
veillant, et qui sont entraînés, sans qu’ils y pensent, à la bienfaisance,
à la confiance, à la loyauté, à la cordialité; et qu’on compare ces
hommes avec les méchans, les vindicatifs, les perfides, avec ceux qui
méditent et cherchent partout la fraude, la cabale, la ruine des
autres, etc.; et bientôt l’on sera forcé d’avouer que la bienveillance est
une qualité fondamentale , indépendante de toutes les autres, et que
son organe est placé dans la ligne médiane de la partie supérieure-antérieure
de l’os frontal.
Tous les crânes de Caraïbes, PI. LX X IV , fig. i et fig. 2, que j’ai eu
occasion de voir, ainsi que les crânes d’une tribu de Nègres des îles
Caraïbes qui se distingue par sa cruauté, sont déprimés dans la région
indiquée.
Suivant que cet organe co-existe avec d’autres organes également
très-développés, il doit résulter différentes modifications de ces combinaisons
diverses. Le voleur, doué de bienveillance, donne aux pauvres
une partie du fruit de ses vols. C’est ainsi que St.-François de Sales
trompa au jeu pour venir au secours des indigens. Le voluptueux partage
sa fortune avec des femmes qui se trouvent dans l’abandon ; le dévot
fait de bonnes oeuvres pour l’amour de Dieu.
Comme cet organe est commun à l’homme et aux brutes, l’on pour-
roit demander pourquoi dans l’homme il n’est pas placé immédiatement
à la suite des autres organes qui lui sont communs avec les autres
espèces animales? Pourquoi chez lui il est placé au-dessus des organes
des facultés intellectuelles?
Cette exception, dans l’arrangement des organes, peut servir de preuve
au lecteur, que je ne me suis point laissé entraîner par le raisonnement,
mais que j’ai pris les faits pour mon guide unique. En y réfléchissant,
l ’on trouve que la nature peut avoir eu de très-sages raisons pour placer
ainsi 1 organe de la bonté. Peut-être la nature se proposoit-elle un but
très-relevé en combinant l’action de l’organe de Ja bonté, de la bienveillance,
de la générosité, de l’amour du prochain, du sens moral
avec celle des organes des facultés intellectuelles. L’auteur de tout ce
qui existe n’ignoroit pas que les jugemens et les actions de l’homme
sont déterminées bien plutôt par ses sentimens et par ses penchans
que par son jugemeut. C’est encore apparemment pour une raison ana-
logue, que l’organe du sens moral, du sentiment du juste et de l’injuste
est immédiatement suivi de l’organe qui porte l’homme à l ’adoration
d’un être suprême.
De l’action de l ’organe de la bienveillance dans la manie.
Cet organe joue, plus souvent qu’on ne pense, son rôle particulier
dans la manie , tant chez les aliénés qui së livrent à toutes sortes de
malices et de méchancetés, que chez ceux qui veulent combler de biens
tout le monde.
Un hussard, qui avoit toujours manifesté une grande bonté de caractère,
devint aliéné. Il ne souffritplus sur luile moindre vêtement, mais
il donnoit tout; il ne cessoit de dire qu’il vouloit rendre tout le monde
heureux; et dans tous ses projets de bienfaisance, il mêloit la Sainte-
Trinité. Son crâne prouve qu’il avoit les organes delà bonté et celui de
la dévotion l’un et l’autre extrêmement développés.
Histoire naturelle de la bonté et de la douceur chez les
animaux.
Il y a une grande différence chez les animaux, tant d’espèce à espèce,
que d’mdividu à individu, relativement à la bonté et à la douceur de
caractère. Quelques espèces et quelques individus ont naturellement
un caractère doux et bon; d’autres sont méchans; et, dans toutes les
occasions, ils mordent, ruent, frappent des cornes, etc. Le chamois n’a
pas à beaucoup près le caractère aussi doux que la chèvre et la brebis ;
le tigre est plus cruel que le lion; l’hyène est plus à craindre que le