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ment développé dans le crâne de Baphaël qui, a 1 egard de 1 expression,
tient le premier rang parmi les peintres. Je le trouve également très-
prononcé chez le Dominiquin, chez Rubens, le Poussin, le Sueur, qui
se distinguent particulièrement par la force de l’expression.
Je connois plusieurs personnes, surtout des femmes, qui ont le talent
de la mimique à un très-haut degré, et qui ne sont jamais plu heureuses
que lorsque l’occasion se présente de se masquer. 11 en est de meme des
enfans ainsi organisés, et qui sont ordinairement les petits bouffons de
la famille.
J’ai même observé, dans les singes, un singulier penchant à se masquer.
Ün de mes singes, une guenon mâle , n’avoit pas de plus grand
plaisir que de jeter une serviette sur sa tête, et de sauter, ainsi affublé,
sur sa femelle ou sur les personnes qu’il vouloit effrayer.
Apparence extérieure de Vorgane de la mimique.
Il est à remarquer que l ’organe de la mimique ne se manifeste pas
toujours sous la même forme. Dans la plupart des cas, il forme une proéminence
en segment de sphère , un peu plus haut que 1 organe de la
bonté placé en avant. Mais quelquefois aussi, il forme deux proéminences
allongées qui s’étendent d’avant en arrière placées à côté de l’organe
de la bonté. Voici la cause de cette différence:
A côté des deux circonvolutions qui constituent l’organe de la bonté ,
se trouvent placées les deux circonvolutions x x v i, PL VIII, PL IX ,
PI. X. Comme les deux dernières se trouvent très-près des deux premières
, elles font bomber tout le milieu de la région superieure-ante-
rieure en une voûte , en segment de sphere surbaisse ; cela arrive
surtout lorsque l’organe de la bonté n’a pas acquis un développement
considérable. Généralement, l ’organe de la mimique se distingue de
celui de la bonté , en ce qu’il est placé un peu plus haut que ce dernier,
et qu’il a une forme plus arrondie que lui. Cependant, comme je
viens de le dire, il arrive aussi que le dernier, par un grand développement
des circonvolutions qui le constituent, se présente sous la forme
de deux proéminences, probablement parce que les deux circonvolutions
se trouvent moins rapprochées.
Des visions.
Certaines personnes ont des apparitions de morts ou d’absens. Comment
se fait-il que souvent des hommes de beaucoup d’esprit croyent
à la réalité des revenans et des visions? Les visionnaires sont-ils fous,
ou sont-ils des imposteurs? Y a-t-il une organisation particulière qui
se joue aiusi de l’homme? et commçnt expliquer ce prestige?
Commençons par donner des faits :
Socrate parloit souventet fort volontiers, à ses disciples, d’un démon
ou d un genie qu il pretendoit lui servir de guide. Qu’étoit-ce que ce
démon familier, cette voix divine, cet esprit qui répondoit constamment
quand il le consultoit? Je sais bien comment des personnes qui
ne connoissent pas 1 organisation particulière dont je vais parler un
peu plus bas, expliquent ce génie : « ce n’étoit autre chose que la force
etla justesse de. son jugement, etc.» Mais quelles raisonsp ouvoitavoir
Socrate, d’en imposer à ses disciples? Même dans sa défense, il s’exprime
encore d’une manière énigmatique. « Quant au génie particulier
dont j’écoute l’inspiration, ce n’est pas une divinité nouvelle; c’est
l’éternel instinct, c’est le génie éternel de la morale. Pour se conduire
les uns consultent des sibylles, d autres le vol des oiseaux, d’autres les
coeurs des victimes. Moi, je consulte mon propre coeur; j’interroge ma
conscience; je converse en secret avec l’esprit qui m’anime ». Ces paroles
prouvent bien si l’on veut, qu’il étoit persuadé que son génie habitoit
en lui-même, mais nullement qu’il ne croyoit pas à autre chose qu’à la
sûreté de son jugement. Du reste, il a tâché de se justifier encore de
ne pas admettre les divinités d’Athènes. Si Socrate lui-même n’avoit pas
cru à ce génie , l’opinion répandue qu’il en avoit un , se seroit perdue
après vingt-trois ans qu’Aristophane en avoit fait un sujet de risée, et
l’on n’eût pas reproduit cç génie au nombre des points d’accusation.