
amphibies, les mammifères ne sont que des animaux différemment modifiés?
D’après ce système, le cours d’histoire naturelle ne seroit pas
long! Mais comment naissent les modifications de ces sensations?
Comment ces divers mouvemens sont-ils effectués? Comment la faculté
générale de sentir devient-elle faculté de mouvement volontaire , faculté
de voir, d’entendre, de sentir? Comment devient-elle telle qualité morale,
telle faculté intellectuelle?
L ’auteur de tout ce qui existe ne dut-il pas creer une famille particulière
de nerfs pour les mouvemens volontaires, une autre pour les
fonctions des cinq sens, et une autre encore pour chaque fonction des
qualités et des facultés ?N’étoil-il pas nécessaire que les nerfs de chaque
sens eussent leur origine, leur structure, leur action propres? 11 y
a donc partout sensation, mais il y a partout quelque chose de plus
que la sensation modifiée de telle manière ou de telle autre ; il y a
partout sensation essentiellement différente; les sensations different
entre elles aussi essentiellementquelaplante diffère de 1 animal, et le
mamm ifère de l’oiseau. Le but des recherches du physiologiste est
de connoitre la différence qui existe entre les sensations, et de découvrir
les divers appareils, tant interne^ qu’externes, que la nature a
dû créer dans l’organisme, pour produire tant des sensations essentiellement
différentes, depuis la perception la plus simple d un stimulus
jusqu’à la pensée la plus élevée.
Ilestdonc évident que la manière de généraliser les idees, ne sauroit
point atteindre les objets tels qu’ils sont dans la nature. Nous allons voir
qu’il en est de même pour les autres facultés, que les idéologistes ont
reconnues comme seules facultés intellectuelles, et qu’elles ne sont également
que des attributs communs à toutes les facultés fondamentales.
De la perception, du souvenir, de la mémoire, du
jugement, de Vimagination et de l ’attention.
Pour prouver que les facultés de l’ame admises jusqu’ici par les
philosophes, comme les seules existantes, ne sont que l’apanage de
chacune des facultés fondamentales, je me contenterai de donner
quelques exemples dont il sera facile au lecteur de faire l’application
ultérieure.
J’ai mis au nombre des facultés fondamentales le sens des localités,
le sens des tons, le sens des nombres, le sens des arts. Or, celui qui est
douédusens des localités, du sens des tons, a nécessairement la faculté
de saisir lesrapports de l’espace, une faculté aperceptive pour les rapports
des tons. Il en est de même pour les nombres, relativement au sens des
nombres. Une personne douée du sens des localités se souvient des
rapports de l’espace, des lieux qu’elle a vus, lorsqu’elle s’y trouve
replacée de nouveau; elle jouit même de la faculté de se représenter,
par sa propre force interne,les rapports des lieux qu’elle a vus,
sans qu’il soit besoin que l’impression du dehors se renouvelle, c’est-
à-dire qu’elle est douée de la mémoire des lieux ; et celui qui se souvient
d’avoir déjà entendu telle musique, a le souvenir musical; celui qui est
capable de se représenter, par sa seule force interne, telle musique
qu’il a entendue, et sans qu’il soit besoin pour cela de renouveler l’impression
du dehors, a la mémoire musicale. De même, l’arithméticien
et le mécanicien ont le souvenir et la mémoire du rapport des nombres
et de l’arrangement d’une machine.
Il y a donc pour ces quatre facultés fondamentales, quatre-facultés
de perception, quatre facultés de souvenir, et quatre de mémoire. La
faculté de perception, la faculté du souvenir et la mémoire sont donc
communes à ces quatre facultés fondamentales et à toutes les facultés
fondamentales en général. Aucun de ces attributs communs ne constitue
une force fondamentale. Un animal peut avoir la faculté de percep