
Louïe, abolie d abord dans 1 oreille du côté de la blessure, s’est ré-
tablie par la suite, et il ne reste plus qu’un bourdonnement.
La voix quisetoil peidue egalement sestretabbè de même, et il ne
reste plus qu’un léger bégayement.
La force des organes générateurs est conservée entièrement. Il survint
une hémiplégie de tout le côté droit ; et il ne reste plus aujourd’hui
qu’une paralysie du membre thoracique et abdominal de ce même
coté, pour la locomotion seulement, la sensibilité y existant intacte.
La mémoire des noms a été totalement éteinte, et ne se produit au-
jourdhui que très-difficilement, tandis que la mémoire des images , et
de tout ce qui est susceptible de démonstration , est dans l’intégrité la
plus parfaite.
L aberration mentale, qui a existé dans les premiers temps dans les
organes de 1 intellect, a cessé aujourd’hui ; mais tout ce qui a rapport à
son amour-propre, à ses succès militaires, etc., le jette dans un état d’a^
liénation et de mélancolie profonde, tandis que les conversations qui
ont rapport à sa famille, à ses proches, à ses amis, lui rendent ses
facultés.
Le malade se rappeloit très-bien la personne, la figure et les traits de
M. le baron Larrey; il 1 auroit reconnu sans aucune difficulté; il le
yoyoït toujours devant ses yeux ( expressions du malade ),: et cependant
il ne se rappeloit pas son nom et le désignoit par celui de M. Chose.
J’ai vu ce malade, et je me suis convaincu que son état est tel quoii
vient de le décrire. *
Si la mémoire des mots est souvent abolie dans l’état de maladie il
arrive aussi quelquefois que cette faculté acquiert un plus grand degré
d’activité. En voici un exemple.
« Un aliéné , dit M. Pinel, guéri par le docteur Willis, a fait ainsi
1 histoire des accès qu il avoit éprouvés : J’attendois, dit-il, toujours
avec impatience ,1 accès d’agitation qui duroit dix ou douze heures ,
plus ou moins, parce que je jouissois pendant sa durée d’une sorte de
béatitude, fout me sembloit facile, aucun obstacle ne m’arrêtoit en
théorie ni même en réalité; ma mémoire acquéroit tout-à-coup une
perfection singulière; je me rappelois de longs passages des auteurs
latins. ‘ »
Je pense que les difficultés que nous avons rencontrées dans ce Traité
de l’organe des mots , disparaîtront à mesure que nous avancerons dans
le traité de l ’organe du langage de parole qui va suivre.
XV. Sens du langage de parole; talent de la
philologie, etc.
Le traité sur cette faculté offrira des remarques importantes de plus
d un genre. Je m occuperai d’abord de la partie matérielle et expérimentale,
et je finirai par les considérations philosophiques.
La plus grande partie de la portion moyenne des circonvolutions infé-
rieures-anlérieures, placées sur le plancher supérieur de l’orbite ou sur la
voûte, est très-développee ; cette paroi est non-seulement aplatie, mais
même déprimée. II en résulte unéposition particulière des yeux. Dans ce
cas, lesyeux sont à la fois à fleur de tête et déprimés vers les joues, de façon
qu’il se trouve un certain intervalle entre le bulbe et l’arcade supérieure.
Le bulbe ainsi déprimé agit sur l ’arcade inférieure et en augmente l’é chancrure.
Celte forte échancrure produit chez le sujet vivant, lorsqu’il
a les paupières ouvertes , l ’apparence d’une petite poche remplie dieau,
de là le nom d’yeux pochetés. Voyez les PI. LXXX1I , fig. 3, fig 6-
p !' H H I 4i I LX X X 1V > I I », fig. 5 , fig. 1
Jri. L a a a V , n g . I .
Les personnes qui ont les yeux ainsi conformés possèdent non-seulement
une mémoire des mots excellente, mais elles se sentent une disposition
particulière pour l’étude des langues, pour la critique, err général
pour tout ce qui a rapport à la littérature. Elles rédigent des dictionnaires,
écrivent l’histoire; elles sont très-propres aux fonctions de
’ Traité de l’aliénation mentale, deuxième édition, page 89 et go.