
acquis un haut degré de développement, saisissent et jugent bien les
rapports des choses, des circonstances et des événemens, et que généralement
elles sont très-propres à la conduite des affaires.
Les enfans chez lesquels cet organe est considérablement développé,
préfèrent les fables à tous les autres objets qu’on leur enseigne. Je
possède un plâtre de Lafontaine, dans lequel cette partie est extrêmement
développée , et où les autres parties sont plus petites qu’elles ne
paroissent ordinairement dans les gravures. Mon plâtre coïncide avec
le buste en terre cuite qui se trouve au musée des monumens françois.
Souvent j’ai dit à des hommes, chez lesquels je trouvois cette organisation
à un très-haut degre : Dans vos écrits. et meme dans vos
lettres, dans vos discussions, vous faites fréquemment usage de comparaisons.
Après quelques momens de réflexion, ils reconnurent réellement
en eux cette tendance particulière, dont ils ne s’étoient point
doutés jusqu’à ce moment. En faisant à Francfort la connoissance du
.fameux prédicateur Hufnagel, PI. LXX X 1II, fig. i , nous vîmes qu’il
'a cet organe très-développé; et c’est avec une vive joie qu’à Weimar
nous le reconnûmes à un singulier degré de développement sur le front
deM. Goethe; aussi trouve-t-on des rapprochemens et des comparaisons
à chaque page des écrits de ce beau génie.
Cet organe est en général d’un merveilleux secours aux poètes : avec
lui tout devient image, de façon que certains poètes attribuent leur
talent tout entier à la faculté de parler par des images, et n’ont pas la
moindre idée de ce qui constitue véritablement le génie poétique. Je
trouve cet organe très-développé dans les bustes des anciens qui se sont
distingués par leur sagacité, par exemple dans celui de Caton, de
Solon, PI. LXXXVII, fig. 6, de Mécène.
Saint-Thomas d’Aquin, PI. LXXXVII, fig. 4, fut de tous les scholastiques
des temps de barbarie, sans contredit, le plus profond, le
plus judicieux et le plus clair; aussi l’organe de la sagacité comparative
est-il très-visible sur son front
La tête de St.-François de Sales, PI. LXXXVII, fig. S, est en général
très-belle, très-élevée, haute, et d’un caractère extrêmement noble; mais
l’on y remarque surtout un grand développement de l’organe de la
perspicacité comparative, et de grands yeux déprimés, tels qu’on les
trouve d’ordinaire chez les philologues. Aussi montre-t-il partout une
grande érudition, et il n’y a pas de page de son Introduction à la vie
dévote, où l’on ne trouve quelques rapprochemens et même quelques
comparaisons soutenues. J’ouvre le volume, je tombe à la page 164 ,
et je lis : « Si nous sommes pointilleux pour les rangs, pour les
séances, pour les titres, outre que nous exposons nos qualités à
1 examen, à l’enquête-et à la contradiction, nous les rendons viles et
abjectes; car l ’honneur qui est beau, étant reçu en don, devient vilain
quand il est exigé, recherché et demandé. Quand le paon fait sa roue
pour se voir en levant ses belles plumes, il se hérisse tout le reste, et
montre de part et d’autre ce qu’il a d’infâme : les fleurs qui sont belles
plantées en terre, flétrissent étant maniées. Et comme ceux qui odorent
la mandragore de loin et eu passant, reçoivent beaucoup de suavité;
mais ceux qui la sentent de près et longuement, en deviennent assoupis
et malades : ainsi les honneurs rendent une douce consolation
à celui qui les odore de loin et légèrement; sans s’y amuser ou s’en
empresser; mais à qui s’y affectionne et s’en repaît, ils sont extrêmement
blâmables et vitupérables ».
Tant il est vrai que l’homme trahit le secret de son organisation par
ses pensées et par ses écrits.
Sur l éducation de l'espèce humaine.
Quel peut avoir été le but de la nature , ou du Créateur, en plaçant
cet organe dans la ligne médiane, où se trouvent toujours les organes
les plus essentiels? Que l’on me permette défaire ici une digression
philosophique : elle peut être permise, je pense, à un homme qui est
persuadé que l’organisation est la principale source des phénomènes
psychologiques.
J’ai dit qu’à l’aide de l’organe de la sagacité comparative l ’homme
fait des comparaisons, c’est-à-dire que par le secours de cet organe il