
d’attraction et la force de répulsion appartiennent à toutes les substances
matérielles, à la lumière comme au métal, aux parties intégrantes de la
plante comme à celles de 1 homme.
Si les physiciens s’étoient contentés de la connoissance de ces propriétés
générales, que saurions-nous en physique? Nous ne saurions
distinguer, par aucun caractère spécifique, les substances les plus dissemblables,
telles que la terre,l’eau, l’air,les méta ux,la lumière, les plantes,
les animaux; tous ces êtres sont doués de l ’étendue, de l’impénétrabilité
de l’attraction et de la répulsion.
Qu’a-t-il fallu faire? il a fallu chercher des caractères particuliers et
distinguer les corps en classes ; c’est d’après des caractères certains, que
l ’on a distingué la terre de l’eau, l’eau des métaux, les métaux des
plantes, lés plantes des animaux, et il y avoit un grand pas de fait.
V Mais si l’on s’en fût tenu aux propriétés communes à tous les métaux,
à toutes les plantes l f { sciences naturelles seroient encore nulles ;
il a fallu distinguer un métal de l ’autre, une plante de l’autre, etc.,
c’est-k-dire trouver les propriétés qui distinguent telle classe de métaux,
de plantes, d’animaux. L’on a parlé d’animaux terrestres et aquatiques,
d’insectes de poissons, d'amphibies, de mammifères, et à mesure que
l’on a abandonné de plus en plus les généralités, l’on s’est occupé
davantage des propriétés particulières ; on a établi des subdivisions
l’on a divisé les mammifères en frugivores et carnassiers ; l’on
a subdivisé les carnassiers en chéiroptères, galéopthèques, insectivores,
carnivores,.etc. , etc., et plus on a fixé des caractères qui ne conviennent
au’à des genres ou à des variétés particulières, plus les connoissances du
naturaliste sont devenues précises, claires, individuelles et par conséquent
utiles. . • c j i
Comment se fait-il donc, que précisément ceux qui sont si fiers de leur
tendance métaphysique; qui professent les résultats de leurs spéculations
avec tant d’assurance comme des vérités démontrées, rejettent cette méthode
et qu’ils croyentleurs notions d’autantplus exactes qu ellesontplus
de généralité, c’est-à-dire quelles sont moins applicables a des cas particuliers,
à des faits individuels, et que par conséquent elles sont moins
pratiquées? C’est probablement parce que la méthode de ces philosophes
ne les assujétit à aucune observation, qu’elle laisse le champ absolument
libre au raisonnement comme aux sophismes, et qu’avec cette
manière de procéder, chaque métaphysicien a la facilité de bâtir, en
peu de temps, un système à lui, et de devenir chef de secte. Mais il en
résulte nécessairement que ces doctrines n’ont rien de commun avec
le monde réel; qu’elles,portent toutes l’empreinte de la tournure d’esprit
et de la portée de leurs inventeurs; qu’elles diffèrent entre elles
autant que le génie de ceux qui les ont imaginées.
J’entre en matière et je commence par montrer ce défaut de toutes
les philosophies actuelles relativement aux fonctions supérieures de la
vie animale, c’est-à-dire, ralativement aux qualités morales et aux facultés
intellectuelles.
La propriété la plus générale, commune à tous les nerfs, c’est la sensibilité
ou l’aptitude à percevoir les irritations, les stimulus, la sensation.
N’y a-t-il pas, de nos jours encore, des philosophes qui n’admettent
que cette seule et unique force dans le règne animal; qui en
déduisent les mouvemens volontaires, les fonctions des cinq sens et
toutes les qualités morales, ainsi que toutes les facultés intellectuelles?
Penser, disent les idéologistes, c’est sentir ; avoir du souvenir, de la
mémoire; juger et tout n’est que sentir. Toutes les facultés de l’intelligence
sont renfermées dans la faculté de sentir, et la seule diversité
du mouvement explique, d’après M. Destut-Tracy, toutes les différentes
manières de sentir.
11 n’y a point de doute que la sensibilité joue un rôle dans tous ces
phénomènes, comme tous les corps sont doués d’étendue et d’impénétrabilité.
Mais qu’y a-t-il de gagné pour la physiologie, lorsque l’on
sait que les nerfs sont sensibles? Cela nous donne-t-il quelque lumière
sur la véritable cause, sur les conditions matérielles des fonctions déterminées
surles mouvemens volontaires, sur les diverses fonctions des
cinq sens, sur les diverses qualités morales et facultés intellectuelles?
Ecouteroit-on un naturaliste qui nous diroit que tous les êtres ne sont
que des corps différemment modifiés; que les insectes, les poissons, les B IV ,