dont je me fuis affiné à Tobolsk, devraient engager les Minïftres
de l’Eglife à mettre plus de douceur daus la pratique de la Religion.
Cette Religion fainte la prêche par-tout dans l’Evangile relie n’eft
ni tyrannique ni fanguinaire. Toujours d’accord avec lesloix de la
morale & celles de l’Etat, elle nous fait aimer nos freres comme enfants
du même Dieu,elle forme le vrai Chrétien & le bon Citoyen.
La perfécution a privé la Ruffie de plus de cent mille familles,
qui fe font réfugiées chez les Tartares, ennemis de tout temps de la
’Seigneur. Dès qu’ils font Moines, ils ne fa vent plus ce que c’eft que befoin : leur fubfiftance
çft toujours prête. Si p^r hazard ils travaillent dans l’état Monaftique, ce n’eft que pour
eux-mêmes j & des trois charges auxquelles ils font aiTujettis comme Cultivateurs , à peine
en rempliifent-ils une comme Moines. Les voit-on s’appliquer à l’intelligence des Saintes
Ecritures , ou à inftruire le Peuple ? Mais, difent-ils, nous prions. Tout le monde ne prie-*
t-il pas ? S. Bafile a détruit cette vaine excufe, Quel avantage la Société retire-t-elle donc
des Monafteres ? On ne peut répondre que par un ancien proverbe, aucun, ni pour Dieu
ni pour les hommes. Il y àuroit cependant pour ces Moines oififs & inutiles, un autre
genre de vie laborieufe',. agréable à Dieu, & honorable aux yeux des hommes : ce feroit
de fervir les véritables pauvres, les enfants & les vieillards, Tels font les motifs qui npu§
pnt engagés à ordonner au très Saint Synode d’exécuter les Articles fuivants.
I. On répartira dans les Couvents, fuivant leurs revenus, des Soldats invalides ou
congédiés , qui font hors d’état de travailler, & d’autres véritables pauvres j & 1 on batira
des Hôpitaux , comme il eft ordonné par les Règlements.
II. On établira des Moines pour les fervir : on aura foin d’augmenter le nombre des
Religieux en proportion des différents degrés de maladies, en obfervant que ceux qui
feront moins malades, ou feulement que lage aura rendus moins infirmes, en ayent aufli
moins que les autres : ce qui fera ftatué conformément au Règlement concernant les Hôpitaux
; & ces Moines ne doivent pas avoir moins de trente ans.
III. On donnera des terres appartenantes au Couvent, à ceux des Moines qui ne feront
point employés au fervice des malades , afin qu’ils les cultivent eux-mêmes , & qu’ils
puiffent fe procurer de quoi vivre. Quand il y aura des places vacantes parmi les Moines
qui fervent les malades , il faudra les remplacer par ceux qui cultivent la terre, & l’on
n’en recevra point d’autres à la place de ces derniers : mais lorfqu’il n’y aura plus de ces
derniers pour remplacer ceux-là, alors on en pourra choifir de nouveaux , & leur donner
la Tonfure. Il faut en agir de même avec lès Religieufes qui ne font point employées 4
fervir les malades: au-lieu de cultiver la terre, elles fourniront à leur fubfiftance par le
travail de leurs mains ; c’eft-à-dire, en filant pour les Manufa&ures. Elles ne fortiront
point de leurs Monafteres : elles aflifteront à l’Office Diyin daqs les Tribunes, conupe on
Ruffie: Ceux qui.reftent font encore pins, fermes dans leur croyances,
ils venerent commeMartyrs ceux qui onc péri dans les tourments.
Une femme fur-tout, car les, femmes dévotes font toujours,plus
fanatiques , eft placée au premier rang des Saints de cette Seéte.
Acculée de faire le figne de la Croixavec trois doigts, elle fut condamnée
à, mort. Pendant qu’on la conduifoit au fupplice, elle ne
celfoit d’exhorter les gens de là- Croyance, à relier fermes dans la
1 a deja dit en parlant des Couvents pour les Orphelines ; Se afin que ceux qui viendront
dans 1 Eglife ne puiffent pas les voir, il faudra garnir les Tribunes de grilles très ferrées.
IV. Il y aura deux Cuifiniers, un pour les Laïques ou malades, & l’autre pour le»
Moines.
V. Les Moines qui fervent les malades n'auront point de Cellules particulières ; on'
leur pratiquera des cloiions dans les mêmes Infirmeries où feront les malades.
VI. Us n’auront.point de Chantres particuliers : les Prêtres Se les Diacres qui ne fer-
vent point les malades chanteront l’Office.
VII. Les Prêtres & les Diacres partageront auffi entr’eux ce travail, de manière que
deux Prêtres n ayent mipedion que fur un certain nombre de malades ; afin que fi l’un
d eux vient a tomber malade , ou foit obligé de vaquer à l’Office Divin, l’autre foit tou-
jours en état de faire la vifite, ou fon rapport au Supérieur.
„ J 111: Le.s Supérieurs, ne manqueront point chaque jour de faire deux fois la vifite dans
Hôpital : ils changeront les heures, afin que l’on ignore le temps où elle fe doit faire.
IX. Perfonne ne recevra de gages ni de nourriture, en particulier, & le Pourvoyeur du
Couvent donnera a chacun ce qui eft preferit par les Règlements.
X. On aura des Domeftiques pour les af&ires des Couvents, & pour avoir foin des’
terres : on obfervéra de n’en pas avoir plus qu’il n’en faut.
XI. On ne donnera point aux Moines l’adminiftration des Villages : on pourra feulement
y envoyer les plus âgés, pour veiller fur la conduite des Domeftiques chargés d’en
avoir foin ; encore ne faudra-t-il les envoyer que de temps en temps.
XIII. II. fera ngoureufement défendu aux Moines de fortir de leurs Couvents :,mais le
Supérieur, l’Econome & le Tréforier auront la liberté de.fortir pour les affaires du Couvent.
On enverra de temps en temps les vieux Moines vifiter les terres & les biens de campagne.,
en obfervant toujours d’envoyer les mêmes dans les plus grands Monafteres. On
n en enverra pas au-delà de quatre, Se dans les autres i proportion. On tiendra exaéte-
rnent la main, pour que les autres Moines ne fortent pas. En effet, lorfqu’ikont quitté le
monde, ils ne doivent plus y rentrer.
XIII. Les Religieufes doivent fe conformer, de même que les Moines, aux Régie