D E S A N I M A U X
D O M E S T I Q U E S e t S A U V A G E S ,
Des Oifeaux, des Poijjons & des Infectes.
' o u T e la Nation fe nourrit très mal en Ruifie, fur-tout depuis
Mofcou jufqu a Tobolsk , ainiï qu’on l’a vu dans le détail que j’en
ai fait. On trouve cependant en abondance fur cette route, tout ce
qui eft néceifaire à la vie , excepté du pain & du vin. Les rivieres
abondent en poilfon, Si les campagnes en gibier de toute efpece.
Le Payfan mange rarement de la viande de boucherie, & encore
moins de gibier : il paroît allez indifférent fur ces mets. Sa principale
nourriture efl: le poillon , parce qu’il peut s’en procurer beaucoup
, avec la plus grande facilité. Le poilfon efl lî commun , fur-
tout en Sibérie, qu’au-lieud’en acheter aux Pêcheurs, on fait fou-
vent marché avec eux pour un ou plufieurs coups de filet, au rifque
des événements. On efl toujours sûr d’avoir pour neuf ou dix fous
alTez de poillon pour nourrir toute une famille pendant plufieurs
jours. On fe procure aifément du gibier à vil prix ; mais les Rulfes
l’accommodent mal, Si avec la plus grande malpropreté. Bien des
perfonnes vivent ailleurs pour les plaifirs de la table ; un Etranger
ne prend de nourriture en Ruifie que pour vivre.
La Perdrix efl très commune à Tobolsk & dans toute la Ruifie,
ainfi que le Coq de bruyere, la Gelinote & la Caille ; mais tous ces
Oifeaux ont un goût de marais très défagréable. On trouve de même
dans les environs de Tobolsk & dans toute la Sibérie feptentrio-
nale , des bandes innombrables d’Oifeaux aquatiques ; mais la plupart
, ainfi que les Oifeaux de Proie, font connus dans lerefte de
l’Europe,