
On obtiendra le même résultat en confrontant la tête de notre castor,
qui, abandonné à ses instincts, construit si bien, avec la tête d’une
autre espèce de castor, qu’on dit être dénuée de l’instinct de bâtir.
Quoique les crânes du blaireau et de la taupe, aient, dans la région
indiquée, une proéminence assez sensible, elle est pourtant très-difficile
à saisir, à moins qu’on soit déjà très au fait de cette organisation.
Plus nous nous familiariserons avec l’organisation du cerveau des
différentes espèces d’animaux, et plus nous aurons acquis de connois-
sances relativement à leurs instincts, plus nous nous convaincrons de
la vérité de l’organologie.
Plusieurs de mes adversaires se sont déclarés contre l’idée que c’est
la même faculté fondamentale, au moyen de laquelle le castor bâtit
une cabane,une femme fait des ouvrages de modes, et Raphaël dessine
ses immortels tableaux. Divin Raphaël, te mettre sur une même ligne
avec le hamster, le castor et une ouvrière en modes ! Les plaisans de
profession peuvent attacher quelque importance à de semblables observations
; mais le naturaliste philosophe sait se dire qu’une force exprimée
ici par trois, et là par un million, peut être très-différente dans
ses effets, quoique sa nature reste la même.
Après avoir traité du sens des couleurs, du sens de la musique, du
sens des arts, etc., il me paroît superflu de faire remarquer fort au
long , combien sont dans l'erreur ceux qui disent de la sensation de la
vue : « qu’elle devient pour l’homme la source d’idées sublimes, et
de plusieurs arts libéraux, tels que la peinture, la sculpture, l’architecture
, la mimique ou pantomime, etc. ■ » ; et qui attribuent au
toucher notre supériorité sur les brutes. 1
1 Dictionnaire des Sciences médicales, T. X X I, p. 206.
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SECTION II.
Facultés intellectuelles et qualités morales qui distinguent
essentiellement l’espèce humaine d’avec toutes
les autres espèces danimaux.
I l en est des facultés intellectuelles que je viens de traiter dans ce volume,
comme des qualités morales qui ont fait le sujet du volume précédent.
Elles se retrouvent toutes, au moins dans leurs rudimens, chez
les animaux. Mais il n’y a que l’homme qui les réunisse toutes, quoique
aucune ne soit exclusivement sa propriété. Tous les organes de ces
facultés sont, comme je l’ai démontré, placés dans les parties inférieures-
anterieures, et inferieures-anterieures-latérales du cerveau, et quel-
qu élevés, relativement à l’étendue de leurs fonctions, qu’ils soient au-
dessus de ceux des animaux; quelque merveilleux que soient leurs
résultats, on ne peut encore les signaler que sous la dénomination
d’organes de facultés intellectuelles inférieures, que l ’homme partage
avec un grand nombre de brutes.
Mes lecteurs, après avoir vu l’homme si long-temps associé aux animaux,
seront enfin impatiens de savoir quelles sont donc les qualités
morales et les facultés intellectuelles qui donnent à l’homme son immense
supériorité sur les animaux; quelles sont les qualités et les
facultés qui constituent le caractère essentiel, distinctif de l’humanité ?
Rien de si facile que la réponse à cette importante question pour
ceux qui aiment encore à croire que les animaux ne sont que des machines
, des automates, privés de tout sentiment, de toute conscience
de tout principe moral et intellectuel.Dans cette supposition, l ’homme
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