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inandation auprès de son oncle. L ’enfant garda le silence , et témoigna
par un regard et par un air de mécontentement, qu’il ne vouloit
pas faire ce qu’on lui demandoit. Pompedius insista, et, voulant pousser
cet enfant à bout, le prit entre ses br*»s et le porta à la fenêtre,
en le menaçant de le laisser tomber s’il perséveroit dans son refus;
mais la crainte ne fit pas sur lui plus d’effet que les prières.... Il se
tua pour ne pas se soumettre à son ennemi.
Lesenfans nous offrent journellement des exemples, tant de fermele
que de mollesse de caractère ; les uns sont volontaires et entêtes, lorsqu’^
ont mis leur tête à une chose, rien ne peut les en détourner ;
d’autres sont souples , n’ont jamais de volonté, ne savent jamais dire
non : voilà les premières traces de leur caractère futur ; et ni dans
l’un, ni dans l’autre cas, la réflexion n’a la moindre influence sur
leur manière d’agir.
A proprement parler, la fermeté n’est ni un penchant, ni une
faculté ; c’est une manière d’être qui donne à l’homme une empreinte
particulière que l ’on appelle le caractère; celui qui en manque , est
le jouet des circonstances extérieures , et des impressions qu il reçoit ;
c’est une'girouette qui tourne au gré de tout vent. Aujourd’hui il
crie vive la république , et demain vive le tyran ; il prête foi et hommage
à toute espèce d’idole. Constant dans son inconstance seule,
il quitte, avec une étonnante rapidité, une couleur pour une autre ,
c’est l’homme de tous les partis, e t , comme de raison, l’objet du
mépris de tous.
L ’homme inébranlable est celui qui. est doué de la fermeté au plus
haut degré. Comme il est immuable dans sa manière de voir, 1 on
pourra calculer d’avance quelle sera sa conduite , si tel évènement
a lieu. C’est un homme en qui l’on peut avoir confiance ; les choses
difficiles sont celles qu’il entreprend de préférence : les difficultés,
les obstacles, qui rebuteroient les âmes foibles, ne sont que des encou-
ragemens qui doublent ses feux. Tu ne cede malis sed contra au-
dacior ito est sa devise. 11 fait ce qu’il croit devoir faire , les exemples
ne sont rien pour lui ; il est aussi difficile de le séduire que de le
D D C E R V E A U .
corriger ; les menaces et les dangers, d’inébranlable qu’il étoit le
rendent audacieux, il se dit avec l’Hôpital : Si fractus iUabatur orbis
impavidum ferlent ruinæ.
La fermeté et l'opiniâtreté découlent de la même source. L’homme
borné, l’enfant, sont entêtés, intraitables : l ’homme raisonnable est
constant, inébranlable , persévérant, ferme. Tenax propositi vir.
Siège et apparence extérieure de l ’organe de la
fermeté.
Cet organe est formé par les circonvolutions xm, PL VIII, IX
X I , XII, placées immédiatement sur le sommet de la tête, sous les
deux angles supérieurs-antérieurs des os pariétaux, à l’endroit où
ceux - ci rencontrent les bords supérieures - postérieurs du frontal.
Lorsque ces circonvolutions ont acquis un développement considérable,
elles bombent le sommet de la tête en une protubérance formant
un segment de sphère. Le sommet de la tête est proéminent chez
les personnes douées de fermeté, tandis qu’il est plan ou déprimé
chez les personnes foibles et irrésolues.
Lavater lui-même, comme je ne l’ai appris que_lorsque mes idées
étoient déjà fixées à cet égard, s’est aperçu, au moyen des nombreuses
silhouettes qu’il avoit recueillies, que la forme de tête que je viens
d indiquer est propre aux personnes d’un caractère Çerme.
Rien n est plus facile que de multiplier les observations à ce sujet.
Il n y a pas de famille, pas d’école, pas de société qui n’en fournissent
loccasion. Le crâne, PL X C V I , est celui du fameux peintre Unter-
berger. Cet homme est resté toute sa vie inébranlable dans ce qu’il
se proposoit ; il n entreprenoit que des choses difficiles à exécuter,
et qui demandoient plusieurs années pour être achevées, quoique
cette disposition d’esprit ne lui facilitât nullement les moyens de
subvenir aux besoins de la nombreuse famille dont il étoit chargé
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