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que ces malheureux Efclaves ne trouvant que de petits Tyrans
dans leurs Maîtres, les obligent de vivre dans une méfiance perpétuelle
; jufques-là qu’au milieu de leurs familles, ils font toujours en
garde contre tous ceux qui les approchent.
Je n’ai pas été témoin du fuppüce du knout ; mais parcourant
Petersbourg avec un Etranger qui me conduifok dans la V ille pour
en vôir lès curiofites, nous nous arrêtâmes à l’endroit où Mme La-
poueliin avoit reçu le knout. Cet Etranger en avoit été témoin : il
en etok encore fi frappé , qu’il m’en fit tout le détail fur le lieu
même. Je rapporterai ce fait tel qu’il m’a .été conté, & tel que je
fai trouvé dans mon Journal.
TouS ceux qui ont été àSt. Petersbourg favent que M“ Lapouchin
étoit une des plus belles femmes de la Cour fous Je Regne de l’Impératrice
Elifabeth : elle étoit liée étroitement avec un Ambaffadeur
Etranger qui tramait une confpiration, M me Lapouchin compro-
tnife dâns cette intrigue, fut condamnée par l’Impératrice Elifabeth
à recevoir le knout. Elle parut à l ’endrok du fuppliee dans un négligé
qui donnait un nouvel éclat à fa beauté. L a douceur de fa
phyfionamie, & ià vivacité, annonçôient plutôt quelqueiridifcré-
tion , que l’ombre d ’un crime. Tous ceux que j’ai confultes par la
fuite :m’ont cependant alluré -quelle étoit eoupable. Jeune, aimable
, fêtée & recherchée à la Cour, dont elle faifok les délices, elle
ne voit autour d’elle que dès bourreaux, au-lieu d’une multitude
d’adorateurs que fes attraits lui attachaient. Elle jette fur eux des
regards étonnés qui font naître le doute fi elle eft bien convaincue
que ces apprêts la regardent : l’un des Bourreaux lui arrache une
éfpece de mantelèt qui lui couvrait le fein ; fa. pudeur allarmée là
fait reculer de quelques pas ; elle pâlit, & répand un torrent de lar-
mes : fes .vêtements difparoiflent, & dans quelques inftanrs elle fè
trouve expofée toute nue jufqu’à la ceinture, aux regards avideé
d’un Peuple immenfe, qui gardoic un Ixlence profond : l!un des
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