1749 , l’exportation des différentes marchandifes qui fortirent
des Ports de Ruflie a été évaluée à trois millions de roubles , ou
quinze millions argent de France, & l’importation à deux millions
neuf cents mille roubles, ou quatorze millions cinq cents mille
livres. Le nombre des Vaiffeaux qui abordèrent à Saint-Pétersbourg
, principal Porc de RuflieÉ fut en 1744 de deux cents foi-
xante Bâtiments ; de deux cents en 174 j ; de deux cents cinquante-
deux en 1750 , & de deux cents quatre-vingc-dix en 1741 ; de
façon qu’on peut fuppofer que deux cents cinquante Vaifleaux
abordent tous les ans à Saint-Pétersbourg.
Les Rufles commercent avec les Suédois, les Danois, les Habitants
de Lubeck , Hambourg | avec les Anglois, les Hollan-
dois & les François. Les Anglois font plus de la moitié de ce commerce.
Parmi les autres Nations, les Hollandois font ceux qui envoient
en Ruflie le plus grand nombre de Vaiffeaux. On voit peu
de Vaiffeaux François dans les Ports de Ruflie. Ceux-ci font ce
Exportation des Marchandifes de Ruflie.
^lartres-Zibeiines.
Renards noirs | blancs, & c.
Hermines.
Agneaux mornés.
Tigres.
noirs & blancs.
Loups.
Martres communes.
Çhats fauvages.
Lievres blancs,
Caftors.
Loups Cerviers.
Çuirç.
Suifs.
Miel.
potaflç,
Rubarbe.
Goudron,
Huile de L in ..
C olle de PoiÎTon*
Caviar.
Poiiïon falé.
Réiine.
Lin.
Chanvre.
mL
aine.
Nattes.
Toiles pour les voiles.
Mâts.
Fer.
Cuivre»
commerce
commerce par le canal des autres Nations, & ils perdent alors, ainfî
que les Rufles, tout l’avantage d’un commerce direéfc.
Les Rufles font peu au fait du commerce : les Négociants font-
d’ailleurs trop dépendants du Souverain & des perfonnes en place.
Ils n’ont ni aflèz de fonds ni aflèz de crédit pour établir un.commerce
en grand. Les premiers Négociants Rufles ne font que les
Commiflïonnaires des Etrangers. D ’ailleurs les Souverains de Ruflie
font faire pour leur compte plufieurs branches de commerce (i).Ils
iè fbnt réfervé les monopoles, qu’ils donnentâ des Seigneurs. L ’ex-
poiition de ces faits fuffit pour faire connoître les inconvénients de
cette adminiftration, & que la Ruflie pourroit faire un commerce
plus avantageux.
Les revenus de la Ruflie ont confîdérablement augmenté depuis
Pierre Ier : quoique ces revenus varient fuivant les différences des
temps, on peut cependant s’en former une idée aflèz jufte par le
détail fuivant ; je l’ai pui/é dans des Etats de Finance qu’un de
mes amis m’a communiqués.
Chaque tête taillable paye au Tréfor Royal pour la Capitation
foixante-dix kopykkes (z)-, & tous les Payfans qui appartiennent à
l ’Impératrice payent en outre quarante kopykkes. M. de Voltaire
trouve en 1747 le nombre des mâles qui payent la Capitation , de
Importation des Marchandifes de France en Ruffïe.
Les François envoient en Ruflie des étoffes d’o r , d’argent, de foie , du lin , du coton
> & différentes fortes de draps 6c .étoffes pour homme & pour femme, des bas , des
bottes, des fouliers , chapeaux, plumets, bourfes, boutons ; toutes fortes de quinquail-
lerie $ç galanterie , des gands, des montres, épingles, lunettes , peignes, ceinturons ,
mouchoirs , 6c quantité d’autres étoffes de cette nature ; du y in , de l’eau-de-vie, du vinaigre
? de l’huile j toutes fortes d’épiceries : des porcelaines, des frçmages, des harengs,
des enchois, du fu cre, des cartes, ,du papier, des verres, des miroirs, des pipes à fumer,
des bougies, du tabac, Sec. '
(1) V o yez les revenus dé la Ruflie.
(2) D ’autres écrivent kopeks ou copeks. Cette monnoie revient à un fou de France, Sc
le rouble à cent fous.
Tome I . I i