
falloit pas chercher les marques extérieures des forces intellectuelles,
parmi les organes des sentimens animaux, mais sur le front; et je
remarquai, dans la partie extérieure-supérieure-moyenne de l’os
frontal, une grande protubérance allongée, à laquelle je n’avois pas
fait attention jusqu’à ce moment. Cette protubérance commençoit dans
la partie antérieure-supérieure-moyenne du front où elle étoit large
d’environ un pouce, et se rétrécissant en forme de cône, descendoit
jusqu’à la moitié du front où elle touchoit à l’organe de l’édu-
cabilité.
Je fus a la recherche d hommes qui suivoient la même méthode
dans leurs discours ou dans leurs écrits, pour voir s’ils offroient la
même organisation. D’un autre côté , je m’informai de la marche de
l ’esprit des personnes chez lesquelles je remarquai la même protubérance.
Toutes mes observations vinrent confirmer la première. Je dus
en conclure qu’il existe une connexion entre le grand développement
de la partie cérébrale, placée sous cette protubérance, et la faculté de
trouver les analogies, les ressemblances, etc., etc.
A la même époque, j’acquis les têtes de deux ex-jésuites, l’un et
l ’autre prédicateurs très-distingués, qui avoient réuni les suffrages de
la classe instruite et du peuple. Dans leurs sermons, à l’aide de rap-
prochemens, de comparaisons et de paraboles, ils rendoient clairs, et
en quelque façon sensibles, les préceptes qu’ils vouloient inculquer à
leurs auditeurs. Plus tard, j’examinai aussi la tête du fameux père
Barhammer, PI. L X X X I I I , fig. 2, prédicateur fort suivi du peuple.
Les argumens n’étoient pas son genre; mais dans un style, [a la père
Abraham) , peu noble et peu soigné, il savoit tenir en haleine l’attention
de son auditoire par de nombreuses comparaisons prises toujours
des objets les plus connus dans la vie commune. J’ai vu souvent
la moitié des fidèles rassemblés s’endormir, ou du moins rester très-
indifférens aux sermons de prédicateurs beaucoup plus éloquens, mais
qui faisoient usage de raisonnemens philosophiques. L’esprit d’hommes
peu instruits est incapable de suivre une longue série d’argumens;
mais les comparaisons, les paraboles, répandent une lumière douce et
DU C E R V E A U . j g r
bienfaisante, produisent l ’effet de la conviction, et entraînent la multitude
la plus grossière.
r Dans ces trois têtes, la partie moyenne-antérieure-supérieure du front
étoit également voûtée en proéminence conique. Plus mes observations
de ce genre se multiplièrent, plus je fus convaincu que la tendance
d esprit, de chercher les comparaisons, les rapprochemens, etc.
resuite du développement favorable d’un organe particulier.
Preuves ultérieures que la sagacité' comparative se fonde
sur l'action de la partie cérébrale moyenne de la
région antérieure-supérieure du front.
En traitant des facultés fondamentales qui sont exclusivement l’apanage
de 1 homme, je n’ai plus à ma disposition autant de preuves que
pour celles qui sont communes à l’homme et aux autres animaux. 1
Toutes les ressources que l’anatomie et la physiologie comparées m’of- ’
muent pour appuyer mes assertions relativement aux organes dont
] ai traité jusqu’ici, viennent maintenant à me manquer, et je me trouve
restreint à l’homme seul; et l ’homme étant un être infiniment plus compliqué
que les animaux , par conséquent beaucoup plus difficile à
observer, il devient plus que jamais nécessaire de multiplier les faits
et de ne tirer des résultats qu’avec la plus judicieuse réserve.
On regarde d’ordinaire la sagacité et l’esprit comme deux facultés
non-seulement très- distinctes, mais même opposées. L ’on prétend que la
sagacité (Scharfsinn) ou h perspicacité, consisteà saisir les contrastes
et l’esprit, {FTitz) à découvrir les ressemblances. Mais comme celui qui a
la faculté de découvrir les ressemblances entre divers objets, doit nécessairement
en saisir aussi les contrastes, il s’ensuit que l’une et l’autre
de ces facultés sont des modifications de la même force fondamentale.
La dénomination perspicacité,sagacité, esprit de comparaison, me pa-
roît désigner exactement cette opération de notre intelligence. Je remarque
en général que les personnes chez lesquelles cette partie cérébrale a