
de réfléchir sur la liaison de cause et d’effet, de tirer des conclusions ,
d’établir des principes, et vous contrarierez leur penchant, vous ferez
violence à leur passion.
S’il est question de forces fondamentales, qui ne sont que des sen-
timens , qui sont réellement des appétits, la gradation qui a lieu dans
lestalens, dans les facultés intellectuelles, sera encore bien plus sensible.
A l’époque où l’organe cérébral de l ’amour physique n’est point
encore développé, il n’y a point pour l’enfant de différence entre les
deux sexes Mais à mesure que cet organe se développe , le jeune garçon
et la jeune fille commencent à fixer leur attention sur ce qui concerne
les fonctions sexuelles, soit sur eux-mêmes, soit sur les autres; dans la
même proportion, il naît un sentiment de plus en plus distinct, un
penchant qui finit par s’exalter jusqu’à devenir une passion. Ce qui
a lieu pour l’instinct de l’amour physique, arrive également, comme
je l’ai prouvé dans le ni' volume, en traitant des qualités et des facultés
fondamentales, pour l’amour de la progéniture, pour l’instinct
delapropre défense,pour celui du meurtre,pour le sentiment de la propriété,
pour la fierté, pour la vanité, pour la circonspection, etc., 11 y
a des femmes passionnées pour les enfans; il y a des personnes qui
sont bienfaisantes, dévotes, etc., avec passion, qui sont tourmentées
par l’ambition.
Descendons maintenant aux êtres privés, tantôt de telle et tantôt de
telle autre force fondamentale, et nous verrons qu’il est impossible
qu’il naisse en eux un désir, un penchant, une passion pour les objets
de la force fondamentale dont ils ne sont pas doués. Mais donnez
aux animaux des forces fondamentales, et vous avez le chien.qui chasse
avec passion; la belette qui étrangle les poules avec fureur; vous avez le
rossignol qui chante à côté de sa femelle avec passion, et avec une telle
passion quequelquefoisil succombe aux efforts trop long-temps continués;
vous avez le singe qui aime passionnément sa femelle etses petits, etc.;
mais dans aucun de ces animaux vous ne pourrez faire naître ni désir,
ni penchant, ni passion pour la dévotion, pour les mathématiques ,
pour les spéculations métaphysiques. Il est donc manifeste que les
désirs, les penchans, les passions ne sont nullement des forces fondamentales
propres, mais un résultat du différent degré d’activité des
organes, ou des qualités et des facultés primitives.
J’ai montré que, même relativement aux facultés fondamentales,
tels que le sens des tons, celui "des nombres, etc., qui se rattachent
aux facultés intellectuelles, il y a désir, penchant, passion, selon que
le degré de leur activité est plus ou moins grand. L’on peut admettre
que, vice versa, la faculté aperceptive, le souvenir, la mémoire,
l’imagination sont également les attributs des forces fondamentales qui
ne constituent que des sentimens. L’instinct de la propagation, celui
de l’amour de la progéniture, l’orgueil, la vanité ont sans contredit
leur faculté aperceptive, leur souvenir, leur mémoire, leur jugement
leur imagination, leur attention propre. Ce qui dans les facultés intellectuelles
a lieu pour les idées, a lieu ici pour les sensations et
pour les sentimens. L ’histoire de la manie et de l’idiotisme nous prouve
que lorsque l ’une des qualités fondamentales a été perdue ou affoiblie
sa faculté aperceptive, son souvenir, sa mémoire, son jugement, son
imagination, son attention, tous ses attributs enfin , sont perdus ou
affoiblis également.
J’ai cité des cas où, par suite d’une lésion accidentelle du cervelet
les parties sexuelles se sont complètement atrophiées et où la faculté
de procréer s’est entièrement perdue; dans ce cas le souvenir des jouissances
passées est aussi foible que le désir. Ces individus en parlent avec
indifférence, et c’est plutôt par ouï-dire qu’au moyen d’impressions
conservées qu’ils savent qu’autrefois ils étoient hommes comme les
autres, et il est à présumer que, si le cervelet avoit perdu tout-à-fait
son action, le souvenir des sensations qu’il avoit éprouvées autrefois,
seroit complètement nul.
J’ai rapporté ailleurs des exemples, où la perte totale d’un sens
extérieur et de son appareil nerveux intérieur a non-seulement empêché
les impressions nouvelles, mais a effacé les anciennes impressions
relatives à ce sens ; pourquoi n’arriveroit-il pas la même chose lorsqu’il