La ville de Kuftrim étant un pofte avantageux, le Roi de Pruflè'
attaqua avec un petit corps d’armée le Général Fermer qui en
faifoit le iiége, les Ruffes s’attribuèrent la victoire ; le Roi de
Prufle fe retira en effet avec fon armée diminuée confidérablement ;
mais le Général Fermer après avoir été joint le jour fuivant par le
corps de Romanzow, abandonna le fiége de Kuftrim, 8c fe retira
dans la Pruffe.
Soltikoff après avoir remporté deux victoires, l’une fur le Général
Wédel, qui n’avoit qu’un petit corps à oppofer à toute l’armée
des Ruffes , & la fécondé fur le Roi de Pruffe , qui. attaqua proche
Francfort l’armée des Ruffes combinée avec celle de Laudon , ne fit
jamais la plus petite conquête. Ce Général Ruffe fe retira encore
dans la Pruffe, fans avoir ofé tenter un fiége , ni fuivre le Roi de
Pruffe. Butturlin qui lui fuccéda , ne voulut jamais attaquer ce
Monarque, quoique réuni au Général Laudon , l’un des grands
cette réunion. Le Roi de Prufle fe mit entre lès deux armées, & cependant la réunion fe
fit. Le i l du mois d’Août, le Roi de Prufle pàfla l’Oder entre Lebus ¿¿Kuftrim, 8c f»
forma en bataille près de Kofcke 8t de Fravendorf. Le Général Laudon avoit p'afle l’Odet
à Francfort, 8c les deux armées combinées ie diipoferent à la bataille qu’on avoit prévue.
L ’armée Ruflè fbrmoit une potence. L ’aîle' droite étoit parallèle à l’Oder ", ¿¿ l'ail e gauche
dirigée fur ce Fleuve. Le corps du Général Laudon étoit entre FOdér ¿c l’aîle droite', 1b
portée de foutenîr les deux aîles. Le 1 1 , vers les trois heures du matin , le Roi de Prufle
s’ébranla , 8c parut diriger fes principales forces contre la droite des Ruflès. Dans cette pcf-
fition , l’armée combinée n’avoit pourtoure retraite qu’un pont fur FOdèr ; mais pendant
ce temps le Roi de Pruflè fit établir contre leur gauche une grande batterie, qui fut niaf-
quée avec foin. 11 avoit fait' faire de grands abattis d’arbres dans ce même endroit;
Le Roi de Pruflè tâcha d’attirer l’attention des ennemis fur leur droite ; il fit démafquet
la batterie, 8c fé porta tout à coup fur la gauche, qu’il attaqua 8c renvèrfa. 11 s’empara
de trente pièces de canon qu il tourna contre les Ruflès.Le Corps de M. de Schowalowiqtfi
formoit une partie de cette aîle, Fut maflacré ; ce qui refta fut diiperfé par la fuite dans lb
refte de l’armée. Les Ruftes fuyoient de toutes parts, ¿c le Roi de Pruflè autoit remporté
une viétoire complette , fans le Général Laudon q u i, s’étant'avancé avec fon corps, rétablit
l’affaire. Sa Cavalerie battit cellè du Roi de Pruflè ; il reprit non-feu! ement lès câ-
nons que le Roi de Pruflè avait enlevés fur les^ Ruflès,mais encore ceux desPruifiens^avec
Généraux de l’Impératrice Reine ; il fe tint au contraire toujours à
l’écart, crainte d’être attaqué lui-même ; il fut encore fe réfugier
dans la Pruffe Ducale ; & enfin Romanzow prit Colberg au mois
de Décembre 1 7 6 1 , après un fiége de quatre mois environ.
Tous ces faits fuppofent que les Ruflès n’ont, pour ainfi dire ,
conquis que les Provinces évacuées par les Pruffiens au commencement
de k guerre, & que non-feulement les Officiers font peu inf-
truits, mais que les troupes font médiocres pour attaquer , quoique
redoutables pour fe défendre lî elles n’ont pas de retraite ouverte ,
ainfi que je l’ai déjà dit.
Tout le monde fait que l’Etat Militaire contribue beaucoup à la
dépopulation ,& que dans tout Gouvernement le nombre des ML
litaires doit avoir un rapport avec le nombre des habitants ; fans cet
équilibre, la Nation fe détruit d’elle-même. Si k France fait
monter -pendant 1a guerre ion Etat Militaire jufqu’à trois cents-
mille hommes effectifs, elle réduit confidérablement ce nombre
une partie de leurs bagages, 8c décida la vi&oire qui fut complette. Les Ruflès n’en’ retirèrent
cependant aucun avantage, ils ne firent aucune entreprife tout le refte de la campagne
, & ne voulurent jamais entrer dans les vues du Baron de Laudon', qui avoir fait fes-
difpofifions pour attaquer 1« Roi de Prufle, dont l’armée éroit inférieure à celle des Autrichiens
combiné e avec celle des Ruflès. Ces derniers abandonnèrent la Siléfie, fe retirèrent
dans la Pruflè ,8c y prirent des quartiers d’hiver fur la Viftule»
Qûoique l’armée Ruflè fût de cent mille hommes en 1760 , fa campagne fe réduisît
a’ une incùrfion que les Ruflès firent à Berlin. Le détachement qù’-on y avoir envoyé, s^é-
roit réuni à un Corps commandé par le Général Lafcy. Ces- deux corps levèrent quelques
contributions , & fe retirèrent. La même armée , commandée par fe Général Butturlin en:
1761 ,fereühit au corps du Général Laudon1, qui tenta en vàin d’engager le Général Ruflè
j* livrer bataille au Roi de Pruffè retranché dans fon camp. Ce Monarque fe fortifia déplus
en plus,8c rendit enfin fon> camp inattaquable. Le Comte de Butturlin lailïa un corps de
Ruffes à l’armée du Général Laudon, lous les ordres du Comte de Czernicfiew, ¿¿fe retira
vêts- la firi de Septembre dans; la Poméranie, pour accélérer la prife de Colberg, què
le Générâl Romanzow afliégeoit par Mer 8c par Terre depuis lé 25. Août 176T. Ott
riroit fur la Ville dans certains jours jufqu’à deux mille bombes ou boulets : c’eft la’
feulé façon qüe les Ruflès connoiflent pour prendre une Place, qüi fera pat conféquèrit-'
imprenable toutes les-fois qp’on youdra facrifier- une partie de la Ville»