
l’aigle commun (falcofulvus), qu’il leur prend des lièvres, des renards,
des loups et des antilopes.
Les individus de la même espèce et de la même variété d’animaux
offrent des différences frappantes à l’égard de la perfectibilité. L ’intelligent
barbet, le vigilant chien de berger, le docile chien couchant,
combien sont-ils plus faciles à élever que le beau dogue d’Angleterre et le
leste lévrier? Tel barbet surpasse, en docilité, tel autre barbet; tel chien
couchant est préférable à tel autre chien couchant; tel cheval à un autre
cheval. Un individu de pivoine, d’étourneau, de serin fait des progrès
plus rapides dans l’instruction que d’autres individus.
Enfin , une différence marquée sous le rapport de l’édueabilitë ,
résulte de la différence des âges. Ce que l’animal , instruit du moment
de sa naissance, apprend avec facilité, devient difficile pour l’animal
adulte, et presque impossible pour l’animal vieux.
Voilà jusqu’à présent un léger aperçu de laperfectibilité des animaux.
Maintenant, mes lecteurs ont le droit de demander si l’organisation du
cerveau des animaux explique leur éducabilité en général ; si cette même
organisation diffère selon les différens degrés d’éducabilité des espèces,
des variétés, des individus et des âges? Quand l’affirmative de ces questions
sera prononcée, on en conclura avec moi, qu’il est extrêmement
probable que la perfectibilité des animaux doit être considérée comme
la fonction d’un organe particulier de leur cerveau.
Examen de l ’organisation cérébrale des animaux,
comparée au degré de leur perfectibilité. Siège et
apparence extérieure de l’organe de la mémoire des
choses, ou de l’organe de Véducabilité, de la perfectibilité.
Que l’on s’arrête d’abord devant une série de crânes d’hommes et
d’animaux; qu’on les compare tels qu’ils sont dessinés, d’après nature,
sur toutes mes planches, et une différence essentielle frappera les yeux
de l’observateur. Le crâne humain est large dans sa partie antérieure-
inférieure, immédiatement au-dessus des orbites. Cette même région,
en même temps qu’elle s’élève pour former la partie inférieure du front,
avance plus ou mains au-delà des orbites; ceci prouve combien le
cerveau est développé dans la région antérieure-inférieure. Les crânes
des animaux, au contraire , sont, dans la même région , beaucoup plus
resserrés, étroits; e t, d’ordinaire si peu élevés , qu’ils fuient en arrière
immédiatement au-dessus des orbites qui ne se trouvent jamais outrepassés
par la capacité osseuse du cerveau ; ce qui indique que le cerveau
des animaux est, dans sa partie antérieure-inférieure, beaucoup moins
composé que celui de l’homme. Leurs organes ici sont moins nombreux
et plus petits ; d’où il résulte que les facultés qui y sont affectées
sont également moins nombreuses et plus foibles que dans l’espèce
humaine.
Ce fait a été reconnu par un grand nombre de naturalistes. Camper a
fondé là dessus sa théorie de la ligne faciale, dont j’ai démontré ailleurs
l’insuffisance pour déterminer la mesure de l’intelligence des brutes'.
Lavater, aussi convaincu de la signification de cette différence des
formes de la partie frontale inférieure , établit son échelle en partant
de la grenouille dont il hausse, par gradations, le front, jusqu’à ce
qu’il arrive à la hauteur du front de l’Apollon du Belvédère. Lavater
s’en est tenu uniquement à l’idéal, au lieu d’offrir la série des échelons,
tels qu’ils existent réellement dans le perfectionnement graduel
des animaux.
Cette observation n’a pas été bien précisée; car la région antérieure-
inférieure du cerveau étant occupée par plusieurs organes, à commencer
delà ligne médiane jusqu’à la partie temporale, ne saurait être prise
toute entière en considération pour mesurer le degré de perfectibilité.
Les seules circonvolutions placées -vers la ligne médiane, et séparées
seulement par l’interposition de la partie antérieure-inférieure de la
■ T. II, p .33o.
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