune trace dans le blaireau, dans la loutre et dans le renard.
Le front est bien plus beau, plus élevé dans la tête du barbet,
éminemment éducable, fig. 5.
On obtient les mêmes résultats en comparant les têtes de la loutre et
du castor avec celle du chien marin, extrêmement docile; les têtes du
loup, de l’hyène, du chacal, du glouton, avec celles de toutes les
variétés de chiens, surtout avec les têtes de nos petits chiens de basse-
cour, si intelligens , du barbet et du chien d’arrêt. La tête du stupide
dogue de forte race, approche le plus de la tête du loup. Je possède
même la tête d’un loup, qui fut élevé avec ses frères et soeurs, mais qui
se distingua particulièrement par sa douceur et sa docilité. La région,
immédiatement derrière les sinus frontaux, esl beaucoup plushaute que
dans les loups ordinaires.
Je renvoie encore une fois mes lecteurs à la PI. XXXIII ; ils verront
que les circonvolutions antérieures sont plus développées et plus élevées
dans le cerveau du lion, fig. iv, que dans celui du tigre, fig. v,
dans lequel, au contraire , les circonvolutions de l’instinct meurtrier
sont plus larges et plus bombées que dans celui du lion.
■ Soumettons à la même comparaison différentes espèces de singes. Les
têtes des papions et des mandrins si sauvages, si terribles et si indociles
sont, à l’égard de l’organe de l’éducabilité, conformées à peu près
comme celles de la famille des tigres et des panthères. PI. LXVII, fig. 1,
la tête du redoutable pongo, et fig. 2, la tête du féroce et lubrique
papion de Buffon. (Simia Sphinx Lin.].
D’un tout autre caractère à l’égard de l ’éducabilité sont les singes
représentés PI. LXX 1X. Le sajou, fig. i (simia fatuellus), est cependant
encore bien différent du say, fig. 2 ( simia capucina ) , et celui-ci,
quoique doué de qualités très-aimables, ne sauroit être comparé au
chimpansé, fig. 3 , (simia troglodites ) ; il vit en troupes, se construit
des huttes de feuillages, sait s’armer de pierres et de bâtons, et les
emploie à repousser loin de sa demeure les hommes et les éléphans;
poursuit les négresses, et les enlève quelquefois dans les bois, etc. En
domesticité, il est assez docile pour être dressé à marcher à s’asseoir
et à manger à notre manière '. Enfin le singe, qui ressemble le plus à
l ’homme par la forme de sa tête et de son cerveau, c’est l’orang-outang,
fig. 4 (simia sa/jras) ; il est très-doux, s’apprivoise et s’attache aisément,
parvient à imiter un grand nombre de nos actions, etc. On a
déjà vu le cerveau de l’orang-outang, PI. X X X IV , fig. 2 et 3 ; le cerveau
du rhésus (patas) , fig 1., bien inférieur au précédent.
La même vérité se trouve confirmée dans tel ordre ou telle famille
d’animal que l'on veuille soumettre aux mêmes comparaisons,
* Le règne animal, par M. le chevalier Cuvier, T. I, p. 104.