J’étois alors fur le bord du rùifTeau Tourka dans un fond entouré
de montagnes ( N ° ..X X V I I ) : mon Horloger & mon Interprète
s’y rendirent prefque aufïï-tôt. Après avoir attendu en-vain
les autres voitures dans cet endroit pendant deux heures’, j’envoyai
des Tartares au-devant avec une partie des chevaux que, \'¿vois
auprès de moi.
Les. autres voitures parurent à une heure après minuit : j’avois
laiffé aux Yoituriers des flambeaux qu’ils avoient allumés, & qui les
faifoient diftinguer au loin. LesTarïares qui étoient reftés auprès
de moi furent pour lors au-deyant d’eux , & pour les éclairer, ils
mirent le feu de diftance en diitance aux fapins qui étoient fur la
route. Si ces arbres de la plus grande hauteur, en s'enflammant dans
uninfiant, leur furent d’un grand fecours, ils offraient un fpeétacle
qui n’étoit pas moins curieux ëc fingulier : ils repréfentoient différents
feux d’artifice diftribués fur lès rampes & les hauteurs de ces
montagnes. Je fis ranger toutes les voitures autour du feu; les chevaux
furent attachés derrière à des piquets. On difiribua de l’eau-de-vie à
tous ces gens qui fouperent, ainfi que moi , du meilleur appétit.
Après une heure de repos , on racommoda les voitures, & je me
couchai auprès- du feu fur une peau d’ours ; je dormis très peu, je
m’éveillai quelques heures après , & j’allai parcourir ces montagnes
pendant qu’on difpofoit tout pour le départ. Depuis le commencement
de cette chaîne je n’avois vu fur ma route que dés bouleaux ;
mais a Ijx werfts de l’endroit ou j’avois paifé la nuit,: j’avois trouvé
par-tout des fapins-, ainfi que dans la première chaîne, avec cette
différence cependant qu’ils -étoient beaucoup plus gros, très élevés,
bien nourris & bien venants;; de façon que ces deux chaînes me
paroiffent totalement différentes pour le. fol & lés productions s
la terre au.-lie.u dette noire cil au contraire jaunâtre.
Je partis vers fept heures du matin , & je montai aufîi-tôt fur une
montagne très élevée' & .très efcarpée. J’éprouvai beaucoup de diffi—
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