
tion, la faculté du souvenir et la mémoire, relativement à une force
fondamentale, par exemple, relativement au sens des localités,au sens
des tons, et n’avoir ni faculté de perception, ni souvenir, ni mémoire
relativement au sens des nombres ou des mécaniques, parce qu i! manque
de ces deux dernières facultés fondamentales. Lorsque la faculté
fondamentale manque, les attributs doivent manquer également. Le
chien, doué à un degré si étonnant du sens des localités, n a ni faculté
de perception, ni souvenir , ni mémoire, pour les rapports des tons,
pour la structure d’une machine, pour les idées morales et religieuses.
Le castor qui est un si admirable architecte, n’a ni faculté aper-
ceptive, ni souvenir, ni mémoire pour les rapports des tons et des
couleurs, et cela encore par la raison qu’il est privé des.deux facultés
fondamentales, du sens des tons et du sens des couleurs.
De ce que je viens de dire, il résulte clairement que la faculté aper-
ceptive, la faculté du souvenir et la mémoire ne sont que des attributs
communs aux facultés fondamentales, mais pas du tout lès facultés fondamentales
elles-mêmes; et par conséquent elles ne peuvent pas avoir
leurs organes propres. Ceux qui ont cherché de semblables organes, ne
pouvoient donc pas en trouver. En effet, si la faculté aperceptive étoit
une force fondamentale et avoit son organe particulier, l’animal ou
l’homme qui en seroit doué pour un objet, devrait être doué aussi
de la même faculté aperceptive pour tous les objets. Or, l’histoire naturelle
prouve le contraire chez l’homme frappé d’une imbécillité partielle,
et chez diverses espèces d’animaux. Il en est précisément de même
pour le souvenir et pour la mémoire. L’homme et l’animal ne peuvent
avoir ni souvenir, ni mémoire pour les objets pour lesquels ils n’ont
reçu aucune réceptivité.
Si la faculté aperceptive, le souvenir et la mémoire étoient des forces
fondamentales, il n’y aurait pas de raison, pour qu’elles se montrassent
à un degré si différent, selon qu’elles s’exercent sur des objets différens;
il n’y auroit pas de raison, pour que le même individu, ou même tous
les individus n’apprissent pas avec la même facilité la géographie,
la musique; l ’arithmétique et la mécanique; pour qu’ils n’eussent pas
la mémoire, également fidèle pour tous ces objets? Mais où est l'homme
qui, avec toute l’application possible, réussisse avec la même facilité dans
ces différentes parties? qui n’ait, sous certains rapports, une capacité,
une mémoire étonnantes; et, sous d’autres rapports, les mêmes facultés
extrêmement bornées?
Tout ce que je viens de dire des trois attributs communs à toutes
les facultés fondamentales , est applicable aussi au jugement et à
l ’imagination. Quiconque est doué à un degré éminent du sens des
localités, reconnoît facilement les rapports des lieux, a du jugement
pour les rapports dans l’espace. Quiconque est doué d’un sens des
tons très-actif, sent les accords, juge promptement la justesse ou le
défaut de justesse des rapports des tons, à du jugement enfin pour lés
rapports des tons.
De même, le sens des nombres a un jugement pour les rapports des
nombres; le sens des arts, un jugement pour les ouvrages de l’art; mais
là où la faculté fondamentale manque , le jugement relatif aux objets
de cette faculté fondamentale doit nécessairement manquer aussi.
l ’appelle imagination , l’action de toute faculté quelconque qui a lieu
indépendamment du monde extérieur. L ’imagination est la puissance
créatrice de chaque faculté fondamentale. L’imagination du sens
des localités crée des paysages. L’imagination du sens des tons crée de
la musique. L ’imagination du sens des nombres crée des problèmes.
L ’imagination du mécanicien crée des machines.
Ceci explique comment le même homme peut avoir un jugement
prompt et sûr relativement à certains objets, et être presque imbécile
relativement à d’autres. Commentil peut avoir l’imagination la plus vive
et la plus fécondepourtel genre d’objets, et être glacé, stérile pour tel
autre. Il est impossible que l’animal ait du jugement et de l’imagination
pourdesobjetspourlesquels la natureluia refusé la faculté fondamentale.
Quel jugement porteront sur la musique ou sur les rapports des
nombres, le renard qui jugé admirablement les moyens d’échapper aux
pièges et de surprendre sa proie; le castor qui juge l’accroissement et
le décroissement du fleuve, au point de disposer ses constructions en