
ils avoient clos leurs comptes ; lorsqu’ils s’étoient trompés dans leurs
calculs, son grand plaisir étoit de découvrir l ’erreur.
Lejeune Bidden, de Devonshire, âgé seulement de douze ans, eut
l ’honneur d’exercer, en présence de S. A. B. le duc d’Yorck, ses étonnantes
facultés pour les combinaisons de calcul. S. A. R. et les personnes
qui assistèrent à cet exercice , exprimèrent la plus grande
surprise lorsqu’elles virent cet enfant résoudre , sans le secours
d’aucune figure, tous les problèmes qui lui furent proposés. Il sur-
passoit ce qu’on avoit vu jusqu’alors de plus extraordinaire en ce genre,
et tous les genres de calcul lui étoient également familiers : c’étoit le
fils d’un pauvre ouvrier d’Exeter, père de neufenfans.
J’ai vu, à Paris, le jeune américain Colborn, dont il a été fait mention
dans les papiers des Etats-Unis, et plus tard dans les journaux anglois
et françois. l ’ai moulé la tête de cet enfant, et fait dessiner son portrait
PI. LXXXVII,fig. 1 .Je communique,à son sujet, la petite notice qui suit :
« Cet enfant est né en avril 1804, à Cabot, comté de Calédonie,
état de Vermont; il n’avoit pas encore sept ans à l’époque où le vit
M. Mac-Neven, qui rend compte de cette visite dans le Medical and
Philosophical Journal and Review, imprimé à New-York, 1811. Dans
le courant de la vie, Zerah paraît en tout semblable aux autres en-
fans, soit pour la légèreté, soit pour la puérilité de ses amusemensj
mais lorsque son attention se fixe entièrement sur quelque sujet, il
déploie alors des facultés très-supérieures à son âge, et lorsqu’il s’agit
de calculs, supérieures, je crois, à ce qu’on pourrait attendre de quelque
âge que ce soit. Ce fut en août dernier 1810, que son père lui entendant
répéter entre ses dents quelques nombres qu’il multiplioit pour
son plaisir, s’aperçut de sa prodigieuse facilité pour le calcul. L’attention
qu’elle excita, et l’exercice qui lui fut donné en conséquence de
cette attention, l’ont en quelques mois singulièrement augmentée. La
promptitude de ses réponses sur les questions d’arithmétique qui peuvent
lui être proposées, est telle, qu’il semble répondre de mémoire.
On ne peut cependant douter que cette promptitude ne soit due à la
rapidité de ses combinaisons, car dans les calculs un peu compliqués,
on l ’entend souvent multiplier, additionner ou soustraire tout haut,
et avec une incroyable vitesse. Il se reprend quelquefois; lorsqu’il
commet quelque erreur, il en parait excessivement mortifié; mais cela
ne lui arrive presque jamais. M. Mac-Neven l’a entendu réprondre sans
la plus légère apparence d’hésitation, et sans la moindre erreur, aux
questions suivantes. Demande. Que font 1347, et 2091? Réponse.
53g i. Demande. Quels sont les nombres qui, multipliés l ’un par
1 autre, donnent 1242 ? Les solutions suivantes furent données aussi vite
que le peut permettre la parole : 54 par a3 , 9 par i38, 27 par 4fi,
3 par 4 4 , 6 par 207, 2 par 621. D. Quel est le nombre qui, multiplie
par lui-même, produit 1369? R. 37. D. Quel est le nombre qui,
multiplie par lui-même, donne 2401 ? R. 49; et 7, multiplié par 343,
donne le meme nombre. « Lorsqu’on exprimoit les nombres par mille
et par cent, il crioit avec impatience : mettez-les en cents; c’est-à-dire
que pour 2401, il vouloit qu’on lui dît 24 cents et un ». « D. Que
donnera 6, multiplie 6 fois par lui-même? 11 calcula tout haut de la
manière suivante, et aussi vite que peut aller la parole : 6 fois 6 font
3 6 , 6 fois 36 font 216,6 fois 216 font 1296,6 fois 1296 font 7776,
6 fois 7776 font 46656, 6 fois 46656 font 279936 .».
D. Combien d’heures en 26 ans 11 mois et trois jours? R. 226992. La
personne qui lui avoit fait cette question s’étoit trompée dans le calcul
qu’elle avoit de son côté; ensorte que lorsque Zerah répondit, elle
crut que c étoit lui qui se trompoit. Zerah, après un moment de réflexion,
assura que c’étoit son calcul qui étoit juste : on refit l’opération,
et il se trouva qu’il avoit raison ». Ceux qui questionnoient
1 enfant ont oublié de faire entrer dans ce de.rnier calcul la différence
des années bissextiles, et ont supposé les onze derniers mois
de trente jours. Cet oubli rappelle une anecdote du même genre. On
amena à d’Alembert un petit pâtre qui avoit aussi une étonnante facilité
de calcul. Mon enfant, lui dit d’Alembert, voilà mon âgé; combien
ai-je vécu de minutes? L ’enfant se retira dans un coin de la chambre,
cacha son visage dans ses mains, et vint un moment après répondre à
d’Alembert, qui n’avoit pas encore achevé le calcul qu’il avoit entrepris