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cette propôfîtion en Sibérie, où les femmes fervent,' au contraire È
les hommes, elle fut acceptée ; M. Cléopet, RuiTe, homme d’efprit
& aimable, voulut bien m’aider à la faire goûter; & l’efpérancede
fon exécution ne fut pas le moindre plaifir que j’eus de cette fête. Je
diflribuai des ferviettes aux hommes ; & m’adreifant à M?. Artiba-
cher, je lui dis que, puifqu’elle vouloit avoir la bonté de me fervir
de mere, c’étoit à elle de faire les honneurs chez moi. Elle répondit
quelques mots en Rulfe que je n’entendis pas ; mais je fus très étonné
de voir une partie de l’afTemblée fè retirer, principalement la jeu*
neffe qui me paroiifoit fort difpofée à la joie. M ’étant mis en devoir
de l'arrêter , mon Interprète m’en empêcha., & m’apprit que
ces perfonnes fe retiroient d’après la réponfe de M e. Artibacher :
Ceux qui font faits pour refer, n’ont qu’à f i mettre à table.
L ’alfemblée diminua cependant il confidérablement, que les
hommes fe mirent à table, & il y avoit encore plufieurs couverts
de vuides. Le fouper fe paffa fort agréablement ; nous en avions
banni la trifte étiquette : M e. Artibacher y mit toute la gaieté pofr
fible, ainlî que M , Cléopet & fa femme. Cette derniere étoit jeune,
vive, aimant la joie & le plaifir. Je propofài un bal après le fouper;
on s’en amufa également, quoique quelques RuiTes, fans doute dé
l’ancien temps, eufTent envoyé chercher leurs femmes, qu’il fallut
laiifer partir. O n danfà, malgré ce contre-temps, jufqu’à quatre
heures du matin; & l’on fe redra,. à ce qu’il me parut, très fatis-
fait.
Cette petite fête eut un plus grand fucçès que je ne le pouvois
délirer. Tous les convives y furent fi fenfîbles, que la Ville m’envoya
le lendemain le caroffe de cérémonie attelé de fix chevaux ,
pçur m’en fervir tout le temps que je refterois à Ekatérinbourg. Le
Gouverneur me rendit une vifite, & me fit oublier , par toutes fes-
honnêtetés, les raifons de mécontentement que je pouvois avoir*.
Je fus remercier les principaux Habitants de la Ville , & je priai les