
p h y s io l o g i e
résisteront aux hivers les plus rigoureux , tandis que la cigogne et le
vautour vont chercher un autre ciel?
On dit que c’est le défaut de nourriture qui force les oiseaux d’émigrer
; mals dans ce cas, qu’est-ce qui les engage à revenir au printemps,
puisque dans le pays où ils s’étoient retirés , ils trouveroient à manger
toute lannee. Du reste, les oiseaux émigrent bien avant le temps où
la nourriture viendroit à leur manquer : cela est si vrai, que souvent,
surtout lorsqu’il survient des jours froids, ils sont obligés par le défaut
de nourriture, de rétrograder à des distances considérables. Que l’on
donne a un rossignol la nourriture la plus abondante; on ne l’en verra
pas moins, à l’époque de l’émigration de son espèce, voltiger dans sa
cage avec toutes les marques de l’inquiétude, surtout lorsqu’il fait clair
de lune; car c’est surtout alors que les rossignols voyagent.
Dans certains pays, l ’alouette des champs, par exemple,’est oiseau
de passage; dans d’autres elle n’émigre pas, mais se rassemble en
troupes pendant l’hiver : cela ne fournit-il pas une objection contre
1 organologie ? Si les oiseaux émigrent en raison de l ’activité d’un
organe, leur conduite ne devroit-elle pas être la même dans toutes les
contrées?
Les circonstances extérieures ont, sans contredit, une influence
marquée sur le développement et sur le degré d’incitation d’un organe. -
Cest ainsi, par exemple, que les oiseaux nourris dans des pièces
chauffées, commencent à chanter de meilleure heureque ceux qui vivent
dans 1 air libre plus froid. Les poules, que l ’on nourrit dans des poulaillers
bien chauds, ne cessent de pondre que dans le temps de leur
mue. Mais la chaleur ne peut faire naître ni les ovaires, ni le chant.
e meme, les circonstances extérieures ne sauroient produire le penchant
a emigrer, si ce penchant n’est déterminé par un organe propre.
Lexemple de la perdrix et du moineau que j’ai cité, le prouve^
11 est donc certain qu’il faut admettre chez les animaux un sens et
un organe particulier pour les localités, que l ’activité de ce sens varie
non-seulement d une espèce à l’autre, mais encore d’un individu à un
autre.
Apparence extérieure de l ’organe des localités chez les
animaux.
Au premier coup-d oeil, cet organe ne parôît pas se trouvera la même
place chez les animaux que dans l ’homme. Il semble même placé très-
différemment dans les différentes espèces. Mais voici d’où provient cette
anomalie, qui dans le fait n’est qu’apparente. Lorsque latéralement et
en dehors de l’organe des localités, sont placés encore un ou plusieurs
autres organes, tels que celui des couleurs, des tons, des nombres, comme
dans l ’homme et dans les oiseaux chanteurs , l’organe des localités se
trouve plus ou moins rapproché de la ligne médiane. Là, au contraire,
où les facultés que je viens de nommer manquent , les organes qui y
correspondent manquent également, et'borgane des localités se trouvé
placé tout-à-fait en dehors sur le côté. Preuve convaincante que
les cerveaux des animaux ne sont que des fragmens du cerveau
humain, et que ceux-là comme celui-ci sont composés de plusieurs
Chez les petites èspèces d’oiseaux voyageurs, l ’organe du sens des
localités est trop difficile à distinguer. Même chez les grandes espèces, on
pourroitle confondre avec l'organe de l’amour de la progéniture. Dans la
bécasse, et dans quelques espèces de faucons voyageurs, l ’organe des
localités se présente exactement comme chez l’homme , à la différence
près qu’il est placé vers les côtés, et qu’il touche presque le bord postérieur
des orbites. r
Chez les mammifères, il ne faut pas négliger de remarquer si l’animal
est d’une espèce voyageuse, ou s’il se distingue seulement, par un
organe du sens des localités plus développé, des autres individus de
son espèce.
Les écureuils transmigrent quelquefois en troupes très-nombreuses
dans des pays lointains; d’ordinaire , ils quittent en hiver les bois où
le froid les incommode, pour s’établir dans les jardins; ces animaux
ont en général le sens des localités assez actif. Dans mon enfance, j’en