
à trois parties. Piccini, dès sa plus tendre enfance, montra un goût
tellement décidé pour la musique, qu’il ne pouvoit voir un clavecin
sans tressaillir. Mozart père parcourut l’Europe dès l’âge de six ans,
jouant du piano, non-seulement avec une grande force d’exécution
mais avec ame , avec goût. Mozart fils étudia , dès l’âge de douze ans,
la composition sous le fameux Streicher. Un autre prodige, c’est le
jeune Desales, enfant de douze a treize ans, qui a joué un concerto
de violon, hérissé de difficultés, avec une vigueur et une adressé
tout-à-fait extraordinaires. Cet enfant sentoit vivement ce qu’il exécu-
toit; son style étoit large et plein de verve. Mademoiselle Bills,
de Bruchsal, âgée alors de 7 ans, commença à prendre des leçons
de musique de son père vers la fin de décembre 1799 , et dès le
mois d’avril 1800, elle se fit entendre à Paris. Crotsch annonçoit
dès l’âge de deux ans, un talent extraordinaire pour la musique.
Crouchby jouoit du clavecin dès l’âge de trois ans, et donnoit des
marques d’improbation à chaque touche fausse; à l’âge de six ans
c’'étoit un virtuose. Tout le monde connoît les frères Pixis, dëiyianheim
et beaucoup d’autres génies précoces semblables.
De pareils prodiges sont, dordinaire, sous tout autre rapport que
celui de leur talent, des en fans comme les autres; ce qui prouvé bien
que la faculté par laquelle ils se distinguent, ainsi que son organe, sont
indépendans de toutes les autres facultés et de tous les autres organes
et qu’il faut la reconnoltre pour une force primitive.
Les individus doués d’un grand développement de l’organe du sens
des rapports des tons, nés, par conséquent, pour la musique en général
ou pour le chant, excellent souvent sans aucune instruction
préalable, dans le genre de musique qu’ils sont à même d’exécuter.
Tel paysan est un virtuose par sa manière de siffler ; une feuille de
tilleul, un petjt tuyau de paille, sont les instrumens sur lesquels il
efface ses camarades; telle vachère conduit le chant à l’église; tel mendiant
charme les âmes bienfaisante par son chant.
Activité de l ’organe de la musique dans l ’idiotisme et
dans l ’aliénation mentale.
Dans certains cas, tant de manie que d’idiotisme, où toutes les autres
qualités et toutes les autres facultés de l’ame sont troublées, celle-ci
se manifeste dans un état presque d’intégrité. Une fille de quatorze ans
chantoit, avec précision, quarante chansons qu’elle savoit toutes par
coeur; elle étoit cependant dans un état d’idiotisme tel, qu’elle man-
geoit du plâtre et du charbon; qu’elle rongeoit les os comme un chien,
et faisoit des efforts pour dévorer tout ce qui lui tomboit sous la main.
Une dame, qui d’ordinaire ne chantoit jamais, devint aliénée par
suites de couches; dans son aliénation, elle chanta sans discontinuer
pendant plusieurs semaines, et quelquefois son chant étoit singulièrement
mélodieux. M. Spurzheim cite un fait semblable observé en Angleterre.
Seroit-il permis d’en conclure qu’il existe un rappport entre la
matrice etl’organe delà musique? J’ai déjà parlé ailleurs d’un jeune garçon
qui resta deux mois privé du sentiment de sa propre existence, et qui,
pendant cette période, chantoit tous les vaudevilles qu’il avoit appris
auparavant. M. Pinel parle d’un musicien aliéné à qui, lors de sa convalescence,
un souvenir confus rappela son instrument favori, le violon;
on le lui fit donner, et il reprit en peu de jours son ancienne supériorité.
11 est à remarquer que ce musicien tenoit encore, à la même époque ,
les propos les plus décousus ; ne parloit souvent que par monosyllabes
qu’il entremêloit de sauts, de danses, de gestes les plus insensés et
les plus absurdes. J’ai vu un aliéné qui donnoit des leçons de violon.
On ne sait que trop, dans les hospices pour les aliénés, que certains
maniaques troublent le repos de tout le voisinage, par leurs chants
perpétuels.
Apparence extérieure, de l ’organe de la musique chez
l’homme.
Pour faire des observations sur cet organe , il faut bien se garder de