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 ni Eglifes  :  ils tiennent  leurs Aflemblées dans des maifons  particulières. 
   Paifibles  dans  leurs  hameaux,  ils y vivent en freres. Ils  
 s’éloignent  du  commerce des RulTes,  dont les moeurs corrompues  
 troubleraient leur Société. Ignorants  à  l’excès,  ils croient  que  c’eft  
 un grand péché  de dire trois fois A llé lu ia ,  Si  ils  ne  le  difent  que  
 deux. Les Evêques Rufles donnent la bénédidion avec l’index & le  
 doigt  du  milieu  :  ces  Sedaires  prétendent  au  contraire  qu’on- né 
 Qu’arriva-t-il dans l'a fuite , lorfque quelques-uns de  ces faux Saints fe furent infinués  
 auprès des Empereurs Grecs, & fur-tout auprès de leurs époufes ? On lès vit bien-tôt commencer  
 a bâtir des Couvents, non plus dans les déferts, mais'dans le voifïnage des Villes',  
 ou  dans  les Villes mêmes. Ils demandèrent  des  fecours  en argent pour cette prétendue  
 oeuvre de piété ;  8c ce qui eft encore pis, c’eft' qu’ils n’avoient pour but que de vivre aux  
 dépens des autres , enfe procurant une vie douce 8c oiiive. Les Empereurs féduits par des  
 dehors trompeurs de fainteté, ou pouffes par quelque  p'alîion particulière à les favorifer',  
 firent  le contraire de ce que.leur devoir  exigeoit,  8c  cauferent  par-là- beaucoup de mal,  
 tant à eux-mêmes  qu’a leurs Sujets*,  comme il  eft aifé de le voir par l’Hiftoire de Conft-  
 tantinople. On comptoit plus-dè trente Couvents de Moines fur les bords du feul Canal de  
 cette Ville , lequel n’a pas plus de trente verfts, oufept lieues 8c demie d’étendue, depuis  
 la Mer Noire jufqu’a Conftantinople. Combien y  en  avoir-il  encore dans  les différentes  
 Provinces de  l’Empire ? 8c  ils avoient'tous des  revenus confidérables. Par cet abus, aufli-  
 bien que par le peu de foin  qn’on  donnoit aux  affaires du Gouvernement, les Empereurs  
 Grecs furent réduits'à un fi  trifte étar, que quand les Turcs vinrent afliéger Conftantinople  
 ,. ces Princes ne trouvèrent pas fîx mille Soldats pour leur défenfe.- 
 Ce mal commença à s’étendre beaucoup chez nous,  fous la protection des Patriarches,  
 de même qu’à Rome, comme  nous l’avons déjà'dit : mais la. Providence divine ne permit  
 pas que nos prédéceflèurs  imitaflènt les Empereurs Grecs,  qui négligèrent de faire attention  
 à un pareil défordre.  Les Souverains de Ruffie font peut-être ceux qui furent y mettre  
 les plus juftes bornes. Dès que l’on commença à vendre ou à donner en différentes manie1-  
 res des  biens 8c  des terres aux Couvents,  on remédia à- cet abus  par les raifons que nous  
 avons déjà rapportées ; 8c dans le temps que l’on compofa le Code intitulé Oulogenie, c’eft-  
 à-dire en  1669 , on renouvella lesmêmes défenfes, comme on le voit par ce même Code,  
 Chapitre 17 , Article 4 1 , où il eft dit que perfonne ne pourra donner ni vendre fes terres  
 aux Monafteres , ou au Clergé, fous.quelque prétexte que ce foit. Il- eft aufli défendu aux  
 Moines, fous peine de confifcation,  d’acheter ou de recevoir des terres en legs. Il  eft  encore  
 marqué dans l’Article 43 , qu’aucune perfonne des* deux fexes qui fera entrée en Religion  
 ,  ne pourra donner  au Couvent les terres qui lui appartiennent, ni  en conferver lia 
 doit ja-ffiais  la donner qu’avec les  trois autres  doigts.  Ils  ne  veulent  
 pas  qu’un  Prêtre  qui a bu  de l’eau-de-vie conféré  le Baptême. Ces  
 fotifes Si quelques autres de cette efpecé i conftituent le Schifme de  
 Razholniki. Les cruelles perfécutions des RulTes en ont fait des Fanatiques  
 fi outrés  ,  qu’ils  croient  qu’on peut fe donner la mort pour  
 l’amour de J. C . 3 Si en effet,  lorfqu’on les perfécute ils s’afTemblent  
 dans une maifon, y mettent le feu ? Si périlfent dans les flammes. 
 Ces  faits,  rapportés  par  Mrs  de Yoltaire Si  Strahlemberg  ,  Si 
 jouiflànee ; 8c à l’Article 44, ces mêmes Loix interdifènt toute jouiflànee 8c pofleflîon de  
 leurs terres à? toutes- perfonnes de l’un 8c de l'autre fexe, qui étant déjà entrées-en Religion  
 , en ontconfervé jufqu’aiors la jouiffancet  
 Après  ce? éclairciffèments, nous  expoferons  préfentehïerit  les mefures  que  l’on  doit  
 prendre pour remédier à cet abus, 8c les*Réglements que l’on doit faire à ce fujet. 
 Nous commencerons- par examiner fi les  Moines peuvent chez nous remplir toutes les  
 obligations  que l’état Monaftique impofe. La ngueur de notre climat feptentrional ne le  
 permet pas ;  & ,   comme tout le monde-le fait-, il leur  feroit  impoflible defubfifter fans  
 travailler eux-mêmes-, ou-fans faire travailler d’autres perfonnes pour eux»* 
 Cette vérité une fois établie, que  la  rigueur  de notre  climat  ne  permet pas  que  le»  
 Moines vivent en Solitaires, fuivant leur première inftitution ;  il faut fonger aux moyens  
 de  les  tenir fursle pied de bons  8c de véritables Religieux. Deux raifons feules peuvent  
 rendre- néceflaire l’état Monaftique.  - 
 1 °. Pour fatisfaire  ceux qu’une véritable vocation" appelle à cet état;. 2°. pour les fonctions. 
  de l’Epifcopat, puifque c’eft  une ancienne  Coutume parmi nous , que  les Moines  
 feuls-puiffènt parvenir à cette dignité, quoiqu’autrefois, 8c dans les troisfledes qui fuivà-  
 rent la mort de  J. C . ,  les-Evêques- ne fuflent pas Moines. 
 Etant donc  abfolument impoflible,  à caufe de la rigueur de notre climat, comme nous  
 venons  de le  dire, de ramener dans notre Pays les Moines à,leur ancienne origine , nous*  
 devons chercher uti autre moyen qui foit agréable  à Dieu, 8c édifiant devant les hommes.-  
 Nous devons le chercher avec d’autant plus de raifon ,  que la vie que mènent aujourd’hui  
 les Moines n-’eft qu’un prétexte  trompeur-.  Les Moines  font devenus le fcandale 8c le mépris  
 .des autres Religions, l’opprobre de la nôtre. Ils  font même dangereux à l’Etat, puifque  
 la plupart font des fainéants inutiles, attirés dans les Cloîtres par l’amour de l’oifîveté,  
 qui, comme on ne le fait que trop, enfante les fuperftitions , les  fchifines, 8c même le»  
 troubles . La plupart de nos Moines font des gens de la campagne, qui, loin de renoncer à  
 une vie douce & commode, n’embraflent l’état Monaftique que pour fe la procurer, & fe  
 fouftraire  à  des  impôts que la parefle leur rend onéreux. Ils avoient dans leur Village la  
 triple  charge de contribuer pour  la fubfiftance de leurs maifons , pour l’Etat 8c pour leuf