
exécuteroient-ils ces procédés réguliers, s’ils ne mesuraient pas les intervalles
du temps?
Les perdrix rouges, quoiqu’en société moins rapprochée, sont dans
le même cas que les faisans; et les chasseurs intelligens savent si c’est
dans les bois ou dans les plaines qu’il faut les aller chercher, selon les
heures. Les lapins ont cela de particulier, que l’expérience du passé
leur donne, à quelques égards, d’une manière plus marquée, une con-
noissance assez certaine de l’avenir. Pendant l’été, ils sortent ordinairement
de leurs terriers quelque temps avant le coucher du soleil,
restent dehors une partie de la nuit, et se lèvent encore assez généralement
vers huit à neuf heures du matin, quand il ne fait pas chaud.
Mais si vous les trouvez sortis presque tous à deux ou trois heures après
midi, s’ils mangent fort avidement, si l’attention qu’ils y mettent les
rend plus hardis et moins précautionnés qu’à l’ordinaire, vous pouvez
être certain qu’il pleuvra dans la soirée ou dans la nuit. L’avidité très-
caractérisée des lapins, est donc alors un acte de prévoyance, c’est-à-
dire qu’en conséquence d’une sensation quelconque qu’ils ont déjà
éprouvée , et qu’ils éprouvent encore, ils jugent de l’avenir par le passé.
Les animaux domestiques ont également la mesure du temps. La
connoissance du passé leur fait aussi préjuger l’avenir. Les heures de
l’avoine se marquent par le hennissement impatient des chevaux. Ceux
qui sont ou foibles ou de mauvais caractère ne manquent pas de faire
les plus grandes difficultés pour outre-passer les lieux où ils ont coutume
de se reposer. Ils ont donc la conscience de leur existence passée. Les
chiens, ceux surtout qu’on a coutume de mener à la chasse à une certaine
heure, annoncent le moment par des cris d’impatience toutes les
fois qu’il est retardé. Celui du départ est signalé par les signes de la
joie la plus vive. Le chasseur en est souvent importuné, et il a beaucoup
de peine à les réprimer, surtout lorsqu’armé de son fusil il leur
annonce le retour prochain du plaisir dont ils conservent le souvenir.
Qui ne sait pas que les chiens et tous nos animaux domestiques marquent
avec impatience le moment où ils ont coutume de recevoir leur manger?
Il est donc certain qu’ils ont la mesure du temps.
du c ea v EAU. 4 3
Mais y a-t-il un organe particulier pour cette mesure, et où a-t-il
son siège? M. Spurzheim est disposé à croire que son organe est situé
au-dessus de celui de l’ordre, et près de la mélodie qui en reçoit une
assistance marquée. Quand on aura recueilli de nombreuses observations
sur des personnes qui se livrent avec passion à tout ce quia rapporta
la chronologie, au temps, aux dates, et qu’on les aura comparées
soigneusement a celles faites sur les arithméticiens , l’on sera peut-être
en état de prononcer sur cette matière.
XIX. Sens de mécanique, sens de construction, talent
de l ’architecture.
Historique.
Il m est arrivé pour le sens de la mécanique, des constructions et de l’architecture
et pour son organe, la même chose précisément que pour le
sens et 1 organe de la musique. Lorsque je commençai à m’en occuper
je ne m’étois pas encore bien pénétré de l ’idée que chaque qualité où
chaque faculté dépend d’une partie cérébrale particulière. C’est-Ià ce
qui m’induisit à porter mon attention sur la forme totale de la tête des
grands mécaniciens. Souvent je fus frappé de la circonstance que la
tête de ces artistes étoit aussi large dans la région temporale que dans
celle de la pommette. Ce n’étoit point encore là un caractère certain
mais je le retrouvai souyent, et je fus du moins de plus en plus convaincu
que le sens de la mécanique est aussi une faculté fondamentale
propre.
Je m’appliquai principalement à découvrir un caractère extérieur
certain. Je cherchai partout à faire la coDnoissance de mécaniciens
distingués; j’étudiai la forme de leur tête, et je la moulai. J’en rencontrai
bientôt chez lesquels le diamètre d’un temporal à l’autre était
ien plus considérable que celui d’un zygomatique à l ’autre. Je rencontrai
enfin deux mécaniciens très marquans chez lesquels les tempes