
ceau comme ceux de la composition musicale, après un grand nombre
de siècles.
Les expe'riences les plus récentes des physiciens, sur les couleurs,
faites à l’aide d’un certain nombre de lames transparentes superposées,
donnent des idées encore plus précises sur les lois de leurs proportions.
Celui qui, en vertu de son organisation, est capable de saisir ces
lois, est susceptible par cela même de sentir l’harmonie et la disharmonie
qui existe entre les couleurs. Celui chez lequel cette organisation
est développée à un haut degré, a un sentiment naturel et vif de cette
harmonie ; sans avoir appris ces lois, il les devine; partout où il rencontre
des couleurs, il porte, sans savoir comment ni pourquoi, un
jugement sur l’harmonie ou la disharmonie qui existe entre elles. Voilà
le talent du peintre, en tant que coloriste. C’est-là ce qui détermine la
vocation pour la peinture. Ce talent, il est vrai, peut être perfectionné
par l’étude des règles et des modèles, et devenir aussi un objet de 1 intelligence
; mais il n’existeroit pas sans cette révélation qui provient de
l ’activité de l’organe, et qui constitue son fond naturel.
Talent de la peinture dans Valiénation mentale.
Chez M. Pinel ', un sculpteur se livre à tous les emportemens de la
fureur dans sa loge; il met tout en pièce, et reste plusieurs mois dans
un état maniaque des plus violens. Le calme enfin succède, et on lui
donne la liberté dans l’intérieur de l’hospice ; son entendement étoit
encore foible, et il supportoit avec peine tout le poids d’une vie inactive.
La peinture qu’il avoit aussi cultivée parut sourire à son imagination,
et il désira de s’essayer d’abord dans le genre des portraits. On
s’empressa de le seconder dans son dessein, et il fit l ’esquisse des portraits
du surveillant et de sa femme. La ressemblance étoit bien saisie ;
le malade eut bientôt une rechute qui finit sa malheureuse existence.
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Mes lecteurs ne douteront plus, je pense, que le sens des couleurs
ne soit une faculté fondamentale, et qu’il ne se fonde sur un organe
cérébral propre.
De l organe du sens des couleurs et de l’apparence
extérieure de cet orO pane.
A Vienne, je n ai jamais perdu de vue la différence des talens qui constituent
1 art de la peinture, et j’ai observé, avec une attention toute particulière,
les peintres qui se distinguoient par le coloris , par exemple,
M. Lamby. Dans tous, j ’ai remarqué que la partie frontale située immédiatement
au-dessus du milieu de l’oeil avançoit en une proéminence
bombee; toute 1 arcade, surtout sa moitié extérieure, est dirigée en
haut, de manière que la moitié externe de l ’arcade sourcillière est plus
relevée que la moitié interne.
Je n’ai pu découvrir le siège et la forme de cet organe, qu’en observant
attentivement des coloristes très-distingués, et j’en ai fait la découverte
aune époque où je n’avois pas la moindre idée ni de la forme,
ni de la direction des circonvolutions cérébrales individuelles. Cependant,
plus tard, un examen attentif m’a fait découvrir dans la région
indiquée, une petite circonvolution saillante en dehors, ayant un demi
pouce à un pouce de diamètre transversal. C’est la circonvolution
X V I I I , PI. IV , PI. V , PI. XIII, dont le développement favorable détermine
le sens de l’harmonie et de la disharmonie des couleurs.
J ai trouvé cette découverte confirmée dans tous mes voyages. Nous
avons vu chez un amateur passionné du coloris, une collection de
portraits de tous les peintres fameux de l ’un et l’autre sexe qui se sont
distingués dans cette partie de l ’art. Dans tous ces portraits , nous trouvâmes
la région immédiatement au-dessus du milieu des sourcils extrêmement
saillante.
Nous fûmes frappés surtout d’un libraire d’Augsbourg, aveugle de
naissance, qui soutenoit que ce n’est pas l’oeil, mais l’intellect, qui
reconnoît, qui juge et qui crée la proportion des couleurs. Cet homme