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ne connois pas de mot françois qui rende absolument la même idée.
Cette faculté considère les objets sous un point de vue tout-à-fait
particulier; leur trouve des rapports tout-à-fait particuliers, et les
présente d’une manière tout-à-fait particulière, qui constitue ce que
l ’on appelle le s e l, la causticité, et quelquefois la naïveté. Pour
donner à mes lecteurs une juste idée de cette faculté, je ne vois pas
de meilleur moyen que de citer des hommes dont le talent dominant
étoit celui qui la suppose; tels sont Lucien, le Voltaire des Grecs et
par la hardiesse et par le tour d’esprit; Rabelais, Cervantes, Marot,
Boileau, Racine , Régnier, Swift, Sterne, Voltaire, Piron, Rabener,
Wieland, etc.
Dans toutes les personnes éminemment douées de cette faculté que j’ai
eu l’occasion d’examiner, j’ai trouvé les parties antérieures-supérieures-
latérales du front considérablement bombées en segment de sphère.
Lorsque cette organisation est dominante, elle emporte d’ordinaire
un penchant irrésistible à tout persiffler, sans épargner ni frère ni
ami; et comme il y a des personnes qui, faute de mieux, se volent
elles-mêmes, il y en a aussi qui, à défaut d’autre sujet, lancent des
traits contre elles-mêmes.
Aristophane étoit si mordant, qu’il n’épargna pas sa propre famille.
Socrate et Euripide furent en butte à ses sarcasmes. On a blâmé
Henri IV d’avoir trop aimé à plaisanter; on lui a reproché sa gaîté
au milieu d’un combat, ses bons mots dans la pauvreté et le malheur,
et les saillies quelquefois intempestives d’une ame vive.
Le baron Grimm dit de Piron : « Ce poète étoit une machine à
saillies, à épigrammes, à traits. En l’examinant de près, l’on voyoit que
ces traits s’entre-choquoient dans sa tête, partoient involontairement,
se poussoient pêle-mêle sur ses lèvres, et qu’il ne lui étoit pas plus
possible de ne pas dire de bons mots, de ne pas faire des épigrammes
par douzaines, que de ne pas respirer. Piron étoit un vrai spectacle pour
le philosophe1 ».
Correspondance, T. I , p. 3go. ( i " . édition i8 n ).
Mathurin Regnier, marqua dès sa jeunesse son penchant pour la
satyre. Son père le châtia plusieurs fois pour l’en corriger. Punitions
prières, tout fut inutile.
Diogene le cynique, mordant, esprit plaisant, se jouoit de toutes
les folies.
Cicéron avoit un penchant extrême à la raillerie. Horace, philosophe
enjoué de la cour d Auguste, manie d’ordinaire la satire avec délicatesse,
Juvén al, censeur impitoyable du siècle de Domitien, déchire
tout ce qu’il touche.
Que l’on considère les bustes et les portraits de Diogène, d’ArisdT
' y y Ÿ iI 0 ? 11 1V ’ de Cicer° n ’ de Cervantes, de Rabelais,
f ! ’ DAXX1II, fig. 4, de Boileau, de Racine, de Régnier, de Swift, de
Piron, fig. 5 , de Sterne, fig. 6, de Voltaire, PI. LXXXIV, fig. 4, de
Wieland, etc. L’on trouvera, dans tous, la partie antérieure-supérieure-
latérale du front, bombée en deux segmens de sphère.
D’autres personnes manquent de ce talent, et quelquefois à tel
point, que, comme Crébillon, elles haïssent et méprisent tout ce qui est
satire ou épigramme. Dans ce cas, la même région du front est rétrécie,
PI. LXXXIV, fig. 5.
Il n’est donc plus permis de douter que ce talent ne soit indiqué
par 1 organisation que j ’ai décrite. La manière dont il se manifeste
par des sarcasmes offensans ou par des bons mots sans fiel, le choix
de ses sujets, e tc., tout cela dépend du plus grand ou du moindre
développement d’autres organes.
Ce sont les circonvolutions xxiv, PI. VIII, IX , qui constituent
1 organe de Vesprit.
Causalité, esprit d’induction , tête philosophique.
En discutant, vol. II, les moyens de connoître la mesure de l ’intelligence,
j’ai prouvé qu’avec le même volume du cerveau, différens
individus peuvent avoir des qualités morales et des facultés intellectuelles
tout-à-fait différentes. S’il est question de savoir quelles sont